TROP, C’EST TROP : Les députés veulent en finir avec Boshab

Mercredi 9 décembre 2015 - 12:19

Le vice-premier ministre chargé de l’Intérieur et Sécurité est dans le collimateur des élus du peuple qui ont déposé une motion de défiance contre lui. Ils lui reprochent d’entretenir la cacophonie dans l’organisation des provinces avec la nomination des commissaires spéciaux. Une démarche « anticonstitutionnelle » dont il est l’initiateur.

 

Au lieu d’apporter des solutions pour la République, la plupart d’initiatives du Vice-premier ministre chargé de l’Intérieur et Sécurité, Evariste Boshab, deviennent souvent des vrais problèmes à gérer pour l’Etat. Le cas de sa démarche qui a abouti, contre la volonté de la Constitution, à la désignation des commissaires spéciaux à la tête de nouvelles provinces au lieu de l’élection de nouveaux gouverneurs de ces entités issues du découpage territorial.

 

De quoi irriter les députés nationaux. Ils ont été une cinquantaine d’élus du peuple à déposer, le lundi 7 décembre, une motion de défiance contre celui qui s’occupe de la territoriale au sein du gouvernement. Pour avoir initié une action qu’ils qualifient d’illégale, Evariste Boshab doit purement et simplement quitter l’exécutif national, signent vivement ces députés nationaux. Ils veulent ainsi en finir, une bonne fois pour toute, avec un personnage qui ne cesse de commettre des bourdes dans ses décisions. Lesquelles attisent bien souvent le feu, mettant ainsi le gouvernement, le chef de 1’Etat et voire tous les Congolais dans une équation difficile. Une litanie de décisions aux effets boomerangs.

 

L’homme aura beau justifier que « le gouvernement n’a fait qu’exécuter une injonction de la Cour constitutionnelle pour rendre gouvernables les 21 provinces suries 2 que compte notre pays », mais cet argument est balayé d’un revers de la main par les élus nationaux. Ces derniers démontrent que la Cour constitutionnelle, en demandant au gouvernement de prendre des « mesures exceptionnelles », ne l’avait pas autorisé à prendre celles qui violeraient, la Constitution. Le jeu de mots « commissaires spéciaux» au lieu de « gouverneurs de provinces » ne change rien dans cette « violation grave de la Constitution », selon les auteurs de la motion. Surtout que tous les commissaires spéciaux sont débauchés au sein des partis de la Majorité présidentielle, en tête d’affiche le PPRD (Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie). «Le fait d’utiliser abusivement l’arrêt de la Cour constitutionnelle est immoral et politiquement incorrect », selon le député Clément Kanku. Lui et ses collègues disent « trop, et trop » aux décisions « dictatoriales ». d’Evariste Boshab. Décidément, depuis qu’il est nommé au sein du gouvernement, le patron de l’Intérieur et Sécurité ne fait rien qui puisse manquer d’être au cœur des controverses. Ses déclarations, décisions et autres démarches ont souvent des effets boomerangs contre 1’Etat. Certaines ont même failli installer le chaos dans le pays. Comme celle qui avait provoqué le soulèvement de la population le 19, 20 et 21 janvier. A la base: un projet de loi électoral controversé sorti tout droit des placards du ministère de l’Intérieur et Sécurité. Avant de cogiter l’idée des commissaires spéciaux, Boshab s’était donné le droit, en juillet dernier, de se substituer au président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) en publiant le chronogramme de l’organisation des élections de gouverneurs de nouvelles provinces. Ce, dans la foulée de l’élaboration d’un projet de loi sur la répartition de sièges pour les élections locales, municipales et urbaines jugé incohérent au Parlement. Plus loin avant sa nomination dans le gouvernement, beaucoup retiennent de l’ancien président de l’Assemblée nationale notamment le scandale du « détournement» de près de 2 millions de dollars destinés au paiement du personnel administratif de la chambre basse du Parlement en 2012. Alors directeur de cabinet du chef de 1’Etat, des sérieux soupçons de détournement de plus de 30 millions de dollars de la SNEL en provenance de Congo-Brazzaville ont et continuent à peser sur lui.

 

Tous ces exemples, comme tant d’autres, construisent, de Boshab, la réputation’ d’un homme d’Etat problématique que les députés nationaux ne veulent plus supporter. Même si, dans les couloirs de l’hémicycle, certains parlent de la circulation des espèces sonnantes et trébuchantes pour sauver sa peau.

 

Par Junior MAWETE