Scandale à Kamonia : le nouveau bourgmestre empêché de travailler

Jeudi 2 juillet 2015 - 10:10

Les valeurs républicaines de l’unité, de la tolérance et de la fraternité entre les citoyens congolais, l’un de précieux héritages nous légués par le maréchal Mobutu, risquent de s’étioler au fil des ans, par la volonté des politiciens pyromanes, partisans de la division et de l’intolérance.

On en veut pour preuve, ce qui se passe actuellement dans la commune de Kamonia, et qui risque de mettre en péril, la cohabitation pacifique et la cohésion nationale. En effet, installé par le vice-gouverneur, le jeudi 18 juin 2018, comme bourgmestre de cette entité territoriale décentralisée, Jean Leki a pris ses fonctions et n’a pas pu se mettre au travail.

Et pour cause !

Des nouvelles assez alarmantes en provenance de cette partie du Kasaï occidental, indiquent qu’aussitôt après qu’il avait entrepris les premières consultations et ouvert les portes de son cabinet aux différentes communautés vivant à Kamonia pour tâter le pouls de la santé des relations interethniques, apprendre beaucoup sur les problèmes auxquels il serait confronté et qui représenteraient ses premiers défis, et mesurer ses chances de reconstruire la cohésion nationale dans la perspective du prochain processus électoral, il sera invité à suspendre toutes ses activités politiques et administratives. Des politiciens qui rêvent de dicter leur loi à Tshikapa, ses communes, territoires et secteurs, jurent de régenter toute la vie politique de Kamonia.

Pour ces politiciens partisans de la politique de «la territoriale des originaires », l’homme placé à la tête de Kamonia, paraît-il, ne répondrait pas à ce critère. Un critère qui, si l’on n’y prend garde, risque de replonger notre pays, dans les années sombres des conflits ethniques ayant entrainé la mort des milliers de personnes et l’exode de tant d’autres, par crainte des représailles.

Un dossier qui interpelle les ministères de l’Intérieur et de la Décentralisation

Nommé juste le temps d’asseoir et de sécuriser le processus électoral, comme il faudrait le souligner, Jean Leki devait logiquement rendre le tablier au profit de son successeur qui sera issu des scrutins municipaux. Telle était l’une des missions lui confiées par les autorités provinciales. Mais des politiciens enflammés par une antipathie incompréhensible, sont allés saisir les autorités provinciales pour que leur revendication de « Kamonia aux originaires » soit prise en compte. Et s’ils n’obtiennent pas gain de cause, ils seraient même prêts à mettre Kamonia dans un climat d’ingouvernabilité aux conséquences incalculables.

Aujourd’hui, en attendant qu’une solution soit trouvée à ce problème, le secrétaire assure l’interim.

Cette situation, on ne peut plus intolérable, ne mériterait pas d’être soutenue par les ministères de l’Intérieur et de la Décentralisation, parce qu’elle remet en cause la cohabitation entre citoyens congolais. Et cela, à l’approche des échéances électorales qui s’annoncent très rudes, surtout après les déceptions de l’actuelle classe dirigeante aux affaires.

A cette occasion, on peut rappeler la riche expérience de la territoriale de non originaires avec Khonde Vila Ki Kanda qui, après avoir bien géré la province du Nord Kivu, en tant que gouverneur, pendant plusieurs années, savoure aujourd’hui les retombées de cette gestion, en ayant gagné les élections législatives. Il est un des élus du Nord-Kivu et le témoignage vivant de la territoriale des non originaires qui devrait inspirer bien de nos hommes politiques qui ne parviennent pas à se débarrasser du vieil homme aux réflexes rétrogrades.

Il est grand temps que les responsables de la territoriale et de la décentralisation puissent prendre le taureau par les cornes, pour intensifier des campagnes de tolérance, de la coexistence pacifique et de la cohésion nationale, afin de sauver le découpage territorial qui risque d’échouer à mi-chemin, parce les partissans de la territoriale des originaires en ont décidé ainsi.

Pour nous, une enquête devrait être diligentée pour tenter de découvrir la main noire qui se cache derrière la manifestation de quelques habitants de Kamonia contre le nouveau bourgmestre de cette entité territoriale décentralisée.

Pour réussir l’unité nationale, l’un des remèdes passe donc par la politique de la territoriale des non originaires dont on se rappelle les vertus au Katanga, dans le Bas-Congo, le Kasaï Oriental et occidental, la province orientale et l’Equateur pour ne citer que celles-là. Voilà une de raisons pour lesquelles il faudrait réhabiliter le bourgmestre Jean Leki dans ses fonctions. J.R.T.