Dénonciation des infractions de corruption : HT Lokondo craint pour l’indépendance de la justice

Lundi 6 juillet 2015 - 09:38

L‘opération « Mains propres» déclenchée par le conseiller spécial du chef de l’Etat Luzolo Bambi pour dénoncer des infractions de corruption, de détournements et autres, suscite encore des réactions dans les milieux politiques. La dernière en date est celle du député MP Henri-Thomas Lokondo.

Joint au téléphone, vendredi 3 juillet, l’élu de Mbandaka qui a favorablement accueilli cette opération, voit d’abord dans la nomination d’un conseiller spécial pour la lutte contre la corruption, la volonté politique du chef de l’Etat à combattre la corruption qui gangrène plusieurs domaines de la vie nationale.

Dans les actions du conseiller spécial du chef de l’Etat, cet élu du peuple ne cache pas son inquiétude sur l’indépendance de ladite justice.
« Il faut éviter que les actions du conseiller spécial Luzolo puissent énerver l‘indépendance de la justice... Quand le conseiller spécial demande au Procureur général de la République dans sa lettre de transmission, que ce dernier puisse associer aux enquêtes son équipe, je me suis dis : il y a un problème qu‘il faut clarifier, parce que le conseiller spécial n ‘a aucune prérogative constitutionnelle, ni légale pour le faire. Il s‘agit là de la dénonciation du chef et non de la présidence, moins encore du conseiller spécial lui-même », a-t-il déclaré.

Et de poursuivre « D‘ailleurs, dans sa lettre, il aurait dû commencer par dire que c’est le chef de l’Etat qui le charge de transmettre les dossiers, parce que c‘est le président de la République qui dénonce comme institution... De toute façon, le PGR est mis devant ses responsabilités et c‘est à la justice de s‘assumer », a-t-il souligné.

DIALOGUE : PROPOSITION DE ELIKIA M’BOKOLO COMME MÉDIATEUR

Le député Lokondo ne souscrit pas à une médiation étrangère telle que s’y accrochent certains acteurs brandissant l’accord-cadre d’Addis-Abeba. « Cet accord, je l‘ignore carrément en vertu de 1‘article 214 de la Constitution. C’est un accord de paix qui n‘a jamais été ratifié par le Parlement de la RDC », a-t-il expliqué.

A la place, il propose la médiation du professeur historien Elikia M’Bokolo, spécialiste de l’histoire sociale politique et intellectuelle de l’Afrique et scientifique de renommée internationale.

Ce dialogue se justifie pour Henri-Thomas Lokondo. Ce serait notamment pour faire face aux contraintes des délais constitutionnels par rapport à l’organisation des élections.
« Si la RDC peut glisser sans tomber, ce n‘est pas grave, mais si elle doit glisser pour tomber sur le crâne, c‘est très dangereux. Cela veut dire que s ‘il faut retarder d’un, deux ou trois mois les élections pour que les choses se passent bien, en tout cas je ne vois pas pourquoi on devrait brûler toutes les cathédrales, toutes les mosquées et autres temples... », a-t-il indiqué.
S’agissant du découpage territorial qui n’est toujours pas effectif sept mois après le démembrement des provinces, le président de l’Union congolaise pour la liberté (UCL) appelle tous les acteurs au réalisme. « Je l’ai même répété devant le chef de 1‘Etat à la cité de l’Union africaine en disant que dans la gestion de l’Etat, il faut toujours être réaliste devant les faits, surtout devant les faits financiers qui sont toujours très têtus. Nous n ‘ayons pas les moyens pour cette gigantesque opération à court et à moyen termes. Il faut la postposer... Si les commissions mixtes qui ont été envoyées aux provinces sont honnêtes, elles ne diront pas le contraire de ce que je dis. D‘ailleurs, pour un travail que la loi leur avait accordé quatre mois pour dresser le passif et 1‘actif des provinces, évaluer les patrimoines de celles-ci, elles n‘ont fait que deux semaines et en restant aux chefs-lieux. Tout est donc bâclé dans la précipitation mais pour quel intérêt? », s’est-il interrogé.

Par PITSHOU MULUMBA

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