Thérèse Kayikwamba au Conseil de sécurité de l'ONU : « La résolution 2773 ne doit pas rester lettre morte »

Jeudi 17 avril 2025 - 10:10
Image
Image

La ministre d’État, ministre des Affaires étrangères, coopération internationale et francophonie, Thérèse Kayikwamba Wagner, a dressé un tableau sans concession de la situation sécuritaire dans l’Est de la RDC, lors de son intervention mercredi 16 avril 2025 au Conseil de sécurité des Nations unies à New York, dénonçant l’inaction face à la persistance des violations par le M23 et les Forces rwandaises de défense (RDF), en dépit de l’adoption de la résolution 2773.

Selon Thérèse Kayikwamba, la résolution 2773 ne doit pas rester lettre morte et exhorte cet organe à passer à l’action. 

« Depuis l’adoption de la résolution 2773, 54 jours se sont écoulés, marqués par l’attente, l’inertie et la poursuite des violences. Sur le terrain, rien n’a changé. Les aéroports de Goma et Bukavu restent sous le contrôle du M23 et des RDF, tandis que les populations civiles endurent une multiplication des exécutions sommaires, des enrôlements forcés, des enlèvements et des atteintes graves aux droits humains », a dénoncé Thérèse Kayikwamba.

Face à ce qu’elle qualifie de violation « ouverte » de la résolution onusienne, elle a insisté sur la nécessité de mesures concrètes et de mécanismes de vérification renforcés, notamment à travers un mandat étendu pour la MONUSCO et une collaboration étroite avec le groupe d’experts des Nations unies.

« Une décision du Conseil ne peut rester sans suite, en particulier lorsqu’elle est ouvertement violée par un État qui contribue pourtant aux opérations de maintien de la paix », dit-elle.

*Des sanctions ciblées et une pression diplomatique accrue*

Par ailleurs, la ministre d’État a salué les premières sanctions imposées à l’encontre du Rwanda et du M23, tout en appelant le Conseil de sécurité à aller plus loin : « Les sanctions ciblées et la pression politique fonctionnent. Elles modifient les rapports de force, réduisent les soutiens extérieurs et favorisent les ajustements de posture ».

La cheffe de la diplomatie congolaise a également exigé au Conseil de sécurité des mesures « claires » pour l’agresseur de la RDC :

• Sanctionner la chaîne de commandement des RDF et les décideurs politiques impliqués ;

• Révoquer le statut du Rwanda comme pays contributeur de troupes ;

• Imposer un embargo sur les minéraux issus de l’exploitation illégale en RDC ;

• Mettre en place un régime de notification sur les transferts d’armes vers le Rwanda.

En outre, elle a lancé un appel à la communauté internationale pour l'urgence humanitaire en République démocratique du Congo.

« L’urgence humanitaire en RDC ne peut plus attendre. Il en va de notre devoir moral, mais aussi de la stabilité régionale », a-t-elle déclaré.

Enfin, Thérèse Kayikwamba Wagner a évoqué le génocide contre les Tutsis au Rwanda en 1994, tout en rappelant que les décisions internationales prises dans l’urgence avaient également semé les graines d’un conflit prolongé en RDC.

Raphaël Kwazi