La jeune démocratie congolaise négocie un tournant historique de grande envergure avec l’avènement des échéances électorales prochaines". Le Secrétaire général du Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD), le Professeur Henri Mova Sakanyi en est convaincu. C’est pour cette raison qu’au seuil de l’an 2016, il a adressé à ses compatriotes un message interpellateur en cette journée du 4 janvier dédié aux martyrs de l’indépendance. Occasion pour le porte-étendard du parti présidentiel d’éveiller les consciences face aux tentatives de manipulation des masses à l’approche des élections pour les inciter à la violence. Interpellation pour la classe politique congolaise, mais aussi pour ces tireurs des ficelles qui passent pour des donneurs des leçons, des"démocratiseurs" qui croient avoir ’’la charge divine de répandre la démocratie à travers le monde’’. "Le souvenir du martyr enduré par nos héros du 4 janvier 1959 devrait nous appeler à plus de sens de responsabilité", estime Henri Mova. Ci-dessous l’intégralité de ce message.
MESSAGE D’HOMMAGE DU SECRETAIRE GENERAL DU PPRD AUX MARTYRS DE L’INDEPENDANCE
Indéniablement, le sang du peuple congolais a servi d’encre pour écrire l’histoire de notre pays. Le 4 janvier 1959 est l’une des dates les plus prestigieuses de la nation congolaise, tant elle fut une performance de haut vol. Cette date s’inscrit aux couleurs du sang de nos martyrs. Elle fut cependant le prix à payer pour sortir de la strangulation extérieure. En cela, elle s’écrit en lettres d’or dans le patrimoine historique de la nation congolaise. Nos devanciers, l’amour patriotique chevillé au corps, s’offrirent en holocauste pour bouter dehors la domination étrangère.
La colonisation, qui usait le prestige des peuples dominés mais qui ne s’étaient jamais soumis aux diktats, trouva en cette date mémorable une barrière faite de chairs humaines pour lui asséner une estocade qui ouvrit la voie à l’indépendance. Après le courage de la résistance du peuple congolais, la colonisation se résolut de lâcher du lest. Une semaine plus tard, le Roi des Belges promit de conduire le Congo à l’indépendance " sans atermoiements funestes et sans précipitation inconsidérée". La victoire du peuple était sans conteste tant ce qu’on croyait être l’empire du silence s’était réveillé de sa torpeur pour tordre le cou à la peur.
Le sacrifice de Ndona Béatrice Kimpa Vita, les prophéties de Mfumu Kimbangu et l’abnégation des masses qui ne s’étaient jamais rendues à l’ennemi, se voyaient couronner de succès. Le colonisateur dut alors abandonner, la mort dans l’âme, la proie dont il s’était régaler pendant un siècle environ. L’entreprise de prédation qu’était la colonisation renonça à ses projets de sujétion l’année suivante. L’indépendance ouvrit une nouvelle ère dans la tumultueuse histoire politique de notre pays.
Cinquante-sept ans après, le combat de la pleine autodétermination bat son plein tant la prédation extérieure ayant changé de forme et de méthode s’acharne à saper l’élan du peuple congolais. Cinquante-sept ans après, il faut encore batailler dur : des suppôts des forces extérieures obscurantistes opèrent à l’intérieur de nos structures sociales et politiques ! Se livrant en sifflotant aux charmes des agitateurs professionnels, ils s’adonnent à cœur joie à l’œuvre macabre de saper l’élan du peuple congolais. Prenant prétexte sur les difficultés qu’enregistre le processus électoral, ils trouvent du grain à moudre pour assouvir leurs desseins malveillants. Alors que tout observateur de bonne foi et un tantinet clairvoyant mettrait à nu les blocages et les contraintes pour organiser des élections crédibles, apaisées et porteuses d’harmonie pour toute la nation, les suppôts des forces extérieures obscurantistes font fi de toute logique et veulent en découdre physiquement.
