Du 06 au 07 novembre 2025, Kinshasa a été la capitale de l’assurance africaine. Cette ville de la RD Congo a abrité la 11ᵉ édition du forum des marchés de la Fédération des sociétés d’assurances de droit national africaines (FANAF).
Cet événement, organisé par la FANAF et l’ASAR (Association des sociétés d’assurances et de réassurances de la RDC) sous le thème : « Réinventer l’assurance africaine : concilier régulation, innovation et inclusion », a réuni les principaux acteurs du secteur en Afrique : dirigeants d’entreprises, régulateurs, investisseurs, partenaires financiers et représentants d’institutions publiques et privées.
Durant la première journée, le 6 novembre, plusieurs panels ont été organisés portant sur « l’intelligence artificielle et assurance : enjeux, défis et applications concrètes », « réassurance dans la zone FANAF : perspectives », « genre et inclusion dans le secteur de l’assurance : bilan de l'initiative et perspectives » et « présentation des chiffres clés des marchés de la zone FANAF ».
La journée de vendredi 07 a été consacrée à d’autres panels sur différents thèmes : « fiscalité de l’assurance - vie en Afrique : comparaisons régionales, tendances émergentes et pistes d’harmonisation », « présentation du rapport d’activités du bureau exécutif de la FANAF », « état d’avancement du dossier sur la promotion des assurances obligatoires en zone CIMA », mais aussi « communication de l’ASA-CI sur la préparation de la 50ᵉ assemblée générale ».
Recommandations
Au terme des travaux, les participants à la 11ᵉ édition du forum des marchés de la FANAF, qui se sont félicités du déroulement de ces assises et de la qualité des échanges, ont formulé plusieurs recommandations.
D’abord, ils ont recommandé aux sociétés d’assurances de s’engager résolument dans l’appropriation de l’intelligence artificielle afin de tirer pleinement parties des opportunités d’innovation, d’efficacité et de compétitivité qu’elle présente. Au marché de la FANAF, ils ont recommandé la mise en place des bases de données sectorielles partagées, la promotion de l’Open data publique et de rendre obligatoire la numérisation systématique des données des assurés dans le but de faciliter le déploiement de l’intelligence artificielle.
En ce qui concerne la réassurance, les participants ont recommandé le renforcement des capacités locales, le développement du partenariat public-privé, l’encouragement de l’innovation pour diversifier le produit et la réglementation de l’exercice des courtiers. S’agissant de la femme et de son inclusion dans le secteur, ils ont appelé les sociétés d’assurances à s’engager dans la mise en œuvre des recommandations issues de l’étude sur la femme dans le domaine des assurances. Par ailleurs, ils ont recommandé au marché de la FANAF de finaliser le dossier sur la promotion des assurances obligatoires et d’engager des discussions avec la CIMA afin de renforcer la dynamique de croissance et de structuration du secteur des assurances en Afrique.
« Kinshasa, carrefour du marché de l’assurance africaine »
Dans son mot prononcé à l’occasion de ces assises, le président de la FANAF, César Ekomie Afene, a salué la tenue des travaux à Kinshasa qui, selon lui, se positionne de plus en plus comme le carrefour du marché de l’assurance africaine.
« C’est l’occasion , au nom de toute la famille de l’industrie africaine des assurances, de saluer le peuple congolais, de saluer son hospitalité, et son sens profond de fraternité », a-t-il déclaré, avant de renchérir : « Votre engagement et vos efforts ont rendu possible la tenue de ce forum. Grâce à vous, Kinshasa se pose de plus en plus aujourd’hui comme un carrefour du marché de l’assurance africaine. Le thème retenu pour ce 11e forum , est annonciateur d’une nouvelle dynamique face aux défis, il reflète la transformation profonde qu’impose notre secteur, celle d’une assurance africaine moderne, régulée, digitalisée et socialement utile ».
Pour lui, ce forum a constitué un cadre stratégique pour réfléchir, partager et bâtir une assurance africaine innovante et résiliente.
Marché congolais des assurances dans une dynamique de croissance
Le marché congolais des assurances est dans une dynamique de croissance. D’après le président de l’ASAR, Vincent Mwepu Makasa, depuis la libéralisation du marché en 2015, 8 sociétés d’assurances agréées, 19 sociétés spécialisées et 2 sociétés de réassurances ont été créées.
« Le présent forum vient à point nommé dans la capitale de la RDC. Cette même année, en mars précisément, nous avons célébré les 10 ans du chemin parcouru, 10 ans de défis relevés, 10 ans de la ratification de notre acte législatif, à savoir : la loi 15/005 du 2015 portant Code des assurances. Les 10 ans de la libéralisation de notre marché ont été marqués par deux phases : la première est caractérisée par la mise en place des organes techniques et administratifs dont le rôle de l’ARCA est à saluer. La seconde phase ,qui retrace les 5 dernières années, témoignent de la dynamisation apportée par la libéralisation du marché », a-t-il laissé entendre.
Il a ajouté : « Ces sociétés apportent la diversité et surtout l’expérience de leurs groupes qui sont très bien ancrés dans le continent pour les uns et bien entrés sur le marché financier congolais ».
Par ailleurs, il a exprimé sa gratitude à la FANAF pour la confiance renouvelée en Kinshasa, afin d’abriter la 11e édition dudit forum.
« Cette 11e édition du forum des marchés de la FANAF revêt, pour nous, une signification particulière. Vous vous souviendrez qu’en février 2023, la RDC avait eu le privilège d’abriter la 47e assemblée générale de la FANAF. Deux ans plus tard, vous nous renouvelez votre confiance en choisissant Kinshasa pour accueillir ce grand rendez-vous technique et stratégique. Cela est un signe fort, celui d’une confiance renouvelée envers nos marchés, nos institutions et notre capacité de jouer un rôle majeur dans la dynamique de l’assurance africaine. Nous en sommes profondément reconnaissants à la FANAF et à tous ses partenaires. Nous prenons cet honneur comme une responsabilité à assumer et une mission à accomplir, celle de contribuer à bâtir une assurance africaine forte et résiliente », a souligné le président de l’ASAR.
De son côté, le directeur général de l’ARCA (Autorité de régulation et de contrôle des assurances), qui avait ouvert les travaux au nom du ministre des Finances empêché, a révélé que le marché des assurances africain s’élevait à 73 milliards de dollars américains en 2024. À l’en croire , si chaque Africain souscrivait à 1 dollar américain le mois, le marché mobiliserait 15 milliards USD le mois et 200 milliards USD l’an.
« Le marché des assurances se révèle à 73 millards de dollars en 2024. Si chaque Africain arrive à souscrire 1 dollar le mois, le marché africain représenterait près de 15 milliards de dollars le mois et donc permettrait à l'Afrique d'avoir un marché d'environ 200 milliards l'an », a soutenu Alain Kaninda.
Pour y arriver, il a appelé à réinventer l’assurance africaine, en renforcant la sensibilisation, l’encadrement du secteur et le contrôle des assurances en Afrique.
Le forum des marchés de la FANAF est un rendez-vous stratégique du secteur des assurances. Il ambitionne de stimuler la transformation du marché africain à travers le renforcement de la régulation, la promotion de l’innovation et la consolidation de l’inclusion financière afin de bâtir un écosystème plus résilient, compétitif et au service du développement du continent.
Prince Mayiro