CINQUANTE JOURS APRES LE DEBUT DES CONSULTATIONS DIALOGUE : LE SUSPENSE TEND À S’ÉTERNISER

Mardi 21 juillet 2015 - 06:18
Faudra-t-il encore une longue attente comme lors de l’avènement du Gouvernement de cohésion nationale ? Dialogue ou pas ? Cette question taraude l’esprit de nombre d’observateurs. Car, cinquante jours après l’ouverture, le 1er juin 2015, des consultations initiées par le chef de l’Etat au Palais de la nation, rien ne permet encore à l’opinion d’être fixée sur la tenue effective du forum national appelé à ouvrir la voie à des élections crédibles et apaisées en RDC. L’incertitude plane toujours. Le dialogue des sourds se poursuit entre l’initiateur du dialogue - car, pour le ministre de la Communication et médias, le dialogue constitue une initiative du chef de l’Etat - et une partie de l’Opposition, celle dite radicale composée principalement de l’UDPS, du MLC et de l’UNC. Au fur et à mesure que le temps avance, l’opinion s’interroge sur la tenue du dialogue devant mettre autour d’une table les acteurs politiques et sociaux. Ce mardi 21 juillet 2015, soit cinquante jours après le début des consultations entamées par Joseph Kabila, toujours aucune communication sur la tenue du dialogue. Lors de son message à la Nation, le 29 juin dernier, le chef de l’Etat s’était limité à déclarer que les consultations n’étaient pas encore terminées et qu’il les poursuivait. Pourtant, l’opinion s’attendait à être fixée sur la tenue de ce forum national. Depuis, même le rythme des consultations semble avoir changé. Plus de reportages dans la presse audiovisuelle montrant le président de la République s’entretenir avec les forces vives de la Nation. Plus de déclarations non plus des invités du Raïs. Pourtant, les jours passent sans que rien ne soit signalé dans le sens des consultations en vue du dialogue. La machine est-elle bloquée ou grippée ? A quoi serait donc dû le suspense auquel on est tous convié ? Personne ne le sait avec précision. En principe, c’est le chef de l’Etat qui devrait y mettre un terme en rendant compte à la population. Car, au terme des consultations débutées au Palais de la nation et qui se sont étendues jusque dans les provinces, une décision doit être prise quant à la tenue ou pas du dialogue. Surtout lorsqu’on se rappelle que la majorité des consultés s’était prononcée en faveur du dialogue. A partir de cette tendance générale, bon nombre d’observateurs pensaient que le forum national en gestation allait de soi. Mais, la machine donne l’impression d’être bloquée, soit grippée. C’est de la sorte que, depuis plusieurs jours déjà, plus d’informations sur le dialogue, sujet qui tend à disparaître des conversations. Or, on va lentement et sûrement vers la fin du mois de juillet où on aura totalisé deux mois depuis l’ouverture des consultations. Pourtant, c’est surtout durant le mois de juin, pour ne pas être tenté de dire seulement, que l’opinion a vécu les différents épisodes des entretiens initiés par le chef de l’Etat avec les différentes couches politiques et sociales de la population. Bien entendu, sans les opposants les plus radicaux de dont certains attendent le dialogue prévu dans l’Accord-cadre d’Addis-Abeba en Ethiopie et non celui initié par le chef de l’Etat alors que d’autres s’opposent carrément à la tenue de ce forum. En tout cas, au niveau des consultations qui devraient se poursuivre, il n’y a, à ce jour aucun son de cloche. Le temps s’éternise encore s’il ne s’est pas arrêté en attendant des jours meilleurs. QUAND LA DIPLOMATIE SOUTERRAINE S’EN MELE En politique, généralement, quand plus rien n’est signalé au sujet d’une activité qui devrait se poursuivre, la diplomatie souterraine prend le dessus. Cette diplomatie peut être le fait des acteurs internes ou des étrangers. S’agissant de la diplomatie souterraine étrangère, les hommes de la Mission de l’organisation des Nations unies pour la stabilisation au Congo (MONUSCO) se sont déjà entretenus avec une délégation de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS). Après le parti d’Etienne Tshisekedi, l’équipe de la Mission onusienne a pu échanger également avec d’autres acteurs politiques. Les offices du patron de la MONUSCO, on le sait, sont sollicités par une frange de l’Opposition pour une médiation dans le cadre de l’Accord-cadre signé par des chefs d’Etat à Addis-Abeba, en Ethiopie. Peut-être qu’à l’issue de la diplomatie souterraine, on en saura un peu plus sur la tenue ou pas du dialogue. Surtout que le dialogue en soi est d’abord et avant tout une matière politique, même si la Société civile est aussi impliquée dans la démarche. D’ailleurs, très souvent, cela s’est observé à travers les différentes rencontres de ce genre en RDC, la société civile se range facilement derrière les deux camps politiques. Pas étonnant lorsque les acteurs sociaux s’intéressent également aux postes politiques. Ce qui les amène toujours à s’aligner, d’une manière ou d’une autre, derrière une composante politique. Pour revenir au sujet, le silence constaté autour de ce forum depuis quelques temps, cache une diplomatie souterraine qui tente d’arrondir les angles entre les acteurs politiques appelés à se mettre autour d’une table. VERS UNE TRANSITION DE PLUS AVANT LES ELECTIONS ? Au moment où l’on attendait la poursuite des consultations de Joseph Kabila, voilà qu’une autre voie tente de se frayer du chemin. Contrairement à la plupart des opposants politiques, le député Kongo Ne Muanda Nsemi bat déjà campagne en faveur d’une transition de trois ans sous la formule déjà vécue " 1+4 ". C’est-à-dire un président de la République assisté de quatre vice-présidents. Or, c’est la recette que cherchent à éviter ses paris de l’Opposition qui craignent le glissement du calendrier électoral. Si jamais d’autres opposants emboîtaient encore le pas à l’homme de Luozi ou mettaient la main à la pâte, le dialogue conduirait à un Gouvernement d’union nationale du genre de celui connu après le dialogue inter congolais tenu à Sun City, en Afrique du Sud. Mais, on est encore loin du compte parce que Ne Muanda Nsemi amorce la démarche seul jusque-là. Il vient d’effectuer une tournée dans trois territoires du Kongo central, à savoir Luozi, Kimpese et Mbanza-Ngungu. Ce schéma ne semble pas encore faire des émules. Dans tous les cas, rien de précis ne plane sur le dialogue attendu, dont la tenue reste toujours à confirmer. L’attente se poursuit comme lors de l’avènement du Gouvernement de cohésion nationale. M. M.