SUPERVISION ET ACCOMPAGNEMENT DU DIALOGUE LES PRÉCISIONS DE ME STANLEY MBAYO

Lundi 15 juin 2015 - 05:39

L’Accord précise que la MONUSCO n’a que le rôle de soutien logistique au Gouvernement ", prend soin de rappeler l’élu de Kabongo au Katanga
Le dialogue politique national qui pointe à l’horizon demeure au cœur de l’actualité politique en RDC. Raison pour laquelle, Me Stanley Mbayo, élu de Kabongo au Katanga, n’entend pas rater l’occasion de remettre les pendules à l’heure. Membre de la Majorité présidentielle, ce juriste qui n’est plus du tout à présenter remet les pendules à l’heure à propos de l’Opposition qui exige une personnalité étrangère pour présider aux destinées des Congolais et de l’opportunité même d’organiser un dialogue politique après les Concertations nationales qui ont abouti à la cohésion nationale. Que le Raïs " ait convoqué les consultations en vue d’organiser un dialogue politique, je pense que le moment est opportun d’autant plus que nous avons l’Accord-cadre d’Addis-Abeba qui, en son point 5, dans les engagements nationaux, demande la mise en œuvre des réformes structurelles des Institutions de l’Etat ". Mais, quid de la disponibilité de Martin Kôbler, le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies en RDC, d’offrir ses bons offices ? Réponse de Stanley Mbayo : " Le chef de l’Etat congolais est le garant même de l’exécution des engagements nationaux. Pour la supervision et l’accompagnement, il y a le Mécanisme national de suivi. L’Accord précise que la MONUSCO n’a que le rôle de soutien logistique au Gouvernement ". Cet homme qui ne manque pas d’arguments pour justifier ses points de vue étale, à travers son interview, des arguments massue pour convaincre même les plus sceptiques. Découvrez l’interview qu’il nous a accordée.
L’actualité en RD-Congo demeure focalisée sur les consultations présidentielles. Pensez-vous que le moment était venu pour organiser le dialogue dans notre pays ?
Le dialogue doit être permanant dans une démocratie. Le chef de l’Etat venait d’organiser les consultations, c’est son droit. Il est en même temps le garant de la Constitution et du bon fonctionnement des Institutions de l’Etat. A ce titre, à tout moment, le chef de l’Etat peut de ce fait consulter les acteurs politiques, les forces vives et même la population directement. Qu’il ait convoqué les consultations en vue d’organiser un dialogue politique, je pense que le moment est opportun d’autant plus que nous avons l’Accord-cadre d’Addis-Abeba qui, en son point 5, dans les engagements nationaux, demande la mise en œuvre des réformes structurelles des Institutions de l’Etat… Il n’y a pas trois possibilités, même pas deux … que d’organiser un dialogue politique avec des acteurs politiques afin de dégager les thématiques. Déjà, dans son discours d’investiture, le chef de l’Etat avait dit qu’il sera le président de tous les Congolais. Lors de son discours d’investiture, il avait même annoncé qu’il y aurait quelques fils du pays issus de l’Opposition politique au sein du Gouvernement. Ce qui a été matérialisé. Tel l’accord global et inclusif de Sun city qui prévoyait la réforme structurelle des Institutions de l’Etat, tel l’Accord-cadre aussi prévoit la réforme structurelle des Institutions de l’Etat. Ceci voudrait qu’on ait un large consensus politique pour y arriver. De ce point de vue, c’est vraiment opportun d’organiser un dialogue politique. D’ailleurs, la Constitution donne au Président le droit de consulter directement la population.

Ce dialogue a été longuement réclamé par certains acteurs politiques qui se rebiffent aujourd’hui. Votre lecture ?
En démocratie, il y a fondamentalement la liberté d’expression et d’opinion. On peut avoir une opinion et la changer, c’est normal. Mais seulement, ça devient dangereux lorsqu’on quitte du vrai vers le faux. Je prends l’exemple de Vital Kamerhe, le président de l’UNC. Le 26 février 2013 à Fatima, Kamerhe avait officiellement nommément cité le chef de l’Etat Kabila à qui il avait demandé de convoquer le dialogue en vue de procéder à la réforme structurelle des Institutions de l’Etat. Il avait même insisté en disant que c’était un engagement solennel que le Président avait pris devant ses pairs africains, devant la SADC et devant les Nations unies. Un accord international a prééminence sur les lois internes et même sur la Constitution. Ça devient bizarre que le même Kamerhe parlant au nom de l’UNC puisse changer délibérément pour prendre une voie tout à fait contraire à celle que nous estimons être véridique. Ce qu’il vient de faire en se rebiffant, nous pensons logiquement que c’est ce qu’il ne devait pas faire. L’OCEP définit la corruption comme étant le fait de ne pas faire délibérément ce qu’on devait faire et/ou, le fait de faire délibérément ce qu’on ne devait pas faire. Là, voyez-vous, c’est tout simplement esprit corrompu. La déclaration du 26 février à Fatima, Kamerhe l’avait tenue en tant que Congolais, avait-il dit. Aujourd’hui qu’il se rebiffe, a-t-il cessé d’être Congolais ? Ou s’est-il rendu compte lui-même qu’il n’est pas Congolais ? Sans l’Accord-cadre, le Président a le droit d’initier, si nécessaire, les consultations politiques ou même directement consulter la population ou à travers ses représentants qui sont des élus. La Constitution lui en donne le droit.

