A Bandalungwa, le Fisc défie le gouvernement provincial de Kinshasa, invente un super impôt, se tape le jackpot et se saoule à mort !
Décidément, il n’est pas bon dans ce pays de créer des petites activités à même de contribuer à résorber le chômage et soutenir les familles pauvres. C’est ce qu’ont dû penser les habitants de la commune de Bandalungwa, précisément ceux du quartier Adoula, après avoir vu déferler chez eux, mercredi dernier, des agents de la Direction générale des impôts –DGI- venus fermer boutiques, échoppes et ligablo au nom d’un impôt dont la nature n’a jusqu’ici pas été précisée.
Plusieurs témoins interrogés indiquent que les agents de la DGI à la tête de cette incroyable razzia ne disposaient pas du moindre ordre de mission signé par l’autorité compétente. Pas plus qu’ils n’ont brandi ni note de taxation ni note de perception. Contrairement à la disposition impérative selon laquelle toute recette destinée au trésor public doit être encaissée par voie bancaire, ces agents, comme dans un pays conquis ou une République bananière, se sont contentés de menacer les propriétaires, souvent des pauvres mamans démunies et analphabètes, de cadenasser les boutiques des propriétaires récalcitrants, avant d’encaisser manuellement des sommes allant de CDF 30.000 à 80.000 en échange d’un simple bout de papier valant reçu. Ils ont promis de repasser cette semaine pour encaisser le solde de leur chevauchée fantastique dans ce nouveau far west de nos délinquants en col blanc...
Le plus choquant dans toute cette histoire est que ce super impôt a déjà fait l’objet d’échanges aigre- doux d’amabilités entre l’Hôtel de Ville et la DGI, le gouverneur André Kimbuta Yango tapant même du poing pour dire que trop c’était trop, dans la mesure -et cela est vrai- où tous ces vendeurs de quartier sont assujettis à la patente, dont la campagne de recouvrement est déjà annoncée pour ce mois de juillet. La question est donc triple: Kimbuta Yango va-t-il laisser faire sans réclamer des sommes indûment encaissées par des agents indélicats, compte-t-il exiger le remboursement de cet argent à l’initiateur et bénéficiaire de ce racket ou, impuissant, va-t-il se contenter à son tour de percevoir allégrement sa patente, soumettant du coup ces populations démunies à un double ou triple impôt?
Cerise sur le gâteau, comble d’ironie ou, tout simplement preuve parfaite que l’affaire n’aura été qu’une triste aventure pour se sucrer sur le dos du petit peuple, tout ce beau monde du Centre d’impôts synthétiques -CIS/ Bandal-, après sa razzia, s’est retrouvé à la terrasse appelée Eyi Siki Siki, où la boisson a coulé à flots jusqu’à des heures indues, scandalisant tout le quartier.
Certes, l’affaire pourrait passer pour un simple fait divers aux yeux de tous ceux pour qui CDF 80.000 c’est à peine ce qu’il faut claquer en une soirée en bonne compagnie, entre quelques bouteilles de bière et brochettes pimentées à la sauce malewa. Mais à l’échelle des familles démunies, elle résume le drame de ces populations vulnérables utilisées comme paillasson par les plus puissants d’entre nous, malmenées par des fonctionnaires indélicats, incapables de se défendre et n’ayant pour seul avocat qu’un Etat lui-même déjà passé au stade de la prédation et de la délinquance réunies. A moins que Kimbuta Yango se remobilise, et apporte la preuve qu’il n’est pas le haut som... que ses détracteurs prétendent.
AMBA NKUAMBA
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