16 février 1992-16 février 2015 : les Congolais conviés à vaincre la peur

Mercredi 18 février 2015 - 10:33

La communauté congolaise s’est souvenue le lundi 16 février 2015, des martyrs de la démocratie, tombés sous les balles des forces de l’ordre au service de la dictature du Maréchal Mobutu, afin d’obtenir la réouverture de la Conférence Nationale Souveraine il y a de cela 23 ans. A cet effet, une cérémonie commémorative, sous le thème « Martyrs de l’indépendance et de la démocratie en RDC : quel engagement pour aujourd’hui », s’est tenue dans la salle de conférences de la Maison des Pères Serviteurs de la Charité sur la 15ème rue, quartier industriel, dans la commune de Limete.

A travers leur deuxième lettre au peuple congolais avec comme thème «Ensemble, libérons nous des « maîtres du monde », les martyrs du 16 février 1992 ont recommandé aux Congolais de surmonter la peur pour aboutir à une démocratie effective. En quittant la terre de leurs ancêtres, le 16 février 1992, ils sont attristés d’avoir laissé un pays vivant sous la dépendance totale de la « mafia politico-financière internationale » qui dirige le monde.

Sur le plan politique, les dirigeants de la RDC sont ceux qui sont nommés ou choisis par les « maîtres du monde »à travers des processus électoraux truqués et qui ne servent qu’à donner une légitimité interne à un pouvoir dont la légitimé vient de la communauté internationale. Sur le plan économique, les ressources naturelles de la RDC sont exploitées par les « maîtres du monde ». Cela vaut aussi sur le plan culturel à travers la consommation des idéologies qui proviennent de ces «maîtres du monde ».
En référence des enfants d’Israël en marche vers la terre promise, les Congolais, pour atteindre la vraie démocratie qui est leur terre promise, ont été conviés, par le père Jos DAS d’avoir confiance en eux-mêmes afin d’aller de l’avant. De s’engager ensemble vers cette démocratie en évitant les divisions et le tribalisme. De s’engager avec toute leur intelligence dans cette lutte. Enfin, les Congolais doivent s’engager dans la non violence active avec fermeté et détermination en surmontant la peur.
«Ce dimanche là, après le culte dominical, nous sommes sortis avec les autres fidèles afin d’exprimer notre volonté d’obtenir la réouverture de la Conférence Nationale Souveraine. C’est alors qu’on a fait face aux forces de l’ordre qui m’ont tiré sur ma jambe droite. Après cette agression, J’ai perdu une grande quantité de sang avant que le médecin décide de m’amputer », a déclaré un certain Joseph, victime de l’intolérance.
Pour sa part, l’abbé José Mpundu, à travers son exposé autour du thème retenu cette année, a soutenu que l’indépendance est un chemin qui conduit vers l’interdépendance. Depuis le 30 juin 1960, tous les présidents qui se sont succédés en RDC résultent de la volonté des « maîtres du monde ». Mobutu qui a accédé au pouvoir par un coup d’Etat contre le pouvoir de Kasa- Vubu était préparé par ces « maîtres du monde » bien longtemps. Laurent Désiré Kabila a dirigé ce pays à titre expérimental, grâce à un soutien des Américains qui voulaient se débarrasser de Mobutu, et contre la volonté des Français et Belges qui ne lui faisaient pas confiance. Essai qui a été concluant pour qu’on puisse se débarrasser de lui de la même manière qu’on l’a fait avec Patrice Lumumba.
José Mpundu a relevé qu’après la mort de Laurent Désiré Kabila, son successeur a été choisi par ces « maîtres du monde » et applaudi par les Congolais. Et, pour justifier qu’il était à la merci de ces « maîtres du monde », son 1er voyage a été vers ceux là qui l’ont placé à la tête de la RDC au lieu d’aller vers le Congo profond pour entendre les aspirations du peuple qu’il devait diriger.
Comme engagement aujourd’hui, les Martyrs de l’indépendance et de la démocratie en RDC doivent respecter trois conditions, a estimé l’abbé José Mpundu. Avoir une vision commune car la vraie opposition doit se faire contre une vision et non contre des personnes. En 2016, il est vrai que le président actuel ne doit plus se représenter mais, les «maîtres du monde» risquent de placer celui qu’ils veulent. Il faut aussi un leadership patriotique des gens qui exercent le pouvoir et rendent le tablier le moment venu. Enfin, les Congolais doivent mobiliser des ressources matérielles et financières propres afin de construire une démocratie avec leur propre argent.

Yves Kadima