Les stridents appels des masses populaires ne trouvent aucun écho dans leur intransigeante démarche mortifère. Les sollicitations de plusieurs corps sociaux ne les font reculer en rien. Ils ont déjà mis en branle leur machine à casser du Congolais. Ils sont prêts à pactiser avec n’importe quel partenaire susceptible de les aider à accomplir leur basse besogne. Ils trouvent un plaisir masochiste dans la douleur du peuple qui n’arrête pas de les convier à la commisération. Leur condescendance vis-à-vis du peuple est d’une telle désinvolture que rien ne les assagirait suffisamment pour revenir aux bons sentiments.
Devant une telle ignominie, que reste-t-il au peuple ? Devant un blocage prévisible, l’heure n’a-t-elle pas sonné pour que le peuple congolais se prenne en charge ? Devant un tel orgueil, ne faudrait-il pas puiser dans le même réservoir des forces patriotiques pour voir vaincre le peuple comme ce fut le cas en 1959 ?
Tout compte fait, le peuple doit avoir son mot à dire dans cette ambiance politique biaisée par les interférences étrangères. Celles-ci s’acharnent à ramener des hommes politiques congolais éprouvés à l’école de l’insurrection, par le truchement des apprentis conspirateurs au service de la stratégie du chaos. Toute honte bue, on voit des politiciens congolais s’asseoir sagement et docilement sur les bancs des écoles des formations dont les enseignants sont des imberbes boutonneux à peine sortis de leurs cahiers d’école pour apprendre en ânonnant le b.a.-ba du parfait séditieux démolisseur.
Pourtant, le peuple, dans sa souveraine volonté ne se laissera pas embrigader par de telles machinations de pacotille. Il n’admettra certainement pas qu’on le ramène aux années sombres de la domination étrangère. Les maîtres à penser de ces apprentis créateurs des bifurcations de l’histoire sont des professionnels de la sédition, des jacqueries, de l’insurrection, de la déstabilisation, du chaos…
Avant-hier encore, ils se targuaient d’être des civilisateurs pour dominer le monde à travers l’esclavage et la colonisation. Jadis, ils prétendaient être des développeurs pour nous sortir de la misère. Hier, ils se pensaient " démocratiseurs " qui avaient la charge divine de répandre la démocratie à travers le monde. Aujourd’hui, ils se veulent " accélérateurs de la démocratie " pour les pays qui marquent les pas, quitte à les enfoncer dans la disparition des Etats. La conséquence de toutes ces élucubrations est l’écrasement de plusieurs peuples et leur transformation en bouillies, véritables chairs à canons. C’est vers ces pirates que les politiques congolais se dirigent pour espérer ramasser le pouvoir quand les canonniers auront mis à terre tout le patrimoine national.
Lorsque la nef politique est encalminée du fait du manque d’ingéniosité des acteurs élitistes, il y a un devoir historique et citoyen d’en appeler au peuple. Depuis qu’on a mis en exergue le rôle actif des masses populaires, il est de bon aloi de recourir à son arbitrage lorsque les politiciens n’arrivent pas à se départager. Plusieurs voies de ce recours à l’acteur collectif qui détient la souveraineté, sont exploitables en démocratie : les élections régulières, les pétitions, les élections anticipées, les consultations populaires, le référendum, etc.
La jeune démocratie congolaise négocie un tournant historique de grande envergure avec l’avènement des échéances électorales prochaines. Plusieurs écueils, goulots d’étranglement et contraintes en jalonnent le parcours. En sus de ces éléments objectifs, le processus est miné par les contradictions momentanément inconciliables (mais pas irrémédiablement irréconciliables) entre acteurs politiques en panne d’imagination pour sortir le pays du bourbier politique où il risque de s’enfoncer.
Il est temps d’en appeler au peuple en pareilles circonstances. Malheureusement, "les mathématiques politiques congolaises" font fleurir plus d’incendies langagiers que de visions salvatrices. Certains appels au peuple sont clairement des incitations à la haine, à la destruction, au meurtre. Bref, des convocations au chaos ! Ceux qui croient tirer les marrons du feu qui embraserait la République s’imaginent ramasser à moindres frais les effets collatéraux d’une anomie, d’une anarchie qu’ils auront ensemencée.
