Contrairement aux idées reçues, l’action des Ongs, tant nationales qu’internationales, reste dérisoire dans la lutte contre l’érosion de la biodiversité et des forêts en RD Congo. Les actions des défenseurs de l’environnement ne portent pas sur les causes majeures de la déforestation.
Un coup d’épée dans l’eau. Ainsi peut se résumer l’action des Ongs face à la protection des ressources forestières de la République démocratique du Congo (RDC). Les actions des ONgs du secteur environnement sont loin de contribuer efficacement à une gestion durable des forêts de la RDC. La réalité est que leurs actions ne s’attaquent pas sur les causes majeures de l’érosion de la biodiversité et des forêts congolaises.
En effet, tous les experts conviennent que les principales causes de l’érosion de la biodiversité et des forêts dans le bassin du Congo, en général, et en RDC, en particulier, sont par ordre d’importance : l’agriculture itinérante sur brûlis, la coupe de bois de chauffe, le braconnage, l’exploitation artisanale du bois et l’exploitation forestière non contrôlée.
S’attaquer aux vraies causes
Dès lors, lutter efficacement contre la déforestation et l’érosion de la biodiversité implique nécessairement de concentrer le gros des efforts sur les causes principales. Ici, les deux premières causes sont imputables à l’action de l’homme, mieux à la pauvreté des populations congolaises.
L’agriculture itinérante sur brûlis consiste à bruler des parcelles entières des forêts avant d’avoir un champ que le pauvre paysan cultive à la houe, sans semences améliorées ni engrais. Une pratique répandue chez la quasi-totalité des paysans congolais. Quant à la coupe de bois de chauffe, elle reste la source principale de l’énergie de cuisson des ménages congolais, le taux d’électrification de la RDC étant de 9 % seulement.
A l’analyse de ces deux défis majeurs pour une protection des écosystèmes de la RDC, il s’observe que les partenaires œuvrant dans le secteur de l’environnement sont tout simplement à côté de la plaque. L’action de ces Ongs, soient-elles internationales ou nationales, reste dérisoire. Les faits le prouvent.
Les forêts de la périphérie de toutes les grandes villes de la RDC ont disparu pour cause de la fabrication de charbon de bois. De même, un tour dans le Congo profond révèle que le paysan congolais est resté moyenâgeux. Certes, il y a certaines Ongs engagées dans l’agroforesterie mais ça reste très marginal.
Curieusement, plusieurs Ongs ont, par contre, concentré leurs efforts dans la traque des industriels du bois véreux. C’est le cas de Greenpeace, Wwf, Globalwithness et bien d’autres.
Ces Ongs ont produit des tonnes des rapports pour dénoncer l’exploitation illégale de bois en RDC. Certes, l’exploitation illégale du bois doit être dénoncée. Mais son impact dans l’érosion de la biodiversité et des forêts reste limité par rapport aux deux premières causes majeures qui, elles, sont quasi intactes en ce qui concerne la RDC.
Financer l’électricité et l’agriculture
Il est regrettable que des généreux donateurs et des bailleurs de fonds occidentaux continuent à accorder des financements à ces Ongs internationales dont l’action est quasi nulle dans la protection de l’environnement et la sauvegarde des écosystèmes congolais.
Au cours de l’atelier de renforcement des capacités des Organisations de la Société civile (OSC) sur la problématique de l’énergie en RDC, tenu du 24 au 26 novembre 2015 à Kinshasa, le gouvernement a évalué à 52 milliards USD à l’horizon 2030 l’investissement nécessaire pour une électricité pour tous en RDC.
Voilà un chantier où les Ongs internationales et autres partenaires de la RDC devraient orienter leur financement. Electrifier la RDC à 100% revient à épargner environ 50 millions m3 de bois prélevés par les populations chaque année pour la cuisson.
De même, la RDC s’est dotée d’un Plan National d’Investissement Agricole (PNIA). Il est le cadre national de planification des fonds nationaux et extérieurs pour le secteur de l’agriculture et du développement rural. Il prend en compte les besoins, les acquis, les gaps à rechercher pour l’investissement et le fonctionnement du secteur sur un horizon de huit ans (2013 – 2020).
Le coût global de sa mise en œuvre pour la période 2013-2020 s’élève à 5.7 milliards USD. Voilà un autre chantier qui devrait intéresser ces organisations non gouvernementales car susceptible d’améliorer les méthodes culturales des paysans congolais.
Tels sont les vrais défis à relever dans la protection de la biodiversité et des forêts de la RDC. Hélas, tant que ces deux principaux chantiers ne trouveront pas des financements conséquents la lutte contre la déforestation sera vaine.