Kinshasa : Le gouvernement provincial appelé à « rétrocéder régulièrement les 40% dûs aux communes »

Jeudi 14 juillet 2022 - 18:38
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L’élaboration des budgets des Entités Territoriales Décentralisées (ETD) reste l’apanage des seules autorités avec l’appui des techniciens municipaux « tandis que les populations devant contribuer à la mobilisation des finances publiques par le paiement des impôts et taxes diverses, n’y sont pas associées ». 

À Kinshasa, les Comités Locaux de Gouvernance Participative (CLGP), organisations de la société civile, sous la coordination de la Commission Diocésaine Justice et Paix de l'Archidiocèse de Kinshasa (CDJP/Kinshasa), constatent une faible réalisation des besoins prioritaires choisis par la population dans les communes. 

Cet état de choses est causé par l'insuffisance des recettes dûes aux arrangements entre les agents recouvreurs et les assujettis, la difficulté de canalisation de certaines recettes vers la comptabilité des communes, l'irrégularité de la rétrocession de 40% par la ville de Kinshasa, la récupération de certaines taxes et redevances par la ville de Kinshasa et la non-organisation des élections municipales. 

Ces faits ressortent d'un travail de terrain effectué dans 5 communes (Matete, N'djili, Kalamu, N'sele et Gombe) par le CLGP. L'idée est donc de sensibiliser la population de Kinshasa sur l’importance de sa participation au processus du budget participatif au sein des communes.  

Pour rectifier le tir en vue d'impulser le développement à la base, le CLGP a, devant la presse ce jeudi 14 juillet 2022, recommandé à la ville de Kinshasa de rétrocéder régulièrement les 40% dûs aux communes et de respecter la nomenclature des taxes et redevances légales qui reviennent aux municipalités. 

Ils ont demandé au gouvernement provincial de rétrocéder la saisie et l'impression des imprimés des valeurs, confiées actuellement à l'entreprise Digitale, aux communes où les agents ont déjà été formés pour ce travail. 

« Cela permettra d'épargner les 50% des recettes payées à l'entreprise Digitale pour qu'ils contribuent à la maximisation des recettes des communes », a fait savoir Bertin Kanyinda, coordonnateur de CLGP. 

Dans le but de renforcer la redevabilité dans le chef des bourgmestres, le CLGP a appelé à l'organisation des élections municipales tout en invitant, par ailleurs, le Gouvernement à rétrocéder régulièrement à la province de Kinshasa les 40% des recettes exigées par la Constitution. 

S'adressant aux bourgmestres, ils leur ont demandé de faire montre d'une réelle volonté politique de mettre en œuvre le budget participatif et d'user de leur pouvoir pour que les priorités choisies par la population dans le cadre du budget participatif soient effectivement réalisées ; de publier le budget de leurs communes respectives ainsi que la nomenclature des taxes et de la vulgariser. 

Toujours dans la quête de donner aux communes les moyens de leurs politiques, le CLGP a exhorté la population kinoise de cultiver le civisme fiscal, d'éviter des arrangements privés avec les agents recouvreurs et de participer massivement aux forums des quartiers pour l'identification de leurs besoins réels pour leur prise en compte. 

Les Comités Locaux de Gouvernance Participative sont implantés dans les 24 communes de Kinshasa. Ils réalisent ce travail dans le cadre du projet « Futur Juste » mis en œuvre par la Commission Épiscopale Justice et Paix de la Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CEJP/CENCO), sous la coordination de Cordaid, avec l'appui financier du ministère des affaires étrangères des Pays-Bas. 

Merveil Molo