Pourtant, aussi bien l’histoire ancienne que celle toute récente enseignent une sagesse : aucun acteur politique à grande vision ne tire bénéfice du chaos. C’est toujours le vivier du tiers offrant, celui du troisième larron. Même en cas de victoire d’un camp sur un autre, le chaos qui s’ensuit est un échec même pour le prétendu gagnant. Une victoire à la Pyrrhus laisse toujours le pays exsangue, déguenillé, mis à sac, lessivé, essoré, liquéfié, pressé comme un citron, phagocyté par les voisins, etc. Ainsi donc, en politique, il n’y a pas de victoire par K.O. Cela prélude toujours le chaos. Ceux qui croient en être bénéficiaires sont emportés par les mêmes secousses telluriques de grande magnitude qu’ils auront provoquées. On a qu’à évoquer l’exemple de la Libye, de l’Irak, de l’Egypte, de l’Afghanistan, de la Somalie, du Yémen, du Soudan du sud, etc.
Dans notre propre pays, les tombeurs de Patrice Lumumba n’ont jamais vraiment joui de l’embellie politique qu’ils escomptaient durant toute l’histoire politique de la République Démocratique du Congo post/indépendance. Il vaut mieux professer un docte enseignement qui puisse assainir les mentalités des politiques pour qu’ils ne se fourvoient pas dans les discours mirobolants de leurs prétendus soutiens extérieurs qui sont les premiers à détaler lorsque les incendies font fureur. La politique n’est pas un concert de musique en karaoké ni un jeu Nintendo. Il n’existe pas de simulateur pour la vie politique. Certaines erreurs en politique sont les premières et les dernières comme dans le métier des artificiers ou des démineurs. Croire qu’il y a un brouillon qui sera corrigé par la suite est une monstruosité. C’est de vies humaines qu’il s’agit ! Une fois le pays détruit, on se désole de n’avoir pas réfléchi avant.
Il faut donc crier haro sur les incendiaires maniaques qui n’ont de répit que quand tout est consumé. Il trouve un bien suprême, ils se trouvent au nirvana dans leur catharsis d’immoler le pays au feu. Quand tout s’embrase, ils croient le moment venu pour s’embrasser en de vives étreintes. Il faut condamner avec la dernière énergie le recours systématique à l’outrance et à la démagogie. Toute radicalité et toute irresponsabilité sont à bannir dans la pratique politique quotidienne. Pourtant, beaucoup de politiques congolais s’y essaient en jouant avec le feu. Après avoir trop versé dans un extrémisme irrationnel, ils peinent à trouver des compromis, car ils n’ont habitué leurs ouailles qu’à des positions tranchées. Ils sont bloqués devant toute possibilité de consensus politique dans la mesure où ils ont toujours diabolisé les autres avec lesquels ils ne peuvent donc pas regarder dans la même direction pour le salut de la mère-patrie. A cause de la " satanisation " et de la " démonisation ", on ne parvient plus à composer pour l’intérêt supérieur de la nation. Le boulangisme et le poujadisme qui leur tiennent lieu d’idéologies politiques se retournent contre eux à chaque fois qu’ils osent agir en responsables.
S’adonner à une vie politique sans perspective finit par discréditer toute la classe politique, même s’il est le fait de quelques uns. Le peuple est apeuré à l’idée de savoir que si le pouvoir pouvait échoir entre les mains de certains politiciens, il faudra mettre une croix sur les espoirs de plusieurs générations. Déjà que les soupçons d’incompétence pullulent à l’endroit des politiques, ils doivent en plus affronter la défiance du public. Depuis plusieurs années et de par le monde, la confiance dans les élites prétendant diriger le peuple faiblit, voire s’effondre. Verser dans les menaces de mettre le feu à la maisonnée parce que le pouvoir vous échappe momentanément n’arrange pas l’image des politiques dans l’opinion. Promettre de créer le chaos est encore plus choquant. Personne ne sort indemne d’un tel drame !
