Les détracteurs du bureau de la Centrale électorale congolaise recourent
à toutes sortes d’astuces pour tenter de justifier leur coup.
Règlement des comptes, voilà, aux yeux de bon nombre d’observateurs, le sentiment qui anime certains milieux politiques actuellement. C’est ce qui justifie la démarche à laquelle on assiste déjà et dont très visiblement, la Commission électorale nationale indépendante est la cible. Tout est mis en œuvre afin de faire tomber le bureau dirigé par André Mpungwe en l’absence de l’abbé Apollinaire Malumalu. Pourtant, les prétextes avancés pour la circonstance ne résistent nullement à la vérité. Faut détruire et recommencer tout ce qu’on a mis du temps à construire juste pour satisfaire des appétits goutons de certains acteurs politiques, s’interrogent la plupart des observateurs. Ils ne s’expliquent pas qu’au moment où le processus électoral poursuit son chemin et tente de prendre la dernière droite, que des initiatives visant à tout ramener à la case de départ aient droit de cité comme si rien n’avait été fait jusque-là. Pourtant, la Ceni étant prête, c’est une question de moyens.
Complot contre la Ceni. Voilà qui, de l’avis des observateurs, résume vraiment la gesticulation qui tente de prendre corps dans les rangs de certains faucons se recrutant parmi les acteurs politiques. Toute une conspiration visant le bureau de la Centrale électorale congolaise en l’absence de son président, l’abbé Apollinaire Malumalu. Une situation qui risque, contrairement à la tradition en matière politique, de pousser les loups à se manger. Car, le règlement des comptes envisagé peut également emporter tout l’édifice construit avec peine pour mettre en place l’actuel bureau de la Commission électorale nationale indépendante. Alors qu’en réalité, c’est plutôt l’indépendance, la neutralité ainsi que l’impartialité qui sont surtout requises pour organiser des élections dignes de ce nom. Surtout lorsqu’on sait que la Ceni doit organiser au total onze scrutins en moins de vingt mois. Or, le temps n’étant pas le meilleur allié, il importe d’accélérer pour respecter le calendrier électoral.
DES PRETEXTES JUGES FALLACIEUX POUR JUSTIFIER LE COMPLOT
Des prétextes, ce n’est pas ce qui manque aux partisans du complot contre la Ceni sur fond de règlement de compte. Ils alignent, en première position, l’état de santé du président Malumalu. Vient en seconde position, la démarche de l’Opposition qui exigerait, dans son mémorandum, un peu plus de lumière sur la gestion actuelle de la Ceni qui serait, en l’absence de son président, entre les mains d’un membre du PPRD. Le troisième prétexte reposerait sur le dialogue politique à venir pour voir ce qui peut être accordé à l’Opposition pour apaiser la tension, donc juste comme un appât. Tout est enveloppé sous forme de recherche de la cohésion nationale. Mais, en réalité, tous ces stratagèmes ne sont pas de nature à calmer les esprits. Car, on ne peut pas donner l’impression de chercher la cohésion nationale avec l’Opposition lorsqu’à l’interne, le débat de fond n’a pas encore été vidé de toute sa substance, c’est-à-dire que des questions majeures n’ont pas jusque-là été réglées.
Ce qui pousse les observateurs à parler d’une démarche biaisée. Car, sans chercher à contrecarrer la vision du chef de l’Etat sur le rapprochement avec tous, la Ceni, rappellent les observateurs, n’est pas du tout un espace de partage. C’est l’indépendance, la neutralité et l’impartialité qui sont requises et il faut y mettre des gens faisant preuve de professionnalisme, d’habileté et surtout de maîtrise dans leurs fonctions. Mais, prétendre qu’il faut à tout prix désintégrer le bureau actuel, c’est purement et simplement compromettre les chances de réussite du processus électoral.
A ce jour, la Ceni a déjà lancé l’opération de réception des candidatures, lancé l’opération de recrutement du personnel avec le concours de Cadicec, plusieurs formations ont été assurées aux cadres supérieurs et moyens. Tout ce qui reste, c’est de recevoir des moyens pour accomplir la tâche. Dès lors, freiner cet élan, c’est compromettre les chances de réussite en prêtant le flanc à ceux qui pensent que la Ceni chercherait à favoriser le glissement tant redouté. On semble même oublier de sitôt comment la Commission électorale nationale indépendante s’était activée pour produire le calendrier global des élections.
