Entre absence des conseils de ministres et les décisions attendues de Tshisekedi : La RDC retient son souffle !

Mardi 1 décembre 2020 - 14:56
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La République démocratique du Congo a totalisé ce mardi 1er décembre 2020, un mois et deux semaines sans que les réunions hebdomadaires du conseil des ministres ne se tiennent. En effet, l'équipe gouvernementale dirigée par le premier ministre Sylvestre Ilunga Ilunkamba ne se réunit plus en conseil, instance de direction de l'action publique. Une situation qui, tout naturellement, suscite des réactions de tous bords.

Le dernier conseil des ministres remonte au 16 octobre dernier. Il avait été présidé, comme d'habitude, par le chef de l'État Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo. Depuis lors, plus rien.

Face à cette réalité, un débat s'est même invité dans la société congolaise, sur les personnes habilitées à convoquer les réunions du conseil des ministres. Si pour certains, cela relève des prérogatives du chef de l'État, d'autres par contre, estiment que le premier ministre en a également les compétences.

D'après l'article 79 de la Constitution, le président de la République convoque et préside le Conseil des ministres. En cas d’empêchement, il délègue ce pouvoir au premier ministre.

Désiré-Cashmir Eberande et son communiqué qui a tout changé 

Dans un communiqué daté du 21 octobre dernier, le directeur de cabinet a.i du chef de l'État, avait informé l'opinion que le président de la République s'adressera à la nation le vendredi 23 octobre.

Par conséquent, la réunion hebdomadaire du conseil des ministres était reportée à une date ultérieure.

"La présidence de la République porte à la connaissance de l'opinion que Son Excellence Monsieur le Président de la République, chef de l'État, s'adressera à la Nation, ce vendredi 23 octobre 2020. A cet effet, la 54ème réunion du Conseil des ministres prévue le même jour et à la même date, est reportée à une date ultérieure", pouvait-on lire dans ce communiqué signé par Désiré-Cashmir Eberande.

Le communiqué de la présidence de la République était intervenu quelques heures seulement après la cérémonie de prestation de serment de nouveaux juges nommés à la Cour Constitutionnelle en juillet dernier par le président Tshisekedi.

Une cérémonie qui n'avait pas connu notamment la participation du premier ministre Sylvestre Ilunga Ilunkamba. En effet, le Front Commun pour le Congo (FCC) de Joseph Kabila Kabange, avait instruit tous ses cadres et militants de ne pas y pas prendre part.

À quand le prochain conseil des ministres ? 

Contacté par 7SUR7.CD ce mardi 1er décembre, le porte-parole du gouvernement, David-Jolino Makelele, a indiqué que le gouvernement se réunira en conseil des ministres lorsque les conditions seront favorables.

"Le prochain conseil des ministres aura lieu lorsque la situation le permettra", a déclaré le porte-parole du gouvernement.

Cependant, Jolino Makelele rassure que l'absence des réunions du conseil des ministres ne peut pas bloquer le bon fonctionnement de l'exécutif national. Pour appuyer son argumentaire, le ministre Makelele évoque les autres mécanismes de fonctionnement du gouvernement.

"Il y a d'autres mécanismes de fonctionnement du gouvernement. Chaque ministre est responsable de son département, donc il agit au-delà des décisions qui sont prises au niveau du conseil des ministres (...) Il y a des commissions interministérielles qui interagissent pour prendre certaines options qui seront coulées en décisions au niveau du conseil des ministres. On peut estimer qu'en tous les cas nous n'avons pas été handicapés jusqu'à présent dans le fonctionnement du gouvernement", a-t-il martelé.

Les consultations présidentielles 

Dans son discours à la nation du 23 octobre dernier qui n'a duré que 6 minutes, le chef de l'État avait, après avoir constaté une crise persistante au sein de la coalition au pouvoir le FCC-CACH, annoncé une série de consultations des acteurs politiques et sociaux les plus représentatifs du pays, afin de créer l'union sacrée de la nation.  

Des consultations qu'il a entamées le 2 novembre pour les clôturer 23 jours après, soit le mercredi 25 novembre dernier.

Durant ces consultations, Félix Tshisekedi a reçu plusieurs forces politiques et sociales du pays, notamment l'Église Kimbanguiste, l'Église Catholique, quelques leaders de la coalition de l'opposition LAMUKA, Jean-Pierre Bemba et Moïse Katumbi en occurrence.

Officiellement, le Front Commun pour le Congo de l'ex-président Kabila a décliné l'invitation qui lui avait été adressée par le protocole d'État.

La RDC retient son souffle avant les décisions finales de Tshisekedi

L'avenir de la coalition FCC-CACH sera sans aucun doute au cœur des décisions finales que va annoncer le chef de l'État. Pour certains observateurs, si la dissolution de l'Assemblée nationale est de moins en moins envisageable, la fin de la coalition FCC-CACH est par contre une option non négligeable. 

À ce sujet, la formation politique chère au président de la République, l'Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), ne se cache pas. Pour le parti présidentiel, il faut à tout prix mettre fin à cette coalition.

Jean-Marc Kabund, président a.i de l'UDPS qui avait été éjecté du bureau de l'Assemblée nationale en grande partie par le FCC en mai dernier, l'a fait savoir le jour de la clôture des consultations, devant la presse.

Du côté du Front Commun pour le Congo, l'on s'en tient au strict respect de l'accord de coalition ainsi qu'à celui de la Constitution. Face à la crainte d'une probable requalification de la majorité parlementaire, le FCC a multiplié des réunions ces derniers jours autour de son autorité morale Joseph Kabila Kabange, mais également de son coordonnateur Néhémie Mwilanya ou encore de la présidente de l'Assemblée nationale Jeanine Mabunda.

À ce jour, il est difficile de deviner la quintessence des décisions qui seront prises par le président de la République. Cependant, lui-même avait prévenu qu'à l'issue de ses consultations, il prendra des décisions qui n'excluront aucun cas de figure.

Pendant ce temps, tout un pays retient son souffle avant les [grandes] annonces de Félix Tshisekedi, qui devraient intervenir durant ce mois de décembre.

Jephté Kitsita