Activisme des ADF dans l’Est : Une question écrite adressée au ministre de la Défense

Mercredi 17 septembre 2025 - 13:38
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Face à la spirale des violences entretenues par les djihadistes ADF dans les territoires de Lubero, Beni (Nord-Kivu), Mambasa et Irumu (Ituri), le député national Rémy Mukweso a saisi le ministre congolais de la Défense, le lundi 15 septembre dernier, pour exiger des comptes, entre autres au sujet de mesures prises par l'État congolais pour protéger les civils dans la contrée.

Dans un monitoring, l'élu de Butembo dénombre plus de 90 citoyens qui ont péri en seulement une semaine, en plus des disparus et d'énormes dégâts matériels. 

Le député congolais rappelle par exemple que le 8 septembre dernier, 20 civils ont été tués par l'ADF à Fotudu, dans le secteur de Beni-Mbau alors que dans la nuit du 8 au 9 septembre, dans le territoire de Lubero, les mêmes terroristes ont signé un carnage à Ntoyo, près de Manguredjipa, abattant au passage au moins 64 autres personnes et pillant des biens de valeur. 

Par ailleurs, dans la nuit du 14 au 15 septembre, 2 civils ont trouvé la mort à Masuku et 5 autres sont morts à Mbau, dans le territoire de Beni.

Rémy Mukweso dit être inquiet de ce regain des massacres alors qu'une accalmie apparente, bien que mêlée de peur et d'incertitude, s'observait peu à peu dans certaines agglomérations. Le député national regrette que les 91 nouvelles victimes viennent gonfler le nombre des personnes tuées par les ADF depuis 10 ans.

Dans sa note au ministre Guy Mwadiamvita, il espère obtenir des réponses concrètes sur les mesures prises pour arrêter les violences; les moyens envisagés pour soutenir les victimes et les rescapés des atrocités; l'avancement des enquêtes et les résultats auxquels on a jusqu'ici abouti ainsi que les mesures d'alerte mises en place par le gouvernement.

Depuis juillet dernier, le groupe ADF a repris du poil de la bête, nonobstant les opérations militaires conjointes FARDC-UPDF menées contre lui depuis le 30 novembre 2021. Dans la nuit du 26 au 27 juillet, il a visé des chrétiens en veillée de prière à Komanda, dans l'Ituri, en représailles aux offensives de l'armée congolo-ougandaise. Depuis, les attaques se sont de nouveau multipliées.

Après l'attaque qui a fait une soixantaine de morts près de Manguredjipa le 8 septembre, sur son journal officiel, l'État islamique auquel l'ADF a déjà prêté allégeance a revendiqué l'incursion et a justifié ses agissements par le fait que les chrétiens victimes avaient refusé de se convertir à l'islam et à payer la jizya, une taxe imposée par ce groupe terroriste aux non-musulmans.

Chapeauté par Musa Seka Baluku, l'ADF s'est affilié à l'État islamique dont il est d'ailleurs devenu la branche Afrique centrale, ISCAP (State central Africa province). Selon certains chercheurs sur la question, plusieurs attaques sont menées par le mouvement pour justifier les fonds et le soutien de l'Etat islamique. Généralement, l'ADF vise des agglomérations non protégées par les services de sécurité où il décime des populations.

Certains monitorings faits par des acteurs de la société civile, plus de 15 mille personnes ont déjà trouvé la mort, au côté de nombreux dégâts matériels depuis début octobre 2014. Malgré de nombreuses opérations militaires engagées contre ces djihadistes, aucune d'entre elle n'est jamais venue à bout de la nébuleuse.

Isaac Kisatiro, à Butembo