Trouver un malin plaisir dans les dénonciations véhémentes et dans le dénigrement systématique du Congo devrait chagriner tout amoureux de ce beau pays. Si ces méthodes ont produit des dividendes politiques dans le passé, avec l’avènement d’Internet et le rajeunissement du corps électoral, elles devraient imposer un changement de paradigme. Malheureusement, faute de compétences opérationnelles et la montée en puissance des revendications plus pointues, les politiques peinent à trouver le bon tempo pour rester au contact du peuple. D’où le recours systématique au populisme. Ce faisant, le sport matinal de beaucoup de politiques est la mise à bas des valeurs communes. Ils ont jeté aux oubliettes le don de soi, l’abnégation, la culture du gouvernement, le sens de l’Etat…
Pourtant, ce peuple qui a tant enduré et qui a fait preuve d’autant de vaillance au combat mérite une classe politique à la hauteur de ses ambitions. Ce peuple qui a renoncé depuis des lustres à la résignation et qui a su contrer la déchéance collective ! Alors que le peuple croit dur comme fer en un destin exceptionnel pour le Congo, les politiques rabaissent l’allant et l’élan populaires à des vils projets situationnistes. Ce 4 janvier, le peuple vibre au souvenir des moments mémorables et les sacrifices consentis par les générations d’avant, les politiques en seront encore à leurs calculs fumeux pour espérer porter le coup de glas au salut national. L’idéal de grandeur autour duquel on aurait dû s’unir, pour en faire une ambition commune, est brocardé et rendu à sa plus simple expression à travers des discours pompeux mais au contenu sablonneux.
Le peuple congolais vit dans l’espérance que la classe politique sache prévoir et conjurer les crises dont les signes faibles s’amoncellent déjà et annoncent l’occurrence d’un avenir sinistre si on n’y prend garde. L’histoire est tragique et les peuples qui l’oublient en payent le prix fort. Pour se projeter dans l’avenir, notre histoire commune est souvent instructive. Le pacte républicain que les politiques doivent nouer avec le peuple congolais devrait faire renoncer à offrir la part belle aux maîtres extérieurs qui imposent des oukases aux politiciens qui se sont perdus en politiques pour avoir échoué ailleurs. Les souvenirs grandioses de nos masses de partout dans la République ne devraient pas se perdre dans les replis des drames que le pays a connus.
Après de longues années de guerre, promettre l’hécatombe comme projet politique, en comptant sur les stratégies de conspiration soutenues par les affidés du déluge, est la meilleure expression du vampirisme qui endeuille le monde moderne. A chaque fois, ce sont les humbles, les mal fortunés, les plus vulnérables, les gens de peu qui en font les frais et qui souffrent le plus lorsque la politique tourne en bataille rangée. Ceux pour qui on croit combattre sont les premières victimes expiatoires des erreurs des politiciens. Il y a, au sein de la classe politique congolaise, une fulgurante manie de dénigrer l’Etat, de vilipender les institutions, et d’être en éternelle conspiration contre le bonheur des Congolais.
Les frustrations somme toute compréhensibles ne peuvent pas et ne doivent pas servir d’adjuvants ni d’idéologies politiques. Le temps est donc venu de promouvoir le culte du vivre ensemble. Cela passe par la moralisation de la vie publique. La vie politique est perturbée par tous les pécheurs en eaux troubles qui ne vivent que d’expédients philosophiques par les temps calmes. Ils ne réchauffent leurs cœurs qu’en allumant des incendies. Le triomphe dramatique de leurs thèses a par le passé détruit tout espoir de rédemption du peuple. A l’avenir, si ce triomphe devenait possible, ils jetteraient une funeste chape de plomb sur les ambitions de tous ces jeunes entreprenants qui rêvent d’un sort plus luxuriant pour notre patrie. Déjà que le peuple se retrouve mal dans le labyrinthe des partis politiques trop empreints au fanatisme mais dénués ou peu soucieux d’idéologies.
