La République Démocratique du Congo vient d’améliorer le record qu’il détient depuis les années Mobutu, en portant le nombre de ses partis politiques de 394 (statistiques de juillet 2011) à 477. C’est en tout cas ce que renseignent les listes remises à la CENI (Commission Electorale Nationale Indépendante) par le Vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur, Evariste Boshab, le mercredi 11 mars 2015.
On pourrait croire, à première vue, que le pluralisme politique est devenu une réalité vivante au pays, après les balbutiements des premiers mois de la libéralisation de l’espace politique national par feu le Maréchal Mobutu Sese Seko, le 24 avril 1990. Mais, en réalité, le foisonnement des partis politiques est F expression des ambitions politiques de nombreux aventuriers. Car ici, dès que s’annonce un cycle électoral ou un dialogue pour le partage des postes au gouvernement, dans les entreprises du portefeuille, la diplomatie, la territoriale, armée, la police ou les services de renseignements, c’est tout le monde qui se positionne comme chef de parti, en vue de participer au partage du gâteau national.
Dans ce pays où les emplois réellement rémunérateurs sont rares, les citoyens considèrent désormais les partis politiques comme des « maisons » de placement pour l’accès aux charges publiques porteuses d’enrichissement rapide et facile. L’histoire démontre, depuis la Table Ronde de Bruxelles en 1960, la Conférence Nationale Souveraine en 1991-1992, le Dialogue intercongolais ( 2002- 2003), les cycles électoraux de 2006 et 2011, que les postes de gestion de l’Etat se partagent désormais entre chefs de partis, qui s’attribuent des quotas de ministres, députés, sénateurs, mandataires d’entreprises publiques, diplomates, gouverneurs de provinces, officiers supérieurs de l’armée, et de la police, responsables de renseignements.., selon leur bon vouloir et les intérêts de leurs parrains occidentaux.
Le duo UDPS – PPRD
Sur papier, existe bel et bien 477 partis en RDC. Mais, sur le terrain, ceux ayant une assise réellement nationale se comptent sur les bouts de doigts d’une main. Il est inutile de se voiler la face. Il n’y a que deux partis ayant des représentations dans toutes les villes, tous les territoires, tous les secteurs et tous les villages du territoire national : UDPS et PPRD. Leurs délégués sont capables de mobiliser, sans préavis, leurs militants à Tshela, Popokabaka, Mweka, Ngandajika, Pweto, Kindu, Uvira, Kiwanja, Aru, Basankusu. Avant, pendant comme après la période électorale, leur existence peut être constatée, à tout moment,’ sur le terrain.
Derrière ce duo de tête viennent des partis dont la sphère d’influence est circonscrite à une certaine aire géographique, en dépit la présence d’antenne embryonnaires dans plusieurs provinces de la République. C’est le cas de I’UNC à Kinshasa et au Sud-Kivu, du MLC à Kinshasa et de l’Equateur... du Palu à Kinshasa et au Bandundu... de l’ARC à Kinshasa et au Bandundu... de l’Unafec et de l’Unadef au Katanga... de Bundu da Mayala (exBundu dia Kango) au Bas-Congo...
Il y a aussi des partis qui ne sont pas très visibles en dehors de Kinshasa mais qui se font remarquer avec un importent contingent de députés et sénateurs dans les deux chambres du Parlement : MSR, PPRD, AFDC.
On connaît aussi des partis’ dont les leaders s’illustrent par un battage médiatique permanent mais dont la représentation parlementaire s’arrête à un député ou un sénateur. Il s’agit de ceux dont les «bases», fictives à Kinshasa comme en provinces, ne sont mobilisables que moyennant espèces sonnantes et trébuchantes, boissons, pagnes, polos, savons, sucre, sel, maillots et ballons de sport, chaussures. Leurs rares « permanences » affichent souvent portes closes à Kinshasa et ne s’ouvrent que ‘lors des passages sporadiques de leurs « présidents-fondateurs » ou d’un membre de leurs comités directeurs.
Un parti peut-il prétendre au statut « national » s’il est incapable d’aligner au minimum un député par province, soit 11 au total?
Partis de mallettes
En réalité, sur les 477 partis agrées par le ministère de l’Intérieure, 99%, ne fonctionnent que dans les mallettes de leurs présidents-fondateurs. Incapables de se faire élire comme député national ou provincial en 2006 et 2011, ni de décrocher un petit mandat de député ou de sénateur pour l’un de leurs candidats, nombre de Prétendus chefs de partis en RDC n’ont rien à envier aux comédiens.
Sans fonds, sans adhérents, sans sièges, on voit leurs créateurs se précipiter à intégrer des plateformes à même de leur allouer des fonds de campagne, qu’ils n’hésitent pas à détourner à des fins personnelles. Alliés de la Majorité aujourd’hui, de l’Opposition le lendemain, ou indépendants le surlendemain, ils sont prêts à manger à tous les râteliers. Comme à l’époque de la Conférence Nationale Souveraine, de nombreux « partis alimentaires » ont poussé, comme des’ champignons, entre 2011 et 2015, aux frais de la princesse.
Dans quelques mois, les Congolais vont assister à une véritable foire électorale, au cours de laquelle des aventuriers de tous bords, vont solliciter leurs suffrages, à partir des ‘plateaux des télévisions, des ondes des radios et des colonnes des journaux. On ne les verra jamais programmer un meeting dans un stade de Kinshasa, de Matadi, de Kikwit, de Kananga, de Mbuji-Mayi, de Lubumbashi, de Kindu, de Bukavu, de Goma, de Kisangani ou de Mbandaka. II est à espérer que les électeurs sauront faire le bon choix entre les porteurs de vrais projets de sociétés et les chasseurs des salaires politiques, prêts à se vendre au plus offrant. Aussi s’impose la nécessité de la vraie vérité des urnes pour que ce type de Congolais soient disqualifiés avant qu’ils ne se mettent à nuire à la multitude.
Par Kimp