En juin dernier, le Président Joseph Kabila bouclait ses consultations de la classe politique et des forces vives de la nation, en prévision du dialogue politique réclamé par l’opp9sition, surtout à cause du calendrier global des élections publié par la CENI quatre mois auparavant, mais jugé irréaliste. A l’approche de ce rendez-vous, annoncé pour ce dimanche 15 novembre, la classe politique se trouve divisée sur l’importance et l’opportunité de ce forum.
Le sujet fait l’unanimité au sein de la société civile et pourtant divise l’opposition.
Ainsi, l’UDPS d’Etienne Tshisekedi a décidé de faire cavalier solitaire en soutenant le dialogue à fond. Cette opinion est également partagée par l’opposition dite républicaine (UFC et MLC/libéral) qui siège au Gouvernement.
Quant à la «Dynamique de l’opposition» composée notamment de l’UNC de Vital Kamhere, du MLC de Jean-Pierre Bemba, elle s’est toujours opposé à la tenue du dialogue, même si depuis la clôture de sa convention, elle a opté pour une tripartite «Majorité-Opposition-Societé civile», sans vraiment démontrer la différence d’avec le dialogue.
Enfin l’opposition dite du G7 incarnée par les frondeurs de la Majorité, avec le Msr, l’Unafec, l’Unadef, l’Arc,le Pdc,l’Aco, ne donne pas jusque là une position claire sur cette question.
Une chose paraît inéluctable: le dialogue se tiendra grâce à l’adhésion de la majorité des forces politiques et sociales du pays ainsi -que des partenaires extérieurs de la RDC qui souhaitent une solution concertées aux problèmes et contraintes qui bloquent le processus électoral.
Comment l’opinion nationale juge ce forum politique et que pense-t-elle des avis des uns et des autres? Dans un domaine purement sociologique, quel est le poids réel des différentes composantes politiques congolaises au moment où la RDC s’apprête à organiser ce énième forum politique?
En vue d’apporter la réponse à cette série de question, Les Points a organisé un sondage d’opinions, du 05 au 06 novembre 2015, dans la ville de Kinshasa, sur un échantillon de 1000 personnes pour connaître les proportions réelles de chaque protagoniste politique sur le terrain.
Pour les besoins de compréhension des sondés, nous avons schématisé la classe politique en trois principales composantes:
1. la MP et Alliés (Pprd et le Palu).
La Majorité présidentielle, a le contrôle des manettes du Pouvoir et de l’action publique, dispose d’une totale implantation à l’échelle nationale ainsi que d’une capacité de mobilisation inégalée.
Dans cette composante, le PALU prend la tête de file des partis politiques regroupés aux seins de la majorité avec 32%, il se fait suivre de la CCU de Lambert Mende Omalanga qui, avec le PPRD font respectivement 17%.
L’ECD de Felix Kabange Numbi arrive à la quatrième marche avec 8% et se fait suivre de l’AFDC de Bahati Lukwebo qui totalise 6%. Avec 3%, le CNC de l’honorable Puis Mwabilu clôture la liste des partis ayant réalisés plus de 1%.
2. L’opposition institutionnelle
L’opposition républicaine profite largement de son partenariat actuel avec la MP pour se donner des moyens de sa politique et pour étendre ses zones d’influence sur le terrain et dispose d’une capacité relative de mobilisation. Reste à savoir si le cas échéant, elle sera disposée à renvoyer l’ascenseur à son allié.
Cependant, elle est affaiblie, par sa moindre représentativité dans d’autres institutions où elle doit faire ses preuves.
Dans cette composante seul l’UFC de Léon Kengo wa Dondo est visible sur le terrain et se fait aussi remarquée par la qualité du travail abattu par ses représentants au sein du Gouvernement de cohésion nationale. Elle s’arroge un total de 77% contre 4% pour son allié, le MLC- Libéral.
3. Opposition non Institutionnelle
Très divisée et fragile, elle a été classée en trois sous composantes:
a) UDPS qui joue en solo. Elle est implantée au niveau national, ses millions de combattants totalement dévoués, son expérience politique et le charisme de son leader lui confère sans conteste la capacité de jouer en solo et même de se poser comme acteur incontournable de l’opposition. On voit mal pour le moment une opposition crédible sans l’Udps. Cependant, ce parti connaît actuellement une forte crise dont l’élément déclencheur est la succession d’Etienne Tshisekedi.
Aussi, elle s’en ira au dialogue sans régler le problème de sa représentation au sein de l’Assemblée nationale. La reconnaissance du groupe Badibanga longtemps considéré comme auto-exclu serait une nécessité. Elle arrive à la tête des partis de l’opposition avec 83% et se fait suivre des partis regroupés au sein de la dynamique de l’opposition.
b) Au sujet de la dynamique de l’opposition, sa position jusqu’auboutiste sur le dialogue risque de la fragiliser et de conduire à un certain isolement. La Dynamique comprend environ une vingtaine de formations politiques mais sa capacité de mobilisation reste faible comme démontré lors de sa dernière sortie publique à N’djili. En plus, sa tendance à toujours s’opposer aux concertations et autres dialogues permettant de reconstruire la paix en RDC ne semble pas rencontrer l’unanimité au sein de l’opinion. Ce groupe est dominé par la plupart des personnalités plus connues que leurs partis politiques.
A la tête, trône l’UNC de Vital Kamerhe (8%), dont l’écart avec l’UDPS est de 75%.
c) Par ailleurs, l’opinion doute encore du positionnement du G7 au sein de l’opposition compte tenu de son implication dans la construction de la Majorité Présidentielle. Aussi, le passé politique pas toujours reluisant de la plupart de ses leaders et leur propension à la trahison de leurs alliés au gré des intérêts politiques ne facilitent pas les choses. Difficile donc d’estimer leur assise sur terrain, après la désertion de plusieurs de ses cadres restés à la MP. Le G7 est pris par le syndrome de 1’UNC.
Toutefois, l’un de leur parti, le MSR est parvenu à s’imposer dans l’opinion parmi les partis populaires dans la ville de Kinshasa, loin de plusieurs partis de la dynamique de l’opposition. Il totalise 2%.