La question d’actualité n’appelant pas de débat, les sénateurs ont la latitude de recourir à la question orale avec débat et même à l’interpellation en vue des éclaircissements sur cette question
Evariste Boshab, Vice- Premier ministre, ministre de l’Intérieur et sécurité était hier mardi 14 avril devant la plénière du Sénat pour répondre à la question d’actualité lui posée par le sénateur Adambu Lomanisa en rapport avec la fosse commune de Maluku, sujet encore à la une de l’actualité.
De manière tout à fait laconique, le sénateur a recouru auprès du Vice-Premier ministre pour qu’une clarification soit donnée à la plénière du sénat, et à travers elle à toute la population congolaise sur cette question brulante de l’heure.
Par la même occasion, le Vice-Premier ministre devrait fournir des précautions, dans le cas d’espèce, au regard des droits de la personne humaine.
Alors que dans son introduction, il venait de faire une sorte de serment en déclarant que le gouvernement n’a rien à cacher, et qu’il ne dira que la vérité, Evariste Boshab a vite fait de revêtir son manteau de professeur de droit public et privé à l’Unikin.
Néanmoins, en sa qualité de ministre en charge de l’Intérieur et sécurité, il a donné les résultats de l’enquête administrative initiée à ce propos et demandant au gouvernement de la ville de Kinshasa de lui fournir des éléments utiles pouvant lui permettre d’informer le gouvernement, le peuple congolais et les associations de défense des droits de l’homme.
Les résultats de l’enquête indiquent qu’il n’y a pas eu de fosse commune en ce que la terminologie connote une sorte de massacre et une précipitation pour enterrer les morts dans des conditions indécentes, afin de cacher la vérité. Il n’y a donc eu ni crime contre l’humanité, ni tentative de génocide comme ce serait le cas.
En second lieu, l’enquête reconnait qu’il y a eu effectivement inhumation collective le 19 mars 2015 au cimetière Fula Fula de la commune de Maluku, où 421 corps ont été enfouis dans le sol. Mais, précise l’enquête, il s’agit de corps délibérément abandonnés, des fœtus, des mort-nés, des indigents ou des inconnus.
Comment en est-on arrivé la ? C’est la question du droit, rétorque le professeur. L’organisation, la gestion des pompes funèbres et des cimetières relèvent de la compétence du conseil urbain ainsi que du conseil de secteur ou de chefferie.
L’inhumation collective incriminée n’est pas la 1ère du genre. Le 2/4/2O14, 83 corps ont été inhumés collectivement, le 8/6/2O14, 343 corps, le 21/12/2O14, 98 corps et le 19/3/2O15, 421 corps. Il ne s’agit donc pas d’un phénomène nouveau, mais plutôt d’une procédure appliquée dans la ville de Kinshasa depuis 1952.
Rien
Le professeur d’enseigner : lorsqu’un corps est abandonné pendant 3O jours et que les enquêtes sociales ne parviennent pas à identifier la famille ou alors la famille se débine, l’enterrement relève de la ville de Kinshasa.
Par sa lettre du 13 février 2015, la morgue centrale de Kinshasa avait sollicité une mise à disposition d’un espace d’inhumation au cimetière de Mikonga pour l’enterrement de 421 corps. Selon le Vice-Premier ministre, la traçabilité des personnes enterrées ne peut être mise en doute.
Aussi, a-t-il demandé aux gouverneurs de province d’éviter toute faille dans la procédure d’inhumation collective et d’enterrer les dépouilles mortelles quelle qu’elles soient en toute dignité, pour éviter des suspicions inutiles.
Toutefois, a-t-il reconnu, le droit funéraire congolais est lacunaire et obsolète. Et de poursuivre : Nous devons dépasser l’émotivité pour rechercher les causes premières, quand bien même elles relèvent de la philosophie.
Il importe donc d’imprimer une rupture avec le passé, notamment par la constatation du décès, la déclaration et l’autorisation d’inhumer.
Le Vice-Premier ministre s’est par la suite appesanti sur l’industrie funéraire, où les frais d’enterrement deviennent exorbitants, ainsi que sur les enfants que les jeunes filles abandonnent dans les caniveaux, dans les ruisseaux et parfois même dans les fosses sceptiques.
Bref, de belles notions de droit public et privé rappelées par le ministre de l’Intérieur, mais qui n’ont rien clarifié sur la nébuleuse de la fosse commune de Maluku. En enterrant les corps nuitamment et en toute hâte, que voulait cacher le gouvernement ? Pourquoi avoir confié cette tache aux hommes en uniforme, pendant que la Croix-Rouge est là ? Qu’est-ce qui fait que les membres du gouvernement se contredisent souvent à ce propos ? Autant de questions que se posent les observateurs et dont les réponses crédibles ne pourraient provenir que d’une commission d’enquête indépendante ou internationale.
C’est du déjà entendu tout ce que le Vice-Premier ministre a raconté hier ? Le Vice-Premier ministre s’étant livré à une enquête administrative, alors qu’une enquête judiciaire s’impose, de nombreuses zones d’ombre persistent encore. Toutefois, les sénateurs peuvent recourir à la question orale ou à l’interpellation des membres du gouvernement, dans le cadre de l’enquête parlementaire.
Par G.O