Le rejet absolu de l’autre est la chose la mieux partagée parmi les politiques congolais. Comme disait La Rochefoucauld : " Nous ne trouvons guère de bon sens que ceux qui sont de notre avis. " La contradiction est bannie autant que l’argument contraire est tenu pour affabulation voire pour anathème. On en vient à penser que la politique possible est celle de la pensée unique qui est la garantie de la bien-pensante et du politiquement correct. Ce faisant, fouiller dans ces cloaques de la scène politique congolaise, c’est se souiller à chaque pelletée. Au cœur de la cité, le peuple rugit. Il n’y a que les insensés qui s’imaginent que c’est sur l’autre que s’abattra l’ire populaire. Rappelons que ses serres tranchantes peuvent dépecer toute âme dans la classe politique même celle qui croyait le pousser à l’énervement. En en appelant au courroux du peuple, on provoque parfois sa propre ruine.
Comme l’atteste la tirade fort à propos de Machiavel qui professait sur cette espèce de violence qui " produit la peur ; la peur cherche des moyens de défense, appelle des partisans ; des partisans naissent les factions dans une ville, et de factions ruine de l’Etat. " Qui a intérêt d’une telle occurrence macabre ? Il faut donc solliciter la sagesse du peuple plutôt que sa colère. De toute façon, le peuple est plus aguerri que les hordes qui se jettent dans la rue à l’appel du premier aventurier. Devoir le pouvoir à la rue est une déchéance. C’est au peuple conscient politiquement qu’il faut adresser ses discours. Aux hordes hirsutes, peinturlurées et criant à tue-tête, on peut se permettre d’adresser les diatribes décousues qui ne peuvent émouvoir que les écervelés.
La mise à terre de l’honneur du Congo n’induit aucunement un surcroît de gloire pour l’élite politique. Bien au contraire ! Invoquer le malheur sur le pays, rabaisse la fonction politique et rabote bassement toute ambition noble pour la nation. Si la classe politique le trahit, le peuple garde toujours la possibilité d’en appeler au Ciel. A ce propos, Confucius disait : " Le Ciel voit avec les yeux du peuple, le Ciel entend avec les oreilles du peuple. " Et au prophète Essaie de renchérir : " Si tu fais disparaître de ton pays le joug, le geste de menace, la parole malfaisante, si tu donnes de bon cœur à celui qui a faim, et si tu combles les désirs du malheureux, ta lumière se lèvera dans les ténèbres et ton obscurité sera comme la lumière du midi. "
La politique est une mission noble, on ne peut s’y adonner si on n’a pas l’amour de l’autre, l’amour du peuple. S’engager à défendre la cause de tous n’enchante pas tous les esprits. Ceux qui n’en ont pas le penchant se sont trompés de métier. Ils pourraient exceller dans autre chose, mais pas dans un domaine qui exige un tel don de soi qu’on en oublie ses propres intérêts. Les adeptes de la jouissance hédoniste ne peuvent qu’amener le pays à la décadence. Il faut avoir une passion pour le pays au-delà de la passion qu’on éprouve pour les fulgurances démocratiques. Je voudrai dire à notre génération : ne clôturons pas si précocement la glorieuse série des hommes providentiels qui soient dignes de faire la politique de grandeur pour hisser le Congo aux cimes de la montagne, au haut de la splendeur. Pour cela, il nous faudra de la volonté, de la détermination et de l’audace. Nous ne pouvons pas demander au peuple ce dont nous sommes incapables nous-mêmes. Le courage dont il a fait montre doit nous inspirer pour éviter qu’on dise que le peuple congolais n’a pas les hommes politiques qu’il mérite.
