Scandale des paies fictives à la BIAC

Mercredi 23 mars 2016 - 11:17

Le Parquet de l’Auditorat militaire de Maluku a entendu et arrêté 9 personnes, des agents de cette banque commerciale, des éléments de la PNC, des FARDC et de l’ANR impliqués dans la paie des militaires fictifs et appréhendés par les forces de l’ordre opérant dans cette commune. Les prévenus détenaient avec eux des listes fictives portant des signatures identiques pour la plupart et des correspondances internes de la BIAC dans lesquelles un certain Sylvain Panu, coordinateur national-Services aux fonctionnaires dans cette banque fait part aux membres du réseau de la décision de procéder à la paie, le 18 mars, de 107 unités présentées comme des soldats des FARDC mais, en réalité, un bataillon fantôme au nom duquel la bande, selon les propres aveux des prévenus, a décaissé des dizaines de millions de francs congolais pendant plusieurs mois.

 

Sept autres membres du groupe, parmi lesquels 2 agents de la BIAC, un chauffeur et un officier de la PNC ont pu s’échapper à bord d’une jeep Toyota Hilux de couleur grise contenant une importante somme d’argent présumée destinée à l’opération, a-ton appris. De l’analyse des sources judiciaires qui ont livré l’information à AfricaNews, la présence considérable des agents de la BIAC dans ce groupe, les documents trouvés sur eux et saisis par le Parquet, il est probable que cette banque commerciale entretient des paies fictives dans le cadre de la bancarisation. Ça fait scandale.

 

Les forces de l’ordre basées dans la commune de Maluku, dans la banlieue Est de Kinshasa, ont procédé à un vaste coup de filet dans le milieu de la maffia qui gangrène la bancarisation de la paie des fonctionnaires, agents de l’Etat, militaires, policiers et services de sécurité. Des sources judiciaires rapportent que vendredi 18 mars 2016, les services de sécurité de la commune de Maluku ont démantelé une association des malfaiteurs composée essentiellement des agents de la BIAC et ceux des services de sécurité nationale notamment l’Agence nationale de renseignement -ANR-, la Police militaire -PM- et la Police nationale congolaise-PNC. Selon des sources dignes de foi qui se sont livrées aux forces de l’ordre, ces gens se rendent chaque fin du mois à Maluku, à plus de 80 km du centre- ville de Kinshasa, à bord d’un minibus, escorté par une jeep avec les militaires et policiers bien armés, sous prétexte de payer les militaires des FARDC commis à Malaku.

Dans le groupe trouvé à bord du minibus de marque Mercedes Benz interpellé par les forces de l’ordre se trouvaient 6 agents de la BIAC, notamment la compteuse Ariette Yala Vatama matricule 2774, la compteuse Gauëlle Kabuiku Nzeyimo matricule 2753, la compteuse Manzeyi Kundimba matricule 2588, la compteuse Françoise Soki Luteta matricule 1400, le chef d’équipe comptage Delphine Sauta matricule 2838 et le chef de secteur Tika Mvunzu matricule 1733; le chauffeur Luzolo Nzau de la société de gardiennage Mamba Security; le sous- commissaire principal de la PNC Diayiza Lukombo ainsi que l’agent de l’ANR Muteba Mushina Fataki, présenté comme le superviseur de l’équipe. Sept autres membres du groupe ont pu s’échapper à bord d’une jeep Toyota Hilux de couleur grise contenant une importante somme d’argent présumée destinée à l’opération. Parmi eux, le chauffeur Dieumerci Kalala, le 1er  sergent PM Azilaba Mayeke, l’adjudant PM Jean Monga, le sergent PM Tshani wa Tshani, le sous-commissaire PNC Tshimbombo Tshabukole, Dieudonné Cyebwe de la BIAC et Amina Katembo de la BIAC. Les noms de ce deux derniers figurent au nombre des ampliataires des correspondances internes de la BIAC portant échange des informations sur l’opération du 18 mars saisies par les forces de l’ordre. Les noms d’une certaine Sylvie Tshiama de la BIAC et de Sylvain Panu, coordinateur national- Services aux fonctionnaires à la même banque apparaissent aussi dans ces emails dont AfricaNews a obtenu copie. Les services de sécurité ont également surpris la bande avec des listes reprenant vraies fausses 107 unités composant un bataillon fantôme, au nom duquel le réseau a décaissé des dizaines de millions de francs congolais pendant plusieurs mois. La fouille a également permis de trouver sur les membres du réseau appréhendés une somme d’argent de l’ordre de FC 1.064.450, 100 dollars et 10 Euros. Selon ces présumés malfaiteurs, cet argent leur avait été payé à titre de prime. A en croire nos sources, toutes les 9 personnes mises aux arrêts sont gardées à 1’Auditorat militaire de Maluku jusqu’à l’aboutissement du dossier.

 

De l’analyse des sources judiciaires, la présence considérable des agents de la BIAC dans ce groupe, les documents internes trouvés sur eux et saisis par le Parquet, il est probable que cette banque commerciale entretient des paies fictives dans le cadre de la bancarisation dont les ratées ne laissent aucun doute. Difficile d’expliquer comment la paie des fonctionnaires disposant chacun d’un compte, censée être perçue par les bénéficiaires devant des guichets, s’est retrouvée entre les mains des compteuses de la BIAC sous bonne escorte, loin de ses installations, dans un endroit insoupçonné et pour des hommes des troupes imaginaires.

 

Par KISUNGU KAS

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