Condamné en appel à 15 ans de prison pour assassinat des activistes des droits humains Floribert Chebeya et Fidèle Bazana, le colonel Daniel Mukalay risque encore de faire face à la justice pour une nouvelle prévention.
Dans son réquisitoire prononcé ce mercredi 02 mars 2022, le ministère public a affirmé qu'il se réserve le droit de poursuivre l'ancien inspecteur général à la direction des renseignements et services spéciaux de la police pour détention d'armes et munitions de guerre.
À en croire l'auditeur général, D. Mukalay qui n'a jamais été jugé pour cette infraction, détenait de manière illégale des armes à son domicile.
« Les armes ci-après ont été trouvées chez Daniel Mukalay : une lance-roquette, 4 bombes, 4 batteries, une arme uzi numéro 344019494 avec 24 munitions, une arme FAMAS numéro 6640+4 chargeur garni, une arme JP Jéricho numéro P36102 avec 13 munitions, des grenades castors, des cartouches de JP 9 millimètres. Ces armes ont été saisies entre les mains du commissaire supérieur principal Daniel Mukalay. Un procès-verbal de saisie a été même dressé », a-t-il fait savoir.
Et de préciser : « Ça ne peut surprendre personne. Il y a quelques mois, dans la résidence qu'occupait le général John Numbi en fuite, on a trouvé tout un arsenal d'armes. Nous le savons tous que les armes ne peuvent rester dans les résidences des autorités. Les armes doivent être gardées dans les magasins d'armement. Interrogé, Mukalay a dit que c'est le général John Numbi qui lui a remis ces armes. Je comprends pourquoi ils détenaient illégalement des armes dans leurs résidences. Cette infraction est matérielle. Le simple fait de détenir une arme sans documents ni loi constitue une infraction de détention illégale d'armes de guerre ».
Le Parquet a donc demandé à la Haute cour militaire de tenir compte de cet état de choses pour corriger une erreur qui s'est glissée au premier degré.
« Votre Cour corrigera cette erreur qui s'est glissée au premier degré. Nous nous réservons le droit de poursuivre Mukalay au nom de l'État de droit », a déclaré l'auditeur général.
Le ministère public a aussi fait savoir que le commissaire supérieur Christian Ngoy Kenga Kenga était en possession d'armes et munitions de guerre au même titre que le colonel Mukalay.
« Les armes saisies chez Christian Ngoy Kenga Kenga : 5 armes de type AK numéro 087361989, numéro 4255023, numéro 425215, numéro 740519, numéro 3077 ; 4 AK castors : 425108, 425043, 425166, 42596 ; 12 bombes castors ; 13 chargeurs dont 9 garnis et 4 non garnis ; 7 boîtes de munitions 9 millimètres ; 20 paires de bottines », a-t-il énuméré.
Outre l'assassinat et l'association des malfaiteurs ainsi que la désertion, le Parquet a estimé que l'infraction de détention d'armes et munitions de guerre est établie en fait et en droit contre Kenga Kenga. Il a appelé la Haute cour militaire à lui infliger la peine de mort.
À titre de rappel, le colonel Mukalay a été condamné à la peine capitale au premier degré en 2011. Cette sanction a été allégée à 15 ans de prison en septembre 2015.
Merveil Molo