Le Congrès des démocrates pour le progrès social (CDPS), né de l’UDPS aile Righini, n’a pas l’habitude de faire des déclarations intempestives. Ni encore moins d’exposer ses humeurs sur des faits et événements mineurs qui heurtent et ponctuent au quotidien la marche de la nation. Au CDPS, les gens ont l’intime conviction que le parti n’a pas besoin de faire claironner ses dirigeants sans arrêt, pour se donner bonne conscience ni pour exister, ni pour imposer ses vues dans l’opinion.
Si le président national du CDPS, François-Xavier Beltchika, s’est exprimé, le 29 septembre à Kinshasa, devant la plénière de la 9ème session ordinaire du Conseil national du parti, c’est parce que le pays, fait-il remarquer, est " face aujourd’hui à un moment difficile. "
Dans un discours de plus d’une heure, axé sur l’alternance politique et le respect de la Constitution, le numéro un du CDPS s’est alarmé de l’avenir de la démocratie, de la République et de la paix civile qu’il dit en danger.
Selon Beltchika, " en cette fin de quinquennat, les dignitaires du régime au pouvoir multiplient des déclarations dans un sens favorable à la modification de la Constitution et à des manipulations des lois du pays pour ouvrir la voie à un troisième mandat présidentiel. " L’homme précise que les modifications prônées " visent précisément les dispositions constitutionnelles qui avaient été âprement discutées et expressément verrouillées, aux fins de garantir à ce pays fragile un minimum des libertés et des droits humains, de paix civile et de stabilité institutionnelle . " En tout cas, de quoi faire dire au président du CDPS, en un mot comme en cent, que " l’heure est grave."
ENGAGEMENTS RENOUVELES ENVERS LE PAYS
C’est pourquoi, le CDPS invite ses membres dispersés à travers le territoire national et dans la diaspora, à aiguiser le sens de l’attachement aux intérêts du pays, à cultiver l’esprit d’initiative politique et d’ouverture citoyenne, à lutter avec acharnement contre les violations et pour le respect de la Constitution, et à s’engager sans compter dans la voie de la défense du principe républicain de l’alternance dans la paix et la concorde à la tête de l’État. " Exiger l’alternance au pouvoir n’équivaut pas à déconsidérer ce qu’il y aurait de positif au bilan du mandat présidentiel qui touche bientôt à son terme ", a souligné François-Xavier Beltchika.
Dans sa déclaration, le président national du CDPS n’a pas oublié ses compatriotes de l’Est à qui il a fait un clin d’œil. " C’est l’occasion, une fois de plus, de redire notre solidarité patriotique à l’endroit de notre Peuple qui habite les provinces martyres de l’est du pays, dans le Sud-Kivu, le District du Tanganyika, le Nod-Kivu, le Maniema et l’Ituri. Leurs supplices et leurs souffrances de chaque jour et de chaque instant n’ont que trop duré. Nous avons continué à danser, à chanter et à nous narguer mutuellement à l’ouest et au centre du pays, pendant que des groupuscules terroristes égorgeaient, pillaient, violaient et écrémaient la partie orientale de notre beau pays ", a déploré Beltchika. Le CDPS croit et place son espoir dans la combativité et la détermination du peuple congolais pour que triomphe, dans la paix et la concorde nationale, la lutte commune pour une vie de dignité.
NON AU DIALOGUE OU SE PARTAGERAIT LE POUVOIR
S’agissant du Dialogue national en gestation, le CDPS ne veut pas d’un forum où " certains partis politiques, incapables de conquérir le pouvoir ou de le conserver par la voie démocratique et dans le respect de la Constitution, rêvent soit d’un partage équitable et équilibré du pouvoir et de ses innombrables privilèges, soit d’une caution au projet suicidaire de modification des dispositions verrouillées de la Constitution. "
Pour Beltchika, le CDPS n’accepterait de prendre part au Dialogue qu’" à la condition préalable et expresse que les thèmes à y examiner et les résolutions à y prendre ne porteront aucune entorse à la Constitution."
Les thèmes éligibles, selon le CDPS, seraient intimement liés à la " nécessité d’organiser des élections transparentes et apaisées dans les délais constitutionnels. Il va de soi que les élections présidentielle et législatives sont prioritaires. "
" Au CDPS, nous ne sommes pas naïfs ! Nous savons que c’est le glissement du mandat présidentiel qui est dans l’agenda de la Majorité Présidentielle. Nous savons que celle-ci veut la caution d’un Dialogue National avec des partis de l’opposition désireux de participer au pouvoir, mais qui veulent le conquérir par des négociations et non dans les urnes. De ce Dialogue-là, nous n’en voulons pas ! Nous ne participerons jamais à un tel complot contre la Constitution du pays ! ", a martelé Beltchika.
Ce dernier croit également savoir que " c’est le contournement des dispositions verrouillées de la constitution, article 220, que le texte initialement proposition de loi " referendum constitutionnel " est en voie d’être mué en projet de loi " referendum constitutionnel… "
Beltchika prévient, " si ces mécanismes ne peuvent pas du tout marcher, il ne nous restera plus - hélas avec le peuple ! - que la rue pour sauver l’essentiel de la Constitution menacée. "
Ce recours ultime au Peuple, précise-t-il, est inscrit en lettres d’or dans la Constitution, en son article 64.
Le président national du CDPS assure garder fermement l’ancrage du parti au sein de l’opposition démocratique et républicaine, mais en travaillant inlassablement à son rassemblement et à son élargissement sur la seule base de l’intérêt supérieur du pays, de la défense des valeurs républicaines et de la promotion des droits humains.Didier KEBONGO