Guerre d'agression : le Mécanisme national de suivi de l'Accord-cadre d'Addis-Abeba sollicite la tenue « urgente » de la 2ᵉ quadripartite EAC - CEEAC - CIRGL - SADC sous l’égide de l’UA

Samedi 1 février 2025 - 14:42
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Le Mécanisme national de suivi et de supervision de l’Accord-cadre d'Addis-Abeba lance un appel aux représentants des institutions garantes de l'Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la République démocratique du Congo et la région à poursuivre et sanctionner des responsables de l'armée rwandaise et du M23 après leurs attaques à l'arme lourde et légère contre la ville de Goma, chef-lieu du Nord-Kivu.

À en croire son coordonnateur, le professeur Ntumba Luaba Lumu, ces derniers doivent être poursuivis et sanctionnés pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre.

« Le Mécanisme national de Suivi de l’Accord-cadre de la RDC (MNS) considère qu’il est plus que temps, après les attaques à l’arme lourde et l’entrée en RDC au grand jour, par milliers, des militaires des unités spéciales rwandaises, pour ouvrir la voie à leurs proxys et collabos du M23, de poursuivre et de sanctionner les responsables bien connus, dans la hiérarchie politique et militaire du Rwanda et du M23, pour les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité et même des actes constituant des atteintes à la Convention des Nations Unies sur la prévention et la répression du crime de génocide », écrit-il dans son appel.

Au nombre des crimes commis dans la ville de Goma, il cite le carnage et le massacre « inqualifiables » du 26 au 29 janvier 2025, la poursuite d’assassinats ciblés, les coupures d’eau et d’électricité, avec des conséquences sanitaires incommensurables, le bombardement des hôpitaux et des camps des déplacés, mais aussi les exécutions sommaires.

« Il y a eu des bombardements indiscriminés sur Goma à partir de Gisenyi, avec de très nombreuses victimes au sein de la population civile, hommes, femmes et nombreux enfants, ainsi que des viols à volonté. Les victimes se comptent par milliers, dont au moins 700 morts, plus de 2.000 blessés et plusieurs milliers de déplacés internes, d’après les premières estimations. Messieurs les garants, des crimes graves, massifs et odieux ont été commis sous vos yeux. Même les soldats de la paix de la MONUSCO et de SAMI DRC n’ont pas été épargnés », souligne le professeur Ntumba Luaba Lumu.

Et de renchérir : « Il convient de ne pas mettre sur le même pied le bourreau (Rwanda) et la victime (RDC), l’agresseur et l’agressé. Comme vient de le stigmatiser le président de la RDC, S.E. Félix Tshisekedi Tshilombo, dans son adresse sur la dégradation de la situation sécuritaire à l’EST de la RDC : le Rwanda continue de violer ouvertement et sans scrupules les principes fondamentaux de la Charte des Nations Unies ainsi que les accords régionaux. Pire, ces agissements se déroulent dans une impunité totale… ».

Par ailleurs, le coordonnateur du Mécanisme de suivi de l'Accord-cadre d'Addis-Abeba affirme que « sans foi ni loi, avec une arrogance inouïe », le Rwanda a violé tous les textes fondamentaux dans une sorte de permissivité implicite de la part de la communauté internationale.

« Outre la Charte des Nations Unies et d’autres instruments de l’Union africaine (UA), il viole également, de manière flagrante, le Pacte de Nairobi sur la sécurité, la stabilité et le développement dans la région des Grands Lacs et ses protocoles. Le Rwanda a ignoré et piétiné tous les engagements des États de la région au titre de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba, notamment le respect de l’intégrité territoriale et la non-ingérence dans les affaires internes des pays voisins », soutient-il.

D'après lui, « le moment est venu de passer des condamnations formelles et des dénonciations sans conséquence à de véritables sanctions à l’endroit du Rwanda et de sa hiérarchie politico-militaire ».

« Le cas FDLR étant un problème rwando-rwandais, après trois décennies, doit pouvoir également trouver une issue politique par le dialogue entre le gouvernement de Kigali et le groupe armé précité. Il ne sera pas résolu uniquement par des moyens militaires. C’est devenu une rengaine interminable, une ritournelle sans fin et à tous usages, une excuse permanente à tous les actes de barbarie et de pillage des ressources, sans aucune identification de leur nombre et leur localisation », dit le professeur Ntumba Luaba.

Le Mécanisme national de suivi sollicite l’engagement des garants de l'Accord-cadre à obtenir la cessation des hostilités, ainsi que le retrait complet et inconditionnel de toutes les troupes rwandaises du territoire congolais et la neutralisation du M23. Il demande également une rencontre en urgence des garants de l'Accord-cadre, la convocation des réunions urgentes de leurs institutions respectives, mais aussi la tenue urgente de la deuxième réunion quadripartite (EAC, CEEAC, CIRGL, SADC) sous l’égide de l’UA, la première ayant été tenue le 27 juin 2023 à Luanda, en Angola.

Après des affrontements intenses, l'armée rwandaise et ses supplétifs du M23 ont pris le contrôle de la ville de Goma cette semaine. Selon l'ONU, le bilan de ces combats fait état de 700 morts et de plus de 2000 blessés. De son côté, Kinshasa parle de plus de 1000 morts. Dans son adresse dernièrement, le président Tshisekedi avait annoncé qu'une riposte « vigoureuse » était en cours pour reprendre la ville volcanique.

Prince Mayiro