Déclaration finale. Acte d’engagement. Dialogue : les Opposants évoluent en zigzags !

Lundi 13 juin 2016 - 06:36
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Après le Conclave de l’Opposition à Genval, des regroupements politiques comme le G7 et les autres, au départ, hostiles au Dialogue, acceptent de discuter avec la facilitation d’Edem Kodjo, renforcée par un Panel de représentants de la Communauté internationale, sur la mise en œuvre intégrale de la Résolution 2277 du Conseil de Sécurité de l’ONU. Le MLC et l’UNC continuent de bouder. La Majorité présidentielle rejette toutes les résolutions du Conclave de Genval. Qui bloque, réellement, le processus électoral en RDC ? 

Dans deux semaines, ce sera le 30 juin 2016. Le jour où la RDC va célébrer le 56ème anniversaire de son indépendance. C’est la ville de Kindu, chef-lieu de la province du Maniema, qui aurait été choisie pour abriter l’événement. A cette occasion, le discours traditionnel du Chef de l’Etat est très attendu. Joseph Kabila devrait, selon toute vraisemblance, faire de grandes annonces. Notamment, sur le processus électoral et la gouvernance du pays. Les festivités marquant le 55ème anniversaire de la RD Congo indépendante s’étaient déroulées, il y a une année, à Matadi, au Kongo central. Le Président Kabila avait, alors, confirmé la poursuite des consultations pré-dialogue en vue de lever des obstacles à l’organisation des élections démocratiques dans le pays. Parmi ces obstacles, Joseph Kabila citait le calendrier électoral, le fichier électoral, le financement des élections, la sécurisation des élections ainsi que le rôle que devait jouer la Communauté internationale dans ce dossier. Une année après, où en est-on ?  Le Dialogue annoncé n’a pas encore eu lieu. Pourtant, fin novembre 2015, le Président Kabila avait pris une Ordonnance instituant le Dialogue. Quelques jours plus tard, il écrivait au Secrétaire général de l’ONU pour solliciter la désignation d’un Facilitateur. Depuis plus de deux mois, Edem Kodjo a été nommé, par l’Union Africaine,  Facilitateur du Dialogue politique en RDC. Il bénéficie d’un soutien dévoilé de l’OIF, de l’Union Européenne et de l’ONU qui ont finalement décidé de l’accompagner avec un Groupe de soutien devant inclure les délégués de la SADC et de la CIRGL. Voici que les  8 et  9 juin courant, les opposants au Président Kabila se sont réunis à Genval, en Belgique, à l’invitation d’Etienne Tshisekedi de l’UDPS,  en Conclave pour sceller l’unité des Forces politiques acquises au changement autour des objectifs communs. A l’issue des travaux, les opposants ont convenu de rejeter le Dialogue politique sur le modèle taillé par le Président Kabila. Ils ont, ensuite, rejeté tout projet de référendum ayant pour finalité de tripatouiller les options fondamentales de la Constitution de la République. Ils ont exigé, par contre,  l’organisation des élections, particulièrement,  la présidentielle, en novembre 2016. Le Conclave de Genval a aussi formulé une importante résolution sur la libération des  prisonniers politiques et le respect des droits de l’Homme. Un appel a été lancé à la Communauté internationale pour qu’elle s’implique davantage dans la résolution de la crise politico-électorale qui s’installe chaque jour en RDC. Si les différentes forces de l’opposition politique n’ont pas abordé toutes les questions notamment,  celles liées à la candidature commune à la prochaine présidentielle et à un programme commun de Gouvernement, en cas d’alternance à la tête du pays, elles ont, néanmoins, dégagé un consensus sur le respect absolu de la Constitution, l’application intégrale de la Résolution 2277 du Conseil de Sécurité de l’ONU et de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba.  La désignation d’Etienne Tshisekedi pour présider le Conseil des Sages ainsi que la mise sur pied d’une Coordination des actions, chargée d’exécuter les résolutions du Conclave, en vue de favoriser l’avènement de l’alternance démocratique en RDC, constituent une avancée significative dans la structuration de l’Opposition congolaise. Comment ne pas parler d’avancée lorsque, en deux législatures, les forces politiques de l’Opposition n’ont jamais réussi à se choisir un Porte-parole ou de parler d’une seule voix ? Les lignes n’ont-elles effectivement pas bougé après  Genval, dès lors que des Regroupements politiques, comme le G7 et la Dynamique, au départ, hostiles au Dialogue, changent leur  fusil d’épaule, à la seule condition majeure qu’un Panel de Facilitateurs internationaux  prenne les choses en mains ?  Certes que le refus, par les conclavistes de Genval,  de tout schéma de transition politique ressemble à une pilule amère à avaler, si on se met du côté de certains  politiciens  qui en rêvaient déjà. Genval a, pour le moins que l’on puisse dire, provoqué une disjonction entre Etienne Tshisekedi et le pouvoir. Mais, le sphinx, lui, n’en a que faire dans la mesure où il s’est appuyé sur le Conclave de Genval pour rebondir et se refaire, à défaut d’une récupération de tous ses reflexes  physiques, une santé politique. L’UDPS, en effet, était au bord d’une énième explosion. Après Genval, les morceaux peuvent être recollés ou colmatés.

Le processus électoral est-il avancé pour autant ? Pas si sûr. Les opposants exigent des élections avant la fin de l’année. La CENI, de son côté, met en avant son incapacité à tenir les délais constitutionnels. Corneille Nangaa, Président de la CENI, déclare très souvent qu’il lui faudrait environ 16 mois pour réviser le fichier électoral. Certains lui rappellent l’opération de fiabilisation du fichier électoral qu’il a pilotée entre 2014 et 2015. La CENI attend également que des arriérés législatifs soient vidés par les parlementaires qui, malheureusement, partent en vacances ce mercredi 15 juin 2016. D’ailleurs, il aurait besoin d’environ deux cents millions de dollars américains, pour ne serait-ce que la révision du fichier électoral. Puis, d’un milliard pour les élections proprement dites. Kodjo, lui, attend toujours la liste de l’Opposition pour la constitution du comité préparatoire. Tshisekedi qui, en principe, devait la lui transmettre ressasse les choses à la lumière de la Déclaration finale et à l’Acte d’Engagement de Genval, pour revoir sa copie.  Déjà, il exigeait des garanties liées notamment, aux réponses à son Vade mecum ainsi qu’au Panel de Facilitateurs.  Entretemps, la liste de la société que Kodjo avait publiée est, elle aussi, contestée. Décidément, la voie du dialogue est aussi longue   maintenant qu’elle ne l’a jamais été auparavant. Comment dans ces conditions-là,  sortir du blocage ? La situation de crise reste entière.

La Pros.