A peine crée, ce regroupement d’anciens barons de la Mp a su se positionner dans le peloton de tête des opposants.
On savait la Majorité présidentielle (MP) plurielle, hétéroclite et, pour emprunter au lexique religieux, œcuménique. Mais, ce sur quoi on ne pariait, c’était de voir des entrailles de la plateforme encore au pouvoir sortir un mouvement qui se positionne carrément dans l’Opposition. Incontestablement, 2015 aura été aussi une année…G7.
Au plus fort de la guerre froide, le sigle G7 renvoyait aux sept pays les plus industrialisés du monde occidental. Ou même du monde tout court. Voilà que sous les tropiques rd congolaises, G7 est mangé à la sauce locale. Sept autorités morales battant pavillon MP quittent (ou en sont débarquées) le navire présidentiel pour embarquer dans leur propre bateau. Un événement politique majeur à plus d’un titre.
D’abord, parce qu’au nom de la politique du tube digestif bien de chez nous, ce sont des opposants qui viennent à la soupe, et non ceux qui sont attablés qui désertent la mangeoire. L’histoire politique zaïro-congolaise est pleine de ces cas de figure. Ensuite, le poids politique de certains de leaders du G7. Pierre Lumbi, numéro 1 du Mouvement social pour le renouveau (MSR) drainait la deuxième force politique de la Majorité à la Chambre. Même dans la législature passée. En plus, l’ancien animateur de Solidarité paysanne - héraut de la version 90 de la Société civile- est réputé pour être un fin organisateur, doublé d’un grand stratège.
Charles Mwando Nsimba n’est pas qu’un chef d’un parti présent à l’Assemblée nationale comme dans les assemblées provinciales. A près de quatre-vingts ans, le leader de l’Union nationale des démocrates fédéralistes (UNADEF), est une grande figure de la politique zaïro-congolaise. Un homme qui allie compétence technique -sciences économiques- et expérience politique .Un crack de la territoriale qui connaît physiquement le pays comme sa poche. A l’instar de cet Est où il a été longtemps gouverneur du très problématique Kivu. A l’échelle du Katanga, Mwando fait figure de patriarche. Dans le Tanganyika, le " vieux " est une icône. A Moba, son fief électoral, inutile de se frotter au baobab.
Gabriel Kyungu Wa Kumwanza, leader de l’Union nationale fédéralistes du Congo (UNAFEC), est difficilement contournable sur l’échiquier politique katangais. Même post-découpage. Qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas, l’homme pèse lourd dans un espace aussi essentiel que symbolique pour le Régime. Le fait qu’on le surnomme " Baba " n’est pas qu’anecdotique.
Si l’on ajoute l’influence non négligeable du parti de José Endundo, parti démocrate- chrétien (PDC) en pays Mongo, à l’Equateur, et la représentation assez significative de l’ARC de Kamitatu au sein de l’Hémicycle, on voit bien que les majors du G7 ne sont pas du menu fretin.
Enfin, le G7 c’est aussi et-surtout ?- l’ombre de Moïse Katumbi Chapwe. Cet homme, qui n’est plus à présenter pourrait bien être la carte électorale de la plateforme chère aux Mwando, père et fils. Ancien gouverneur du Katanga, patron hors pair de la plus titrée des équipes de foot congolaises, homme d’affaires, Moïse Katumbi a achevé, depuis longtemps, de se faire un nom et même un prénom. Pas exclu que l’on retrouve ce sportif dans le vestiaire avant le coup d’envoi du match…présidentiel.
Alors, faudra-t-il compter avec le G7 en 2016 ? A priori, oui. Ce regroupement regorge de suffisamment d’atouts pour ne s’avérer qu’un météore. Déjà, à peine positionné au sein de la très composite opposition, le G7 marque son territoire. A la Chambre comme dans les assemblées provinciales. Mais aussi sur terrain. Pour le reste, difficile de faire des projections sur une scène politique de plus mouvantes. Dans un paysage politique où les alliances répondent, la plupart du temps, à des logiques où l’idéologie ne compte presque pas, parier sur un regroupement ou un homme politique relève d’une gageure.
Trêve de projection donc. Une chose est sûre, c’est que la marque G7 a su se positionner sur le marché politique et se fixer dans la tête des Congolais en 2015. Pas évident dans un pays où des organisations - politiques, sociales, religieuses…- poussent comme des champignons. Avec leur lot de … sigles. JN