Si les méchants ne décolèrent pas, le peuple n’attendra pas indéfiniment. Tout compte fait, le peuple ne capitulera pas. Ceux qui ne l’ont pas cru durent déchanter ! Le peuple congolais ne tergiversera pas au moment de défendre les acquis de cette dernière décennie ; à savoir, la démocratie, la paix, l’unité nationale, la croissance économique, la fin de l’inflation, la reconstruction, etc. Répétons-le : devoir le pouvoir à la rue, plusieurs dirigeants n’en sortent pas indemnes car ce que la rue donne, elle le reprend à la moindre incartade. Dès les premières déceptions, la rue gronde et reprend l’agitation qui lui a offert tant des dividendes. Le peuple recru d’épreuves et repu de mensonges des politiciens en a cure. On voudrait lui resservir du réchauffé ; il connaît le goût fade et infecte de cette soupe-là. Il y résistera car il est loin d’être égaré, il n’a point perdu ses repères. Il ne peut donc céder le pas à l’imposture en acceptant de se placer du mauvais côté de l’échiquier.
Devant un enjeu vital, le peuple congolais sait montrer de quelle étoffe il est fait. Sous la férule de ses dirigeants éclairés et éclairants, le peuple congolais est capable de se sortir de l’ornière tissée par les prédateurs intérieurs et extérieurs. La bravoure et la vaillance, le peuple congolais en a fait montre et cela est sans conteste. Il a su, par l’agrégation de ces fils et filles valeureux, résister aux plus macabres calculs de ses ennemis. Vouloir lui imposer les affrontements de rue, c’est le pousser à la division voire à l’autophagie qui est le prélude à la disparition dans ce monde en mondialisation où on ne peut exister sans se comparer à d’autres peuples.
Il faut donc chasser de la scène politique tous ceux qui n’ont pas fait preuve des vertus requises pour le salut populaire. Les batailles qui sont admises en politique sont celles des idées. Les grands leaders ne se laissent pas impressionnés par les gesticulations des agitateurs. Les experts en effets de manches ne font que brasser de l’air. Les grands leaders essayent d’imaginer l’avenir. Ceux qui croient aux bénéfices immédiats devraient s’adonner au commerce et abandonner la politique. Les duels n’intéressent que ceux qui veulent le pouvoir à n’importe quel prix, même celui de vendre le pays aux étrangers. Quand est-ce qu’ils entendront la voix de Laurent-Désiré Kabila éructant à l’endroit de la jeune génération : " Ne jamais trahir le Congo. " ?
La politique n’est une gymnastique où ne sont admis que des duels. Elle tient obligatoirement compte du peuple qui en constitue la force en dynamique. Pour certains politiques, leur voie est une entreprise de démolition. Nous, on a un pays à bâtir. Il faut instruire au peuple de boucher les oreilles aux cris d’orfraie que ne cessent de pousser les pêcheurs en eaux troubles. A ceux des politiciens qui ne l’entendent pas de cette oreille, il faut répéter à satiété le credo du peuple congolais. Il s’agit d’une profession de foi. Nous défendrons bec et ongles les acquis de la dernière décennie sous la férule de Joseph Kabila Kabange.
Nous résisterons au feu nourri des ennemis de la patrie. Ceux qui veulent nous suspendre à un harnais, seront eux-mêmes brochés par le feu dévorant de l’ire céleste. Leurs ambitions démesurées ne rentrent pas dans les intérêts du pays lorsqu’il s’agit de le livrer à la vindicte populaire. Il est un vilain défaut fréquent chez maints politiciens de se substituer au peuple. Ils ne nous intéressent pas ceux qui flirtent consciemment et sciemment avec le danger en ne se concevant comme spécialistes de la voltige et du funambulisme. Pire, de ne se définir que comme spécialistes de l’équilibriste au bord du précipice finit par faire des politiques des pyromanes qui, après leur forfait, crient au feu.
L’intrépidité est une qualité en politique ; mais, la pousser jusqu’à la témérité, est un travers dans lequel tombent allègrement nombre des professionnels de la chose politique. Ils sont dès lors assimilables aux experts en perfidie. Par d’habiles manœuvres, ces politiques ont une singulière manière de mener en bateau tout un peuple à travers de mielleuses promesses d’un bonheur facile qu’ils offriraient au peuple sans le moindre effort de sa part. Pourtant, la perspicacité devrait commander aux politiques de ne rien demander au peuple qu’ils ne soient eux-mêmes capables de réaliser. Ne pas prêcher par l’exemple est une vilenie pour ceux qui prétendent aux hautes fonctions publiques. A chaque coup, on frise le ridicule quand les politiques arborent leur embonpoint physique, fruit d’une bombance alimentaire. On leur exige de produire de la pensée qui incite la communauté à l’action positive. Le négatif est très facile à produire et à reproduire. Comme tout le monde le sait, il est plus facile de détruire que de construire. Comme il est plus aisé de critiquer que de produire de l’art.
