La salle des conférences internationales du Palais du peuple, siège de la Chambre des sages a reçu au cours de la plénière d’hier présidée par Léon Kengo Wa Dondo, Evariste Boshab Mabudj, Vice-Premier ministre chargé de l’Intérieur et sécurité. Ce dernier est venu répondre à la question d’actualité qui lui adressée le sénateur Adambu Lomalisa sur la fosse commune de Maluku, un sujet qui continue à faire couler encre et salive à Kinshasa.
Adambu Lomalisa veut savoir ce qu’il en est de ces 421 corps enterrés dans une fosse commune du cimetière « Fulafula » dans la commune de Maluku. Lui, il a tout appris en lisant les journaux. Il y est même fait état d’une conférence de presse qu’aurait tenue Robert Luzalano, le ministre provincial du Budget qui donne des détails sur le nombre des corps dans chaque catégorie et qui dit qu’il s’agit d’une opération routinière.
C’est ainsi que la plénière doit être informée sur ce qui s’est réellement passé par la personne habilitée qui est le Vice-Premier ministre chargé de l’Intérieur et sécurité au regard du droit humanitaire. Appelé à s’expliquer, Evariste Boshab Mabudj a montré son trouble car la mort pour lui est un sujet délicat.
Il a par la suite fait le culte au mort en puisant dans la pensée d’Epicure, dans la Grèce antique. Tout cela pour montrer le respect qu’on doit aux morts. Ce n’est pas d’aujourd’hui. Pourquoi ? Car, c’est le chemin de tout le monde…nul n’y échappera, dit de sa voix monocorde Boshab Mabudj.
RECOURS AUX CONNAISSANCES SCIENTIFIQUES
Qu’en est-il alors du sujet lui-même, la « fosse commune » ? Là, il a fait recours comme tout Professeur d’Université à sa gibecière des connaissances scientifiques notamment le droit. D’entrée de jeu, il fait la différence entre une « fosse commune » et une inhumation collective.
FOSSE COMMUNE RENVOIE AUX MASSACRES
La fosse commune renvoie toujours à des massacres ou des tueries à grande échelle où on va cacher ces corps dans la fosse commune. Ce n’est pas le cas avec ce qui s’est passé à Maluku. Ici il y a eu un enterrement collectif des personnes identifiées comme des indigents par la morgue centrale de l’ex-Mama Yemo.
Au départ les faits étaient travestis et il promet de ne dire que la vérité car le gouvernement n’a rien à cacher. Les conclusions de l’enquête administrative qu’il avait diligentée en tant que ministre de l’Intérieur sont sans appel.
Comment en est-on arrivé à l’inhumation collective de 421 corps ? La loi attribue les services des pompes funèbres et les cimetières aux provinces. Celles-ci gèrent donc les cimetières et les opérations funéraires. C’est dans ce cadre que l’Hôtel de ville de Kinshasa a procédé à l’inhumation collective de 421 corps.
C’est la morgue centrale de l’ex-Mama Yemo qui a écrit à l’Hôtel de ville de Kinshasa pour enterrer les 421 corps. L’inhumation collective avec un procès verbal (PV). En 2014, d’autres corps ont été inhumés par la même procédure.
A ce jour, il y a encore 170 corps abandonnés à la morgue de l’ex-Mama Yemo. On va donc continuer à inhumer collectivement. Ce n’est pas une spécificité de Kinshasa. Même à Lubumbashi il ya des inhumations collectives.
LES FOLLES RUMEURS SUR LES TUERIES DES MANIFESTANTS DE JANVIER
Le Vice-Premier ministre a rejeté les folles rumeurs sur les tueries des manifestants de janvier que certains voient dans ces fosses collectives. Il n’en est rien. La preuve, c’est qu’avant les événements de janvier il y avait déjà eu d’autres inhumations collectives dans la ville de Kinshasa.
Mais il a instruit qu’on enterre en toute dignité. C’est cela l’idéal. Après qu’on a dépassé le cap des émotions, Mabudj demande à ce que l’on se fixe sur les causes premières de ce phénomène. A la base, il met en cause ce qu’il appelle « industrie funéraire » avec leur cupidité. Il note que les frais funéraires sont exorbitants. Ce qui justifie l’abandon des corps à la morgue.
C’est là où il entre de plain-pied dans la législation. La France a voté une loi qui fixe les frais funéraires. En Rdc, il y a absence totale d’une législation funéraire. Les quelques textes qu’il a énumérés sont obsolètes et datent de l’époque coloniale. Il n’y a donc aucun texte qui réglemente les enterrements. Evariste Boshab Mabudj déplore à juste titre cette carence dans la législation.
Il interpelle le législateur en soulignant c’est aux les parlementaires à se pencher sur cette question. Il les appelle à adapter la législation en y intégrant les funérailles des indigents. Aucun texte ne le prévoit.
Il est question dans l’immédiat de combler les lacunes de la législation funéraire, conclut Mabudj qui recommande par ailleurs aux parlementaires d’avoir une vision anticipative. Léon Kengo Wa Dondo a félicité le Vice-Premier ministre chargé de l’Intérieur pour ses réponses fouillées à la question d’actualité du sénateur Adambu. Comme il s’agit d’une question d’actualité qui n’appelle pas débat, il a toutefois demandé à ceux qui ne seraient pas satisfaits de préparer une question orale avec débat ou même une interpellation, c’est toujours dans le cadre du contrôle parlementaire. Quant à la législation, « elle est lacunaire. Il faut donc combler cette lacune ». KANDOLO M.