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Désavoué le dimanche 24 juillet 2016 par le Rassemblement des Forces Politiques et Sociales Acquises au Changement, Edem Kodjo, Facilitateur du Dialogue, doit choisir entre rendre le tablier ou opérer un passage en force. D’aucuns pensent que même s’il bénéficie encore du soutien de la Majorité Présidentielle et de la confiance du Groupe de Soutien de l’Union Africaine à la Facilitation, l’élégance devrait lui commander de s’effacer de la scène politique congolaise. Car, si l’on doit dresser un bilan des préparatifs de ce forum, force serait de constater que l’on fait du surplace ou presque depuis 8 mois. L’unique avancée dans l’affaire était l’élargissement du cercle des pro-dialogue au-delà de Tshisekedi, avec l’adhésion des personnalités telles que Raphaël Katebe Katoto, Moïse Katumbi, Mwando Nsimba, Gabriel Kyungu, Olivier Kamitatu, Martin Fayulu, Jean-Claude Vuemba, Christophe Lutundula, José Endundo, Delly Sessanga, Freddy Matungulu, Joseph Olenghankoy, Jean-Lucien Bussa,, Franck Diongo, Claudel Lubaya, Jean-Bertrand Ewanga… et tout récemment Vital Kamerhe.
Maintenant que le Dialogue se retrouve dans un cul de sac, s’il persiste à lancer les travaux du Comité préparatoire ce samedi 30 juillet 2016 à Kinshasa, tout ce qu’il lui resterait de faire serait de passer outre le carton rouge lui infligé par Etienne Tshisekedi et ses compagnons du Rassemblement.
Le décor des « Concertations nationales » planté
Si Edem Kodjo décide de ne plus tenir compte des revendications du Rassemblement des Forces Politiques et Sociales Acquises au Changement, qui constitue pourtant l’aile la plus représentative de l’Opposition, et de s’investir dans les travaux du Comité Préparatoire du Dialogue et pourquoi pas dans le lancement du Dialogue proprement dit, la RDC va automatiquement retomber dans le schéma des « Concertations nationales ». C’est le lieu de rappeler qu’en septembre 2013, le Chef de l’Etat avait ouvert les travaux de ce forum, au terme du déblayage du terrain par un Comité préparatoire qui l’avait convaincu de la participation des forces politiques et sociales les plus représentatives de la Nation.
Fort des assurances du Comité préparatoire et de certains opposants opportunistes qui soutenaient que les partis et leaders politiques absents ne pesaient pas, les « Concertations nationales » avaient poursuivi leur chemin jusqu’à leur atterrissage en douceur en octobre 2013. Les participants avaient, à l’époque, adopté plus d’un demi-millier de « Résolutions », restées jusqu’à ce jour lettres mortes.
Quant au fameux gouvernement de « large cohésion nationale » qui en avait découlé trois mois plus tard, sous la forme d’un réaménagement du gouvernement Matata I, il s’était révélé, au finish, comme une officine de placement de quelques opposants triés sur le volet, au grand mécontentement de nombreux prétendants aux postes ministériels, aussi bien de l’Opposition que de la Majorité Présidentielle. Une année après, le Président de la République allait se rendre compte que non seulement la cohésion nationale tant recherchée faisait défaut, mais que la politique d’exclusion des forces politiques et sociales ayant une réelle assise politico-sociale causait plus de tort que de bien au pays.
D’où l’idée d’initier des « consultations », entre mai et décembre 2015, avec les forces vives de la patrie, en vue de la tenue d’un Dialogue national inclusif. Construites patiemment au fil du temps, les fondations de ce forum sont en train de se fissurer de nouveau alors que les Congolais sont si près du but.
Que veulent les Congolais ?
La réponse est simple : les Congolais veulent voir la Majorité Présidentielle et l’Opposition, celle qui porte réellement les aspirations du grand nombre, ne pas gaspiller l’occasion de se mettre autour d’une même table pour chercher une voie de sortie à la crise politique qui secoue leur pays. D’aucuns pensent qu’étant donné qu’une des parties prenantes a retiré sa confiance à Edem Kodjo, ce dernier ne devrait pas s’accrocher au poste de Facilitateur, au risque de reproduire une nouvelle copie des « Concertations nationales » de triste mémoire, qui ont fait perdre au pays un temps précieux pour la relance de son processus électoral et de ses projets de développement. Il appartient à ceux qui sont dans l’intimité de l’ancien Premier ministre togolais de tirer les leçons des « Concertations nationales » et de cesser de donner l’impression qu’on peut régler les problèmes du grand Congo dans un dialogue amputé de Tshisekedi et ses compagnons de lutte pour l’alternance démocratique au sommet de l’Etat.
Kimp