Les invectives récurrentes bousculent les politiques dans le ridicule surtout à trop vouloir déployer des biceps là où la nation sollicite et convoque les cerveaux. Le peuple veut dire à ceux qui le destinent au feu que leurs promesses sont un panier percé, un trou sans fond ; la prolifération de leurs promesses fallacieuses a mis en éveil l’attention du peuple qui, pour rien au monde, ne suivra ceux qui ont fini par révéler leur vrai statut ; à savoir, des agents de l’étranger. Le lieu est indiqué d’affirmer avec aplomb la souveraineté du peuple congolais qui a résisté à plusieurs machinations qui en appelaient à la balkanisation du pays.
Plusieurs détracteurs du peuple congolais se sont cassé les dents sur le mur de l’intransigeance des Congolais quand il s’agit de défendre leur pays. Face aux objurgations des pyromanes commandant le bouquet final des feux d’artifice pour brûler le Congo, le peuple a réservé une fin de non-recevoir à cet éternel baratin. Avec une rigueur et une parcimonie sans pareil, le peuple congolais a su donner la réplique à toute incitation à immoler le pays et l’offrir en trophée aux maîtres extérieurs qui soudoient les politiques congolais.
Les adeptes de l’adrénaline à fortes doses seront déçus car les Congolais ne s’entre-tueront pas pour faire plaisir à ceux qui ont le goût du sang. Ils ont beau soliloquer du haut de leurs chaires cathodiques en professant moult acrimonies, rien n’arrivera qui puisse démaçonner ce qu’on a mis du temps à reconstruire. Ils ont beau vitupérer en médisant ou en promettant la mort, le peuple leur barrera la route. S’ils veulent prendre le pouvoir, qu’ils attendent l’organisation d’élections démocratiques, fiables et garantissant toutes les libertés à tout le monde. Prendre le trône requiert quelques qualités surtout en temps difficiles. Comme on l’affirme souvent, quand la mer est calme, tous les bateaux ont des capitaines compétents, mais en temps brumeux, d’orage, ou de tumulte, les prétentieux préfèrent se cacher sous les tables. Ceux qui pérorent à longueur des journées, ne savent plus à quel saint se vouer lorsqu’on leur attribue un maroquin ministériel. Consultez leurs bilans décharnés de leur gestion pour vous en convaincre.
Il faut donc apprendre à transformer les slogans, les principes et autres mots d’ordre en réalités. Il faut muer les potentialités en richesses effectives, les atouts en puissances et les opportunités en solutions idoines. Mieux que jamais auparavant, le peuple congolais administrera une leçon de civisme à la classe politique en mal de gloriole. Longtemps, on s’est moqué du peuple congolais en pensant le prendre à chaque fois par les sentiments, pendant, on a pensé qu’il aurait moins de vertu que les peuples d’ailleurs. Longtemps on a fait souffler des bourrasques pour atténuer son ardeur au combat, rien n’y fît. Ce qui reste des discours annonciateurs d’Armageddon, c’est loin les braises ardentes et abrasives que les cendres de l’inutilité. Les discours flamboyants ont tôt fait de mettre à nu leur vacuité. Leurs utopies millénaires et millénaristes ont fait autant des débats que les prêches incendiaires et les libelles cataclysmiques de ces apprentis sorciers mués en politiciens de pacotille. Avec une rare délectation, ils vouent l’Etat congolais aux gémonies de ses détracteurs extérieurs qui sont leurs alliés objectifs.
