A TRAVERS « L’UNIVERSITE POPULAIRE » MUZITO REMET LA PAROLE AU PEUPLE !

Vendredi 2 octobre 2015 - 06:48

Hier comme aujourd’hui, les acteurs politiques, toutes tendances confondues, invoquent invariablement le peuple. Depuis l’indépendance du pays en 1960, toutes les Constitutions font du peuple l’émanation du pouvoir. En somme, le souverain primaire. Mais dans pratique, cela est souvent loin d’être le cas. La gestion de la Res publica se fait, la plupart de temps, en dehors du Congolais lambda. Et les différentes technostructures congolaises parlent davantage du peuple qu’elles ne l‘impliquent dans le processus de prise des décisions et dans la reddition des comptes. Sur le front de la communication, cette approche unilatérale a pour conséquence de faire du peuple très souvent le récepteur et très rarement l’émetteur. Il s’en suit une république bancale. Une désaffection de la population vis-à-vis de l’élite politique. D’où le poids de plus en plus faible de partis politiques en termes d’ancrage sociologique. Pour tenter de remédier à cette menace contre la démocratie représentative, Adolphe Muzito ouvre un nouveau front. Ce fils-maison PALU entend contribuer à amener le peuple congolais à devenir davantage acteur du jeu démocratique. Ce, en le sensibilisant à tous les sujets de la vie nationale de manière à ce que la population soit, non seulement tenue au courant de la manière dont son pays est gouverné, mais en plus soit en capacité d’émettre les avis et considérations sur la marche de celui-ci. Au fond d’une communication verticale, sans interaction, Adolphe Muzito se propose de créer des espaces d’échanges horizontaux entre gouvernants et gouvernés. Ici gouvernants est pris dans le sens le plus large de l’establishment, c’est-à-dire, tous ceux qui ont une parcelle de pouvoir, en ce compris, les leaders politiques de l’opposition. C’est dans ce cadre que samedi dernier, l’ancien Premier ministre s’est rendu à Bibwa, dans la commune de la Nsele, pour lancer ce qu’il appelle avec beaucoup d’a propos Université populaire.

Pas question de se laisser décourager, la réflexion est une seconde nature chez l’élu de Kikwit. Adolphe Muzito a, sans doute, de l’énergie à revendre et du temps à consacrer à ses compatriotes. Après les tribunes qui ont étonné par leur profondeur et leur pertinence, voici venu le tour de "l’Université populaire ". Une initiative citoyenne portant toujours la signature du député Adolphe Muzito. La première édition de cette université a eu lieu le samedi 26 septembre 2015, au quartier EFOBANQUE, dans la commune de N’Sele. C’était dans une salle archicomble qui a même refusé du monde. Il fallait même placer des moniteurs dehors pour essayer de contenir les nombreux jeunes qui avaient pris d’assaut "l’Université populaire ", stimulés par des diverses tribunes de l’auteur.

La première édition de "l’Université populaire " a connu un succès. Elle a porté sur les tribunes Adolphe Muzito. On annonce aussi qu’elle s’ouvrira sur d’autres sujets politiques, économiques ou diplomatiques. Mais, pour l’édition de samedi dernier, trois exposés ont électrisé la salle. Il s’agissait d’abord de rafraîchir la mémoire des participants sur les tribunes de Muzito.
Une démarche qui n’a pas manqué d’émerveiller l’assistance qui avait déjà accueilli à bras ouverts les tribunes qui sont allées au-delà des frontières nationales. On se souviendra que les tribunes de Muzito sont, en fait, parties des ateliers du jubilé d’or du Palu où le parti d’Antoine Gizenga s’était ouvert à d’autres partis ou mouvements, afin de réfléchir sur la marche de la RDC sans complaisance.

LES TRIBUNES D’ADOLPHE MUZITO
S’appesantissant sur les tribunes de Muzito, l’orateur a d’abord tenu à préciser que les titres ont été voulus provocateurs pour attirer l’attention et pousser à lecture.
La première tribune, " RDC : pays sans budget ", était une manière de rappeler que le pays est dirigé sur trois paliers, à savoir le niveau central, le niveau provincial et le niveau local. A tous ces niveaux, indique l’orateur, il faut avoir un budget et la somme de tous les budgets donnerait le budget national. Mais, depuis 2012, on n’a que le budget du Gouvernement central. La deuxième tribune, " La RDC, pays sans provinces ", est une réflexion sur le fait que les provinces n’ont pas les prérogatives qui leur sont reconnues par la Constitution. En fait de provinces, ce sont des coquilles vides parce que le Gouvernement central ne leur a pas laissé l’initiative dans les domaines de leurs compétences.
C’est le cas de la retenue à la source de 40% des recettes à caractère national collectées dans les provinces, du fonds des investissements gérés au niveau central, l’administration locale, la police locale, l’enseignement …
Quant à la troisième tribune, " Nouvelles provinces et élections locales : faillite de l’Etat ", il était question de démontrer que ces provinces, ajoutées aux élections locales tout cela allait conduire à la faillite de l’Etat. Car, les nouvelles provinces de la RDC, tout en étant constitutionnelles, viennent s’ajouter à un problème, celui des anciennes provinces, les onze qui ne sont que des coquilles vides.
Les nouvelles provinces seront plus que des coquilles vides, parce qu’elles viennent élever le train de vie de l’Etat en augmentant des bouches politiques à nourrir.

