
Après trois mois de formation intensive au Green Zoological Rescue and Rehabilitation Center (GZRRC) à Vantara, en Inde, des vétérinaires de l’Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN) affichent un regain d'énergie et de motivation.
Ils étaient 15 techniciens, dont les médecins vétérinaires Jonathan Kikuta et Jires Sengunda ainsi que l’agro-vétérinaire Emmanuel Ebeng, qui avaient quitté Kinshasa début juin dernier pour l’ouest de l’Inde. Recrutés par l’ICCN pour pallier le manque de vétérinaires, les deux premiers venaient du secteur privé, tandis qu’Emmanuel Ebeng était déjà en poste au zoo de Kinshasa.
Nous les avons croisés le week-end dernier alors qu’ils étaient en pleine opération de déplacement des animaux du jardin zoologique de Kinshasa pour le parc animalier de la N’Sele. Ce déplacement s’inscrit dans le cadre des préparatifs de la réhabilitation du zoo par Vantara.
« Nous sommes déjà en pleine pratique de ce que nous avons appris à Vantara. Le déplacement des animaux n’est pas une simple opération. Il y a des conditions à respecter pour éviter de stresser l’animal. Nous créons également une fiche d’arrivée pour chaque animal car il n’y en avait pas auparavant », nous a expliqué Jires Sengunda.
Natif de Monkoto, un village enclavé dans le parc de Salonga, Jires a souligné qu’en Inde, ils ont appris à prendre soin non seulement de l’état physique des animaux, mais aussi de leur bien-être mental.
« Au Congo, nous ne soignons que l’état physique de l’animal, en ignorant complètement son état mental », a-t-il ajouté.
Diplômé en médecine vétérinaire de l’Université de Kinshasa, Jonathan Kikuta avait précédemment travaillé au Centre de recherche en sciences naturelles de Lwiro, dans la province du Sud-Kivu, ainsi qu’au Liberia. À Vantara, il a appris et pratiqué l’endoscopie.
« J’ai beaucoup appris sur le stress animal. Je dois avouer que c’est vraiment nouveau pour moi. J’ai appris des techniques de capture, notamment pour les crocodiles et les volailles. J’ai également appris et pratiqué l’endoscopie. Bien que je l’aie étudiée théoriquement à l’université, je ne l’avais jamais pratiquée auparavant. Je peux désormais effectuer des traitements cliniques et travailler en laboratoire », a-t-il déclaré.
Il a ajouté : « Le stress affaiblit le système immunitaire de l’animal et l’expose ainsi à plusieurs maladies. Malheureusement, chez nous, cela n'est pas pris en compte. »
La formation s'est déroulée en deux phases. Les deux premiers mois ont eu lieu à Vantara, dans la ville de Jamnagar. Le troisième mois a été consacré à une immersion au Sardar Patel Zoological Park, un zoo public situé à 500 km de Vantara.
«Nous avons compris l’importance du travail d’équipe. Pour un seul cas, dix médecins peuvent être mobilisés en quelques secondes. Malgré leur spécialisation, ils n’hésitaient pas à nous inclure et à demander notre avis. Chez nous, lorsqu’on est spécialiste, on pense souvent qu’on ne peut pas consulter les autres, surtout ceux qui sont moins expérimentés », a déclaré Emmanuel Ebeng.
« Là-bas, nous travaillions comme si nous étions des employés. C’était vraiment très éloigné des théories que nous avons apprises à l’université. Ce zoo a été réhabilité par Vantara et accueille 25 000 visiteurs par mois », a ajouté Jires Sengunda.
Il convient de noter que la cérémonie de clôture de cette formation de trois mois c’était tenue en présence de Tossy Mpanu Mpanu, conseiller principal du président de la République en charge de l’Environnement, de l’urbanisme et de la mobilité, ainsi que de Bernard Mikobi, président du conseil d’administration de l’ICCN.
Bienfait Luganywa