Le député national Moïse Nyarugabo alerte la communauté tant nationale qu'internationale sur un massacre à "grande échelle" et un déracinement "programmé" qui s'effectuent dans les hauts plateaux d'Uvira, en chefferie de Bafuliru située dans le groupe de Kigoma, au Sud-Kivu.
"Pendant que l'on pleure toutes ces personnes atrocement arrachées à la vie à Beni, Bunia et ses environs, il y a un autre coin de la République ou pareilles barbaries se commettent sans que personne n'en parle, aucune presse, aucune image, aucune photo, aucune nouvelle. Silence on tue ! En effet, la zone plateaux se trouvant entre Kahololo et Rurambo était la plus calme et épargnée des violences généralisées. Les populations de toutes les communautés s'étaient accordées de gérer leur sécurité par une auto-défense mixte et ce, pendant quelques années", déclare-t-il dans une mise au point parvenue à 7SUR7.CD ce samedi.
Pour appuyer son argumentaire, cet élu du Sud-Kivu évoque plusieurs faits survenus dans ce coin de la République démocratique du Congo, notamment :
- Le 16 mars 2021, les groupes armés Maï-Maï Ilunga avec les Red Tabara burundais, ont attaqué et brûlé 3 villages : Kageregeri, Rwikubo et Kahundwe, tuant quatre personnes dont une maman de 82 ans brûlée vive, et blessant 4 autres personnes ;
- Le vendredi 09 avril 2021, deux villages ont été brûlés : Mataba et Goschen ;
- Le samedi 10 avril 2021, 8 villages ont été complètement rasés : Marungu 1 et 2, Murambi 1 et 2, Gitembe, Bibangwa, Gahusi et Rukuka ;
- Le 21 avril 2021, 4 villages attaqués et brûlés : Nyakamungu, Mugono, Kageregeri 2 et Birindiro ;
- Le 23 avril 2021, donc hier, des attaques généralisées venues de toutes les directions notamment Maï-Maï Ilunga, les Reds Tabara et les Maï-Maï Kasende Chubwa à Kahembe près du lac Lungwe avec d'autres alliés, ont détruit par le feu 16 villages : Gasu, Gikarage, Gifuni 1 et 2, Mibande 1 et 2, Remezo, Kibundi Gogwe, Gitavi, Gashama, Rya Kalongi, Gashararo, Ngoma, Bushoryo et Rugabano.
"Pour les attaques d'hier, on dénombre 16 morts dont 4 corps sont retrouvés mais non encore enterrés, des blessés sans nombre et sans assistance. La population de tous ces villages est dans les forêts sous une pluie d'avril et le froid, sans espoir d'en sortir vivante. Les quelques personnes qui ont percé se dirigent vers Lemera dans les moyens plateaux. Certaines familles venaient d'y arriver", explique-t-il.
Selon Moïse Nyarugabo, cette situation est tellement inquiétante que de tous les côtés des hauts plateaux (Minembwe, Fizi, etc.), les assassinats se font presque dans les mêmes conditions.
Face à cette situation, ce député national déplore le silence, dit-il, le plus assourdissant des autorités locales, provinciales et nationales. "Faut-il dire que depuis un mois et une semaine que ce carnage dure, aucune intervention, aucun militaire n'a bougé de sa position même pour une simple interposition. Toutes les autorités civiles et militaires locales, provinciales et nationales couvrent cette barbarie d'un silence le plus assourdissant", affirme-t-il.
Pour mettre un terme à ce qu'il qualifie de barbaries, il demande aux forces armées de la RDC de faire leur travail. "Je lance encore un cri d'alarme. Je demande que l'armée fasse son travail, qu'elle fasse diligence pour sauver ce qui peut l'être mais aussi qu'elle organise les opérations contre ces groupes armés locaux et étrangers", lance l'élu du Sud-Kivu.
Il appelle aussi les autorités civiles, du chef de collectivité, administrateur du territoire, gouverneur jusqu'au gouvernement central, à agir, chacune dans son secteur et dans les limites de ses compétences. "Il en est ainsi pour la MONUSCO qui d'ailleurs a survolé la zone il y a deux jours", ajoute-il.
Par ailleurs, le député national Moïse Nyarugabo invite les notables du Sud-Kivu et en particulier ceux d'Uvira et de Fizi à ne pas assister à ces massacres en observateurs et laisser faire, car "c'est une erreur et une joie de courte durée de penser que ça n'arrive qu'aux autres".
Elysée Odia et Prince Mayiro