Ce pays de cocagne, qui aurait dû inspirer des politiques les plus habiles, végète au rang de risée du monde par la faute da la cohorte qui lui sert de classe politique. Ceux qui acceptent de se rendre sur le banc de l’école pour que des bébés sénégalais et burkinabé leur enseignent comment déstabiliser leur pays ne sont pas dignes de représenter le grand peuple congolais ! Au moment même où ils tournent en bourrique le dialogue national inclusif, ils trouvent un plaisir jubilatoire de se rassembler sous la houlette des négriers de temps modernes qui n’ont pas trouvé mieux que de les ramener sur le lieu de l’humiliation de la race noire. Un peu comme le criminel qui revient sur le lieu du crime. Or, à quelques exceptions près, tous les conspirateurs de Gorée vilipendant le dialogue sont des rejetons de différents fora que le pays a eu à organiser tout le long de sa tumultueuse histoire politique. Surtout les plus récents : Conférence Nationale Souveraine, Accord de Lusaka, Dialogue inter-Congolais de Sun City, Concertations nationales.
Ils crachent sur la main du dialogue qui les a créés. Ils s’affalent à chaque fois que l’extérieur les convoque. Triste réalité d’une classe politique vendue aux enchères de la finance internationale ! Parce que nous sommes un pays de cocagne, destiné à la grandeur gardons la conscience de notre supériorité. Cette requête ne passe pas auprès de ceux qui, prébendiers de prédilection, vivent sur le dos du peuple. Ils ne peuvent monter qu’en se juchant au haut des carniers des cadavres de leurs compatriotes qui jonchent leur parcours politiques. Alors, ils entonnent à chaque occasion la même antienne. Ils rejouent le rituel psychodrame de la guerre civile si la rue n’obéit pas à leurs rodomontades. Leurs désastreuses erreurs du passé ne les instruisent pas.
Répétons la leçon pour ces adeptes de l’intransigeance : si la rue est facilement influençable, le peuple prend conscience de sa condition sociale dans les luttes pour sa survie. Le peuple est autant difficile à manipuler qu’à manœuvrer. Il n’est pas impossible de le voir penser de manière critique à ce que prônent les politiques même les plus habiles en démagogie. C’est en cela que le concept " peuple " est fort différent de la foule, du public, de la population voire des citoyens. Aux politiques, il est demandé autre chose que l’incitation à la bagarre. Il leur faut apprendre de canaliser la crue des desiderata populaires ou à traverser à gué lorsque les ponts sociaux sont rompus. Ainsi, le peuple est saisi de stupeur, transi de sidération, il est goguenard et médusé face aux invectives et le flot d’insanités que profèrent les politiques à chaque échéance sérieuse.
Beaucoup de politiques, passionnés de séries télévisées, croient que la vie politique est un jeu. Alors, ils sur-jouent les scènes. Toujours dans l’excentricité, l’extrémisme et l’extravagance. Ils pensent que la politique est une scène de théâtre. On joue à quitte ou double, au saute-moutons, à la marelle, à cache-cache, à colin-maillard, au bridge, aux échecs, à la cantonade, à la ritournelle, au monopoly, au bowling, aux quilles, au jeu de six, au jeu des dames, etc. Comme c’est un jeu pour eux, ils diluent dans leurs consciences, les conséquences de leurs erreurs pourtant catastrophiques en réalité. La maladresse se mêle alors à l’arrogance et au saugrenue. Trouvant du plaisir dans la douleur du peuple, ils sont alertes à retourner le fer dans la plaie populaire. Ainsi vivent ceux qui rechignent à céder leur strapontin à la jeune garde, s’échinent et s’acharnent à vouloir s’éterniser dans les privilèges politiquement indus.
Le souvenir du martyre enduré par nos héros du 4 janvier 1959 devrait nous appeler à plus de sens de responsabilité. Nous sommes héritiers, tributaires et bénéficiaires de tous les sacrifices consentis par les aînés auxquels nous devons un respect de tous les instants. Loin de les déifier ou de les mythifier, il nous est loisible de continuer l’œuvre de reconstruction du legs ancestral et le parachèvement pour chaque génération de sa mission historique.
Professeur Henri MOVA SAKANYI