L'ancien vice-premier ministre de Transport et Voies de Communication, José Makila, a déposé une plainte le lundi 21 septembre 2020 contre l'Observatoire de la Dépense Publique (ODEP) pour imputation dommageable.
"La prévention visée par la plainte, ce sont les imputations dommageables ou la diffamation prévues par l'article 74 du code pénal. Il s'agit des faits précis qui portent atteinte à l'honneur et à la considération et exposent la personne au mépris public", a affirmé l'avocat de José Makila.
Pour la circonstance, José Makila, qui est actuellement le président du conseil d'administration de la Société Congolaise de Transport et des Ports (SCTP), a personnellement fait le déplacement du Palais de la Justice pour remplir les formalités relatives à cette plainte qui vise également un correspondant de la Radio France Internationale (RFI) à Kinshasa.
Et la réaction de l'ODEP ne s'est pas faite attendre. Dans une interview accordée à 7SUR7.CD lundi dernier, Florimond Muteba président du Conseil d'Administration (PCA) de cette organisation, informe qu'ils vont à leur tour déposer le dossier au Tribunal de Matete ce mardi.
"C'est bien qu'il ait fait ça. Mais d'abord nous-mêmes déjà demain, nous allons déposer le dossier aussi au Tribunal de Matete. Nous n'avons pas fait un rapport à la légère, vous connaissez l'ODEP, vous vous rappelez très bien du dossier 100 jours que nous avons publié en janvier de cette année et qui a abouti au procès de 100 jours. Vous vous rappelez très bien des réactions des uns et des autres, je ne voudrais pas citer les noms de ceux qui, malheureusement aujourd'hui, sont en prison. Finalement, la justice a fait son travail et a donné raison à l'ODEP. Je peux vous assurer des choses qui vont arriver, qu'ils fassent ce qu'ils veulent, mais ça sera l'opposition à une structure qui défend les intérêts de la population, parce que nous, ODEP, sa grande majorité, sont des gens qui prennent le TRANSCO (Transport au Congo), et qui sont victimes de la descente aux enfers de cette société", a-t-il déclaré.
Dans la foulée, le PCA de l'ODEP affirme que c'est sous José Makila comme ministre des transports que 9 millions de dollars se sont volatilisés des caisses de Transco.
"Ce monsieur que je ne voudrais même pas citer le nom était ministre, vice-premier ministre même et la société aujourd'hui est partie de 510 à 110 bus. Le détournement des recettes de TRANSCO, les gestionnaires parlent des recettes de 15 millions par an, alors que les travailleurs et les syndicats qui sont là parlent de 24 millions, donc c'est 9 millions de dollars qu'ils volatilisent. Une session dans laquelle le marché est passé de la manière la plus opaque et c'était sous la responsabilité de ce ministre là qui était autorité de tutelle", a-t-il indiqué.
Nous avons reçu plus d'une centaine de documents, poursuit-il, et ces documents seront mis à la disposition de la justice, y compris les courriers qu'il a signés en rapport avec cet emprunt qu'il a autorisé de 910.000 dollars à la veille des élections, je crois au mois de novembre 2018. Nous avons tous les documents.
Par ailleurs, Florimond Muteba affirme que les documents ont été confirmés par les travailleurs de Transport au Congo.
"Où voulez-vous qu'on parte chercher ces documents ? Si ce n'est que dans l'entreprise même. Ce rapport a été fait sur base de la confiance que les travailleurs de cette entreprise ont en l'ODEP par rapport aux actions que nous avons menées par le passé, qui ont vraiment inspiré confiance à ces travailleurs. Il y a d'autres documents de violation de droits de ces travailleurs qui étaient parfois mis au cachot, nous allons les sortir aussi. Je vous assure que c'était plusieurs mois de salaires impayés, tout ça, sous l'autorité de ce monsieur là. Franchement, il devrait avoir honte, il devrait faire profil bas. Notre dossier va sortir devant le grand public, même s'il y a procès, qu'il soit public, on verra comment il va se défendre", a martelé Florent Muteba.
En outre, le président du Conseil d'administration de l'ODEP prévient qu'ils n'auront peur de rien étant donné qu'ils mènent leurs actions pour l'intérêt de la population de la République Démocratique du Congo.
"Donc, je ne sais pas s'il faut payer quoi pour nous faire peur. Nous, on est avec le peuple, si nous le faisons, c'est parce que nous savons que nous irons jusqu'au bout. On a peur de personne car le peuple est avec nous. Vous avez vu les travailleurs de TRANSCO dans la rue aujourd'hui, ils étaient l'autre jour au Tribunal de Matete pour réclamer que leurs responsables soient traduits en justice. S'ils le font c'est-à-dire que nous sommes sur la bonne voie. Ceux qui continuent à opprimer le peuple seront mis à nu comme lui pour montrer à quel point ils ont été responsables de la très mauvaise gestion d'une entreprise dans laquelle beaucoup de Congolais avaient placé leur espoir", conclut Florimond Muteba.
Pour rappel, l'Observatoire de la Dépense Publique a publié le week-end dernier un rapport dans lequel le sénateur alorJosé Makila alors vice-premier ministre de transport et voies des communications, se serait rendu coupable de détournement des fonds de la société Transco équivalent à plus ou moins 900.000$.
Ce rapport a été relayé par RFI en affirmant qu'elle avait contacté José Makila sur le sujet et que ce dernier s'était refusé de tout commentaire, chose que le PCA de la SCTP ne reconnaît pas.
Jephté Kitsita