Auteur de plusieurs rapports sur la RDC qu’elle vient de quitter : Indignation aux USA après le refus de visa à Ida Sawyer

Mercredi 10 août 2016 - 11:14
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Ken Roth, directeur exécutif de HRW, dénonce les manœuvres de Kinshasa consistant à écarter cette brave dame sous couvert d’une histoire de régularisation de séjour Dans une note d’information distribuée à la presse depuis Washington, Human Rights Watch (HRW) accuse le gouvernement de la République démocratique du Congo de tenter d’empêcher Ida Sawyer, chercheuse sénior sur la RDC auprès de cette ONGDH de droit américain de poursuivre son travail au Congo-Kinshasa. Pour l’Ongdh, la révocation du visa d’établissement d’Ida Sawyer est une dernière tentative visant à entraver les rapports sur les violations des droits humains, durant une période de répression accrue de la part du gouvernement. Le mardi 9 août 2016, Ken Roth, le directeur exécutif de Human Rights Watch a dénoncé les manœuvres de Kinshasa consistant à écarter cette brave dame sous couvert d’une histoire de visa d’établissement. » La manœuvre du gouvernement congolais consistant à écarter une chercheuse expérimentée de Human Rights Watch sous couvert d’une histoire de visa d’établissement ne devrait tromper personne. Il ne s’agit là pas uniquement de forcer Ida Sawyer à quitter la République démocratique du Congo, mais d’une tentative effrontée d’étouffer les rapports sur la répression violente perpétrée par le gouvernement contre les partisans de la limitation des mandats présidentiels. Enfermer les militants congolais et forcer les observateurs des droits humains internationaux à quitter le pays sont le signe d’une tactique de gouvernement abusif. Le gouvernement devrait s’attaquer sérieusement à l’amélioration des droits humains en libérant tous les prisonniers politiques et en permettant aux défenseurs des droits humains congolais et internationaux, dont Ida Sawyer, de continuer leur travail crucial. « ,a déclaré Ken Roth. Brave défenseur des droits de l’homme, Ida était dure envers le gouvernement de la RDC dans plusieurs rapports publiés par son organisation. Au moment où on était sous presse, on a appris qu’elle était en train de quitter Kinshasa. Lors de la découverte de la fosse commune à Maluku contenant plus de 400 corps. Pour Ida, les corps trouvés sur cette charnière sont bel et bien des victimes d’exécutions sommaires ou de disparitions forcées aux mains des forces de sécurité congolaises lors de manifestations en janvier 2015, ainsi que lors d’une opération de police antérieure contre les crimes liés aux gangs. D’après elle, les corps de certaines des personnes n’ont jamais été rendus à leurs familles pour être enterrés. La version de Kinshasa Fidèle à sa tradition, le porte-parole du gouvernement de la RDC, Lambert Mende a réagi aux nombreuses critiques dirigées contre Kinshasa suite à cette surprenante décision de sommer Ida Sawyer de quitter la RDC dans 48 heures. Lambert Mende parle de mensonge. Elle n’a pas été expulsée, précise le ministre congolais de la communication et médias qui affirme que les autorités d’immigration ont tout simplement refusé de lui renouveler le visa. » Son visa a expiré et on a refusé de le lui renouveler », ajoute Mende. La pratique est courante. On peut ou ne pas renouveler le visa à un sujet étranger, ce n’est pas un problème.  » Ils le font dans leur pays et pourquoi nous, on ne peut pas le faire chez nous « , a rappelé le ministre Mende. Interrogé par Radio Okapi, le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende, a indiqué que  » c’est le travail de la DGM d’accorder ou de renouveler ou de refuser le visa aux personnes qui leur en font la demande « . » Le gouvernement n’a pas à avoir une position particulière dans ce cas « , a tancé Lambert Mende. C’est depuis 2008 qu’Ida Sawyer est la chercheuse senior de l’Ong Human Rights watch auprès de la Rdc. D’abord à Goma puis dans la capitale en 2011. Elle disposait d’un visa d’établissement valable jusqu’en 2019. Il a été annulé en début du mois de juillet par la DGM, ajoute Sonia Rolley, journaliste à RFI. Sur son compte twitter, la correspondante de RFI à Kinshasa a indiqué que la Direction générale des migrations (DGM) lui a signifié qu’Ida Sawyer avait deux visas  » qui se chevauchaient « . En effet, Ida Sawyer avait alors obtenu un visa qui courait jusqu’en début août. C’est quand elle a voulu renouveler son visa que les services de migration ont refusé. Ses rapports ont été toujours mal perçus par le pouvoir, qui l’accuse souvent, de manque d’objectivité. Ancienne journaliste indépendante Ida Sawyer a mené des recherches à travers le Congo, ainsi que dans les zones du nord du Congo et des pays voisins où sévit l’Armée de résistance du Seigneur (LRA pour Lord’s Resistance Army), et ses recherches sont à la base de nombreux rapports de Human Rights Watch. Elle a menée également des activités de sensibilisation avec des groupes locaux de la société civile. Ida a rejoint Human Rights Watch depuis le Caire, où elle travaillait en tant que journaliste indépendante. Elle avait déjà travaillé auparavant dans la région des Grands Lacs d’Afrique, dans le cadre de projets au nord de l’Ouganda pour Care International et la Charity for Peace Foundation, ainsi que de recherches au Congo sur les dynamiques transfrontalières de l’exploitation des ressources naturelles. Elle est titulaire d’une maîtrise en questions internationales de l’université Columbia, avec spécialisation en droits humains. Notons que Human Rights Watch est une organisation non gouvernementale internationale qui se donne pour mission de défendre les Droits de l’homme et le respect de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Par Godé Kalonji