ON CHERCHE A DESTABILISER LE COMITE DIRIGE PAR ANDRE MPUNGWE
Pour les observateurs, tout est clair : on cherche seulement à déstabiliser le comité dirigé par André Mpungwe. Sinon, comment ne pas comprendre que lorsqu’il ne s’agissait que d’un calendrier partiel, la tension était montée et qu’une fois le calendrier global avait été publié, la même tension avait baissé. Ce qui démontre à suffisance que la Ceni veut réellement faire son travail, c’est-à-dire celui de conduire le processus électoral jusqu’à son terme.
Dès lors, chercher à déstabiliser son comité, c’est naviger à vue et c’est la meilleure façon de mettre de l’huile au feu. Pour la simple et bonne raison que s’il n’y a plus d’élections, il y aura des tensions ou conflits sociopolitiques s’inscrivant sur la lancée des évènements enregistrés en janvier dernier. Comme on s’en rend vite compte, le moment et la cible sont mal choisis parce que le travail se fait. S’il faut mettre le paquet pour les élections, aligner des observateurs, auditer le fichier électoral, cela se comprendrait.
Mais, quant à la tentative visant à faire tomber la Ceni dans sa configuration actuelle, cela ne servirait qu’à nuire à l’ensemble du processus. Surtout lorsqu’on sait qu’en moins de vingt mois, il faut organiser onze scrutins dont cinq directs et six indirects. Si l’on déraille le processus, il faudra alors concevoir un autre calendrier. Et s’il faut placer d’autres personnes, le temps de les installer et de mettre la main à la pâte, ce serait de l’éternel recommencement. Pour cela, s’il n’y a pas de raisons majeures constitutionnellement plausibles pour justifier cette démarche, autant laisser le bureau actuel poursuivre son travail. La grande bataille que l’on ne semble pas comprendre, c’est celle de l’indépendance de la Ceni. Des pressions auxquelles on assiste actuellement sont inutiles. Car, on ne peut pas mener la démarche en gestation, soulignent les observateurs, sans violer la Constitution. Que des politiciens trouvent un autre moyen pour régler leurs problèmes. Le vice-président André Mpungwe, qui dirige le comité en l’absence de Malumalu, devrait en réalité, concluent les observateurs, être protégé pour éviter tout retour à la case de départ.
EVITER DE REVENIR SUR LES IRREGULARITES DES ELECTIONS DE 2011
Après la triste expérience réalisée en 2011 sous le comité dirigé par Daniel Ngoy Mulunda, on devrait éviter de perturber le comité actuel de la Ceni pour lui permettre de mieux organiser les élections cette fois-ci. Commencer à exercer des pressions sur André Mpungwe, c’est chercher à ouvrir la voie à toute sorte à des germes de destruction. On cherche visiblement à placer un grain de sable dans l’engrenage afin de bloquer la machine. L’indépendance de la Ceni est protégée par des garde-fous légaux. L’article 22 de la loi organique du 19 avril 2013 modifiant et complétant la loi organique du 28 juillet 2010 portant organisation et fonctionnement de la Ceni est clair : « Dans l’accomplissement de leur mission, les membres de la Ceni ne sollicitent ni ne reçoivent d’instructions d’aucune autorité extérieure, jouissent de la totale indépendance par rapport aux forces politiques qui les ont désignés ». La loi est claire lorsqu’on considère l’article 22.
L’article 24 ter de la même loi ajoute un élément de plus lorsqu’il précise : « Les décisions relatives aux opérations préélectorales, électorales, postélectorales et référendaires proprement dites sont prises collégialement par l’ensemble des membres du bureau ». Pas de raison de s’acharner sur André Mpungwe si les membres du bureau ne représentent plus leurs partis politiques. Il s’agit à ce stade du respect des lois. Dès qu’ils avaient prêté serment, les membres du bureau de la Ceni s’étaient engagés à jouer pleinement leur rôle sans recevoir des instructions du monde extérieur à leur structure. Pourquoi en vouloir alors à André Mpungwe ? On se trompe tout simplement de cible. Il faut, au contraire le laisser faire son travail pour éviter le scénario vécu sous le comité dirigé par Daniel Ngoy Mulunda. Car, il ne suffit pas seulement de porter de temps en temps la soutane pour être crédible. Sinon, en 2011, on aurait eu des élections parfaites. M. M.