RDC : Roger Lumbala condamné à 30 ans de réclusion criminelle en France

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L’ancien chef rebelle congolais Roger Lumbala a été condamné, ce lundi, à 30 ans de réclusion criminelle par la Cour d’assises de Paris, reconnu coupable de complicité de crimes contre l’humanité.

La décision, assortie d’une interdiction définitive du territoire français, sanctionne son rôle d’aide et d’assistance dans des actes de torture, de traitements inhumains et de viols, commis au début des années 2000 en République démocratique du Congo, alors qu’il dirigeait la faction rebelle RCD-National.

Le verdict est tombé en fin d’après-midi, après une journée entière de délibérations. Vers 17 heures, les juges ont fait leur entrée dans la salle d’audience, constatant l’absence de l’accusé, malgré une sommation adressée dans la matinée par le président de la Cour, Marc Sommerer.

« Je constate que M. Lumbala n’est pas présent pour entendre son verdict. Il est 17h04. Je fais une sommation interpellative afin qu’il soit amené à comparaître », a déclaré le magistrat, avant de suspendre brièvement l’audience.

Une quinzaine de minutes plus tard, les avocats de la défense, Me Hugues Vigier, commis d’office, et Me Philippe Zeller, récusé par l’accusé mais maintenu par la Cour, ont pris place. Roger Lumbala a ensuite été escorté par les gendarmes, menotté, et installé dans le box des accusés. Le jugement a été lu en forme simplifiée, l’accusé étant invité à se lever pour entendre la décision.

Selon la justice française, cette condamnation marque une étape « importante » dans l’application de la compétence universelle, principe juridique permettant de juger en France les auteurs des crimes les plus graves commis à l’étranger lorsqu’ils se trouvent sur le territoire national.

Arrêté à Paris en janvier 2021, après plusieurs années passées entre Kinshasa et l’Europe, Roger Lumbala avait été placé en détention provisoire. Son procès, ouvert en novembre dernier, avait été marqué par des témoignages bouleversants d’anciens civils victimes des exactions de sa milice, faisant état de viols systématiques, de tortures et de disparitions forcées.

La Cour a précisé que la motivation complète de l’arrêt, répondant à plus de 140 questions soumises au délibéré, sera notifiée à l’accusé dans un délai de trois jours. Roger Lumbala dispose de dix jours pour interjeter appel. En cas de confirmation de la peine, il purgera sa réclusion en France avant d’être expulsé.

Suivi de près par les organisations de défense des droits humains, ce procès illustre la volonté des juridictions européennes de lutter contre l’impunité des crimes commis dans les conflits africains. Pour les victimes, il constitue une reconnaissance judiciaire de souffrances longtemps ignorées. Pour la République démocratique du Congo, il rappelle les plaies encore ouvertes d’une guerre qui a profondément marqué le pays et dont les séquelles demeurent visibles.

Raphaël Kwazi