Poursuivie pour meurtre et violation des consignes, la commissaire supérieure Carine Lokeso par le biais de ses avocats, a plaidé non coupable de ces accusations.
C'était au cours de l'audience de ce lundi 13 décembre 2021 qui s'est déroulée à la prison militaire de Ndolo devant la Cour militaire de Kinshasa-Matete siégeant sur le meurtre de l'activiste pro-démocratie Rossy Mukendi. Ce dernier a été tué par balle le 25 février 2018 lors d'une marche du Comité Laïc de Coordination (CLC).
À en croire Me Willy Kaluma, aucun élément matériel ne cristallise la responsabilité pénale de sa cliente dans les griefs lui reprochés.
« Dans le cadre du dossier sous examen, la décision du renvoi du ministère public dit que la consigne est particulière, mais donnée à la troupe. Ce que l'article 113 du code pénal militaire ne reconnaît pas. Cette disposition reconnaît la consigne générale donnée à la troupe. Si la consigne n'est pas donnée à la troupe, ça doit être donnée personnellement à l'intéressé pour l'accomplissement d'une mission précise. Cette infraction qu'on met à tort à charge de ma cliente n'est pas établie car l'élément légal fait défaut. En ce qui concerne le meurtre, on dit que ma cliente a donné l'ordre à un policier sous son commandement de tirer sur les paisibles manifestants. Si cette affirmation était réelle, il y aurait eu des dégâts collatéraux. Il y aurait beaucoup de morts. Curieusement, il n'y en a qu'une seule. À la lumière des procès-verbaux, nous sommes tombés sur les déclarations d'un monsieur Jacques Ciel Ngiba. Il était témoin oculaire. Il a dit qu'il avait vu vers 8h deux policiers dont l'un portait la tenue civile et un groupe d'individus qui voulait assiéger le sous-ciat Molo. Et le policier qui avait tiré, est celui qui était en tenue de la police. C'était avant même l'arrivée de la jeep d'intervention du Mont-Amba. L'escadron est arrivé sur le lieu vers 10h30. On peut conclure Rossy a été réellement abattu, mais ce n'est pas par l'équipe de notre cliente », a-t-il déclaré à 7SUR7.CD.
Pour lui, les moyens soulevés par les parties civiles et le ministère public prêtent à confusion.
« Les parties civiles disent que c'est Bivuala qui a tiré sur Rossy alors qu'il n'est pas poursuivi pour meurtre. C'est ce qui nous met en difficulté. Le ministère public aura du mal à répliquer par rapport à nos moyens. Le juge sera dans l'impossibilité matérielle de statuer. Il va statuer par rapport à la décision du renvoi du ministère public ? Il va statuer par rapport aux déclarations contradictoires des parties civiles ? Il va statuer sur le réquisitoire du ministère public qui n'indique pas le terme à l'assaut dans sa décision du renvoi ni la nature de la balle ? », s'est interrogé Me Kaluma.
Mettant en avant le principe qui stipule que le doute profite à l'accusé, il a demandé la relaxation de sa cliente.
« Le juge peut dire que la République a besoin de cette dame qui a été promue pendant sa détention. Elle était Major et aujourd'hui, elle est Colonel. La République a besoin d'elle », a-t-il souligné.
La prison à vie (servitude pénale à perpétuité) a été requise par le ministère public contre C. Lokeso et ses coaccusés qui sont le brigadier en chef Gérard Tokis Nkumbo et son garde du corps Franco Bivuala (en fuite).
Merveil Molo