Estimez-vous qu’il y aurait une différence entre le dialogue et les Cncertations nationales ?
Il y a une nette différence. En 2013, c’est la cohésion nationale qui était poursuivie. Nous avions une rébellion à l’Est et certaines personnalités de l’Opposition politique avaient commencé à aller rejoindre cette rébellion. On avait estimé qu’on devait organiser les Concertations pour organiser un camp de la patrie. C’est comme ça que vous avez vu une certaine opposition républicaine qui est l’antipode de la rébellion armée réfléchir avec le Gouvernement et d’autres forces vives de la nation pour chercher comment endiguer ce qui se passait à l’Est. Et les Concertations nous ont permis d’arrêter cette hémorragie. Maintenant, nous sommes dans une autre étape. Même après le dialogue, s’il existe toujours des divergences, le Président pourra toujours convoquer d’autres assises. C’est dans son droit.

Il y a une partie de l’Opposition qui dit si dialogue il y a, ça doit être pour parler des élections et non d’autre chose. Vous êtes aussi de cet avis ?
Ça, c’est une partie de l’Opposition. Mais, nous avons tous suivi, par exemple, le collègue Ne Muanda Nsemi qui est allé jusqu’au fond de l’Accord-cadre en réclamant les réformes exigées par cet Accord. Je n’ai pas suivi le même collègue par exemple évoquer ce cas. Les cahiers des charges ont été déposés au chef de l’Etat et nous n’en connaissons pas le contenu. C’est dans le pouvoir discrétionnaire du chef de l’Etat. Dans ces cahiers des charges, tout le monde a mis ses désidérata. Quand on ira au dialogue, les gens qui ont pour préoccupation les élections se retrouveront dans leur sous-commission, ceux des réformes dans la leur, etc. Ca ne va pas du tout s’arrêter là. La souveraineté revient au peuple. Le chef de l’Etat verra. S’il y a des résolutions qui appellent une consultation au premier degré, on fera appel au Parlement. Au cas contraire, le Chef pourra initier une consultation de la population en vertu du pouvoir qui lui est reconnu par la Constitution.

Il y a certains acteurs politiques et même de la société civile qui estiment que le dialogue doit être convoqué soit par le représentant spécial du Secrétaire général des Nations-Unies, soit par une personnalité étrangère. Quel est votre point de vue ?
Je n’ai pas un point de vue personnel comme ces gens-là ne doivent pas avoir de point de vue quant à ce. L’Accord-cadre définit tout. Le chef de l’Etat est le garant de l’exécution des engagements nationaux. Pour la supervision et l’accompagnement, il y a le Mécanisme national de suivi. L’Accord précise que la MONUSCO n’a que le rôle de soutien logistique au Gouvernement. Plus loin, l’Accord dit que c’est l’envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies dans la région des grands lacs qui a la mission de promouvoir le dialogue. On reconnait à celui-ci cette tâche parce qu’il a la largesse de voir ceux qui sont en dehors du pays et parler avec eux afin qu’ils participent au dialogue. C’est une corruption que de chercher à tripatouiller un accord international. C’est un non lieu. J’ai suivi même au sortir de l’audience avec le chef de l’Etat, Martin Kobler proposer ses bons offices. Mais, entre qui et qui ? Nous sommes dans le cadre de l’Accord et cet accord ne lui en donne pas la possibilité. Il est limité par la convention de siège et tous les autres instruments qui justifient sa présence au Congo. Il ne faut pas aller au-delà de ce qu’on est censé. Ni faire moins non plus. Surtout que, quand on est diplomate, on est soumis à une certaine discipline. Que nos frères de l’Opposition comprennent que nous évoluons dans une République. Une République est régie par les lois nationales, par la Constitution et par des Accords et traités internationaux. Violer intentionnellement la loi est une rébellion. M. M.