Faisant suite à la comparution la semaine dernière du général Zelwa Katanga alias « Djadjidja », la Haute Cour militaire siégeant en matière répressive en appel sur le double assassinat des défenseurs des droits humains Floribert Chebeya et Fidèle Bazana a auditionné à l'audience de ce mercredi 27 octobre 2021 à la prison militaire de Ndolo, le commandant chef de poste de Mitendi de la Police Militaire à l'époque nommé Katebere.
Son interrogatoire a tourné d'abord autour de la surveillance des concessions du général « Djadjidja » dont l'une a servi du lieu d'inhumation de Bazana.
« Katebere était le renseignant principal du jour. Il est militaire, commis au bataillon PM. En juin 2010, c'est lui qui était attaché au poste de Mitendi. On lui a posé la question de savoir si des militaires étaient commis à la surveillance de deux concessions du général Djadjidja parce que ce dernier avait dit que ses parcelles étaient sous la surveillance des gardiens privés. Il l'a contredit. Il a dit qu'il était chargé par le général de surveiller ces deux concessions et donner l'argent aux gens qui y faisaient le travail de construction », a expliqué à 7SUR7.CD Me Élie Mbikayi, coordonnateur adjoint du collectif des avocats des parties civiles.
Ensuite, il a été question pour le renseignant d'éclairer la religion de la Haute Cour sur sa présence ou non à son poste au moment des faits.
« Il a d'abord commencé par répondre à la question du ministère public de dire qui était au poste du 31 mai au 1er juin 2010. Il a dit qu'il n'était pas à son poste ce jour-là. Lorsqu'il est allé le 1er juin, on lui a raconté l'histoire du corps d'une personne qui était abandonné dans une voiture. Lorsque nous avons pris la parole, nous lui avons posé la question de savoir quel a été son emploi du temps entre le 1er au 2 juin parce que Chebeya a été tué et qu'il nous dise aussi ce qui s'est passé exactement. Il n'a pas répondu à notre question. Il n'a pas dit mot. La Haute Cour a dit qu'il faut en tirer les conséquences de droit », a fait savoir Me Mbikayi.
À en croire le coordonnateur adjoint des avocats des parties civiles, la déposition du renseignant a apporté des éléments nouveaux qui s'opposent aux allégations du général « Djadjidja ».
« Katebere est un renseignant très bien mal préparé. Il est venu avec une récitation déjà préparée, mais dans laquelle il y a de choses qui ont nous intéressées. Il a affirmé que dans le bataillon PM, il a existé un certain Banza Kilolo dont Djadjidja avait nié l'existence lorsqu'il a comparu. Il a confirmé que Banza Kilolo était dans son équipe de 6 personnes qui étaient attachées au poste de Mitendi et qu'il a travaillé à ce poste-là pendant cette période. Il a même confirmé aussi que Banza Kilolo est décédé, il y a à peu près 6 à 7 mois comme nous l'avions affirmé à l'audience passée. Le même jour, nous avons dit que le corps de Banza Kilolo se trouverait à la morgue du Camp Kololo. Banza Kilolo était l'homme qui creusait des trous pour enterrer des personnes dans la concession du général Djadjidja. Mugabo a confirmé même que lorsqu'ils sont arrivés dans cette concession, Christian Kenga Kenga avait appelé un certain Banza et ce dernier les a conduits vers le trou où Bazana fut enterré. C'est pour dire que cette concession était gardée par les militaires du bataillon PM et Banza Kilolo était chargée de creuser des trous parce que Mugabo l'a confirmé en disant que lorsqu'ils ont procédé à l'enterrement du corps de Fidèle Bazana, ils sont partis avec le même Banza Kilolo vers le lieu où ils avaient abandonné le corps de Chebeya », a souligné Me Mbikayi.
À ce sujet, les parties civiles appuyées par le ministère public, ont sollicité la descente sur terrain à Mitendi dans cette concession du général Djadjidja. Cette requête a été acceptée par la Haute Cour.
« Les parties civiles ont demandé à ce que lors de cette descente que le général Djadjidja soit là pour opposer ses allégations à celles du renseignant qui a comparu aujourd'hui et du prévenu Jacques Mugabo. La Haute Cour a accédé à cette demande. Elle a demandé que le général Djadjidja revienne pour l'opposer principalement à Katebere à la prochaine audience. La descente sur terrain aura lieu après la comparution du général Djadjidja et sa confrontation avec Katebere pour apprécier leurs allégations », a indiqué Me Mbikayi.
Le prévenu Christian Kenga Kenga et son coaccusé, Jacques Mugabo sont poursuivis notamment pour détournement d'armes et des munitions de guerre, association des malfaiteurs, enlèvement, assassinat et terrorisme.
Merveil Molo