Procès coup d'État : Christian Malanga détenait une carte d'électeur sous le nom de David Kumasamba (propriétaires de l'auberge Chez Momo)

Mardi 16 juillet 2024 - 19:51
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Christian Malanga, cerveau de la tentative du coup d'État du 19 mai 2024 en République démocratique du Congo, portait une carte d'électeur sous le nom de David Kumasamba. C'est avec cette carte qu'il s'est enregistré à l'auberge chez Momo où il a été logé, lui et les autres assaillants, avant le putsch manqué.

C'est ce qu'ont affirmé les propriétaires de cette auberge, Mata  Maguy et Ephraïm devant les juges du Tribunal militaire de garnison de Kinshasa/Gombe qui statuent sur cette affaire, à l'audience de ce lundi 15 juillet, à la prison militaire de Ndolo.

Ce couple qui a été arrêté le même 19 mai, après le coup d'État manqué, et qui comparaît parmi les 51 prévenus accusés, est poursuivi pour financement du terrorisme. Le ministère public l'accuse d'avoir logé, nourri et accordé des facilités aux assaillants avant l'opération.

Répondant aux questions des juges, Mata Maguy et son mari disent avoir reçu Christian Malanga comme tous les autres clients de l'auberge. Ils soutiennent n'avoir jamais eu un contact auparavant et n'avoir jamais été au courant d'un quelconque projet de renversement du régime en place.

"Je ne l'ai pas connu comme Christian Malanga. Il s'est présenté comme David Kumasamba. C'est à ce nom-là qu'il a été enregistré, après nous avoir brandi sa carte. C'est un commissionnaire du nom de Charles qui l'a amené. J'étais à la maison quand Olga, la femme qui s'occupe de guest house, m'a  appelé pour dire qu'il y a un client. Arrivé sur place,  M. David a apprécié l'endroit et m'a dit que son fils venant des USA allait le rejoindre avec ses deux amis. Son séjour allait du 23 avril au 23 mai à 12 h. Quelques jours après, M. David a été rejoint par les deux blancs en plus de son fils. On ne s'est jamais appelé. Il me faisait juste des notes vocales pour se plaindre de l'absence de l'électricité à l'auberge. Ni Olga, ni les autres agents, n'avaient remarqué un mouvement suspect de sa part ", a déclaré Mata Maguy.

Interrogé, son mari Ephraïm a aussi rejeté l'accusation selon laquelle il aurait financé le mouvement New Zaïre. Il dit n'avoir jamais eu un quelconque contact avec Christian Malanga. La seule fois où il lui a écrit au téléphone, c'était à cause des notes vocales qu'il envoyait à sa femme sur un ton élevé, à cause du manque d'électricité dans l'auberge.

" Même si je devrais jeter l'argent, ce n'est pas en finançant le terrorisme. Si le travail était bien fait au départ, je ne devrais même pas être là. Surtout, pas tous les deux avec ma femme. Vous avez mon téléphone. Vous pouvez vérifier et vous verrez qu'on n'a aucun contact avec David Kumasamba. La seule fois où j'ai eu à communiquer avec lui au téléphone, c'était pour réagir parce qu'il envoyait des audios à madame avec un ton inacceptable de mon point de vue. Je lui ai fait un message WhatsApp. Je lui ai dit que nous étions prêts à lui restituer son argent pour libérer la maison. Aucune fois, on ne lui a accordé un avantage quelconque ", a-t-il soutenu.

Selon le prévenu Ephraïm, la seule fois où il a parlé de vive voix avec Christian Malanga, c'était lors d'un karaoké organisé à l'espace Chez Momo. Il a affirmé que Christian Malanga lui a dit qu'il avait des activités minières au Kongo Central qui justifiaient son choix de loger à l'UPN plutôt qu'au centre-ville.

" Je l'ai vu pour la première fois le jour où il y a eu karaoké chez Momo. C'était la première fois qu'on le faisait malheureusement, ça a été la dernière. David Kumasamba était là avec des jeunes gens et nous les avait présentés. Je peux me rappeler que je lui ai posé la question de savoir pourquoi il a choisi d'être à l'UPN, pendant que c'est loin de la ville. Il m'avait dit qu'il avait des activités minières dans la province du Kongo Central et qu'il avait choisi d'être excentré de la ville", a-t-il ajouté.

Le Tribunal militaire de garnison de Kinshasa/Gombe a aussi interrogé au cours de cette audience deux  serveuses de l'auberge Chez Momo. Elles ont affirmé n'avoir jamais remarqué un mouvement bizarre de la part de Christian Malanga durant tout son séjour, voire la journée du 18 mai 2024.

Même réaction chez le gérant de l'espace Chez Momo. Il a cependant reconnu avoir été alerté par un cousin à lui avec qui il dormait la nuit du 18 au 19 mai de la présence de beaucoup de gens dans la parcelle, sans avoir eu le courage d'en parler aux propriétaires de l'établissement aussitôt.

Prenant la parole, le ministère public a persisté que les prioritaires de Chez Momo ont hébergé et financé la bande de Christian Malanga tout en étant conscients du projet du coup d'État.

Le Tribunal a bouclé la comparution de ces quatre prévenus en renvoyant la prochaine audience au vendredi 19 juillet prochain pour la poursuite de l'audition d'autres prévenus.

ODN