Un docteur bruxellois à la tête de la francophonie ?

Jeudi 6 novembre 2014 - 08:08

Le docteur Losseke, neurologue à Bruxelles, espère compter sur son pays d’adoption.

Fin de ce mois, à Dakar, le prochain sommet de la Francophonie doit désigner le successeur d’Abdou Diouf à la tête de cette organisation qui regroupe 57 Etats qui ont la langue française en commun.

Dans ce concert des nations francophones, le continent africain est le principal pourvoyeur avec 27 Etats. Le secrétariat général de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) revient à un Africain.

Cette fois, après l’Afrique de l’Ouest avec Abdou Diouf, l’ex-président du Sénégal, le poste devrait revenir à un candidat de l’Afrique centrale même si aucun texte ne le stipule catégoriquement.

L’ancien président du Burundi, Pierre Buyoya, a longtemps été cité comme le favori. Dans la course au secrétariat général, on retrouve encore un ancien Premier ministre du Congo Brazzaville, Henri Lopes et un ex-ministre des Affaires étrangères de Maurice, Jean-Claude de L’Estrac. Outre ses candidatures d’Afrique centrale, on découvre aussi la candidature de l’ancien président malien de transition Dioncounda Traoré et l’ex-gouverneure générale du Canada Michaëlle Jean.

Une femme, venue du Nord mais originaire d’Haïti, voilà qui pourrait séduire.

Une nouvelle candidature est apparue à la fin de l’été : celle du docteur Tharcisse Losseke. Neurologue au Chirec, à Bruxelles, l’homme a notamment enseigné à l’ULB et peut même se prévaloir d’un passé politique puisqu’il fut ministre du Tourisme et de l’Environnement dans le gouvernement d’Etienne Tshisekedi au milieu des années 90.

Souci de taille, la République démocratique du Congo n’a pas soutenu sa candidature. Il faut dire que l’homme ne cache pas son étiquette UDPS. "Il n’y a rien d’écrit sur la manière de porter une candidature. Il n’est écrit nulle part que le gouvernement national doive me soutenir. Je remplis donc toutes les conditions", explique le médecin qui ne cache pas qu’il aimerait pouvoir compter sur un soutien de son pays d’adoption, la Belgique.

"Je dois rencontrer le ministre Reynders dans les prochains jours".

Mais le chef de notre diplomatie est-il prêt à appuyer un candidat que Kinshasa ne veut pas soutenir. "La question ne se pose pas en ces termes. J’ai rencontré le ministre congolais des Affaires étrangères. Pour lui, le président Kabila n’est pas hostile à ma candidature. Il est l’actuel président de l’OIF et veut à ce titre conserver sa neutralité, ce qui l’empêche de présenter ma candidature. Il ne veut pas importer un conflit interne au sein de l’OIF."

La France, qui est généralement le pays moteur dans la désignation du patron de l’OIF, a clairement laissé entendre que son candidat serait celui de l’Afrique… qui jusqu’ici n’est pas parvenu à s’entendre sur un candidat.

Un Malien comme successeur au Sénégalais Abdou Diouf, cela paraît peut probable. La candidature canadienne pose un souci d’un autre ordre. L’administrateur de l’OIF est québecquois et a vu son mandat prolongé jusqu’en 2018. Le Canada disposerait, en cas d’élection de Mme Jean, des deux principaux postes de l’Organisation.

Tharcisse Losseke joue sur une autre carte. "Il ne faut pas oublier qu’il s’agit d’un poste de haut fonctionnaire. Ce n’est pas le Secrétaire général qui dicte la voie à suivre. Pas besoin donc d’avoir un ex-président pour cette fonction. La RDC deviendra prochainement le premier pays de l’espace francophone. Il serait donc normal que le pays dispose d’un poste à la hauteur de son poids. La fonction de l’OIF ? Il faut qu’il soit beaucoup plus économique. Le Nord comme le Sud ont tout à gagner d’un renforcement de la coopération. N’oubliez pas que de par mon cursus en Belgique, je dispose d’une solide expérience dans le Nord", continue le docteur Losseke qui entend aller jusqu’au bout. "Après tout se déroulera à huis clos, à Dakar, entre chefs d’Etat. Ce qui se murmure sur la place publique est souvent très loin de ce qui se dit dans les salons feutrés", conclut-il.
DH

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