LA FILLE QUI SE VANTE DE SA " VIRGINITE ", MAIS SE PLAINT DE NE PAS AVOIR D’ENFANTS
Quatrième tribune, " La RDC : Etat sous endetté : Esprit de pauvreté ou d’émergence ? " Dans son exposé, l’orateur explique que la RDC a fourni des efforts dignes de sacrifice pour faire annuler sa dette extérieure. Une fois revenu " vierge " et solvable, ce pays devrait être en mesure de s’endetter pour trouver des ressources de son développement.
Fort malheureusement, regrette l’orateur, la RDC se comporte comme une jeune fille qui se vante de sa virginité, mais se plaint de ne pas avoir des enfants.
Dans la cinquième tribune, " Le chômage en RDC : hier et aujourd’hui ", l’intervenant pose la problématique de ce problème épineux par rapport au nombre d’emplois créés par le Gouvernement.
100.000 emplois créés par an, alors que 2.000.000 de demandeurs viennent sur le marché chaque année. Pour diminuer le chômage, il faut commencer par renverser le nombre des demandeurs d’emplois par rapport aux emplois créés. Tant qu’il y aura plus de demandeurs d’emplois que des emplois créés, on ne pourra pas parler de réduction du chômage. Les efforts du Gouvernement sont louables, mais insuffisants. " Un enfer dans un paradis ", telle est la sixième tribune. Il s’agit là de là ville de Kinshasa. C’est un paradis parce que Kinshasa a tous les atouts pour offrir de bonnes conditions de vie à ses habitants. Malheureusement, 90% de la population de la ville se confinent dans 5% seulement de l’espace géographique de la ville.

LES POIDS DES PARTIS POLITIQUES
La huitième tribune porte sur les " Mort-nés " attribués aux nouvelles provinces de la RDC. Ces entités sont ainsi qualifiées de " mort-nés ", parce qu’elles ressemblent, si pas aux mort-nés, en tout cas aux prématurés qui ont besoin de couveuse pour se renforcer ou encore à des enfants nés, pour lesquels les parents n’ont rien prévu pour layette.
La dernière tribune d’Adolphe Muzito, qui porte sur le poids politique des partis, a été examinée par deux orateurs. Premier orateur, Fumutoto a démontré que les formations politiques en RD Congo ne représentent que 29% de l’électorat congolais. C’est là qu’une analyse comparée indique que, dans d’autres pays (République sud-africaine, Sénégal …), les partis politiques majoritaires représentent plus de 50% de l’électorat.
Deuxième orateur et donc le dernier intervenant de la première édition de " l’Université populaire ", Fumunzanza,lui a donné les raisons des faiblesses des partis politiques. Il a ainsi évoqué la loi qui favorise la création de ces formations politiques.
Leur nombre, un record mondial, favorise l’émiettement de l’électorat. Surtout lorsqu’on y ajoute également le mode de scrutin choisi par la RDC, ainsi que la proportionnelle, qui participe également l’émiettement de l’électorat. Encore que le manque de formation politique, l’absence d’idéologie … toutes ces choses font que les électeurs ne savent à qui et pourquoi ils ont donné leurs voix. C’est autant de difficultés qui minent le chemin des électeurs.

UNE IDEOLOGIE POUR CHAQUE PARTI ET UNE LOI A CHANGER
Deux recommandations semblent donc s’imposer au regard de cette situation. La première, c’est que les partis politiques doivent se munir d’une idéologie qui leur permette d’asseoir la formation de leurs militants. La seconde, indique-t-on, c’est de changer la loi pour passer de la proportionnelle au suffrage majoritaire et renforcer les conditions de création des partis politiques. Rien que la tenue de la première édition de "l’Université populaire ", renseigne déjà sur ce que sera la suite. Car, l’intérêt y est tellement qu’il ne sera pas surprenant que la prochaine fois, il y ait encore plus d’engouement.
La deuxième édition de cette initiative citoyenne se tiendra à la Foire internationale de Kinshasa (Fikin), dans la commune de Lemba. Une véritable alphabétisation politique pour des publics de toutes sortes. M. M.