REVISION CONSTITUTIONNELLE Ses ennuis ont commencé le vendredi dernier,...

Mardi 4 novembre 2014 - 07:59

Ses ennuis ont commencé le vendredi dernier, lorsqu’il est chassé par une insurrection populaire qui allait raser de peu le palais présidentiel. Lui, c’est Blaise Compaoré, qui a régné sans partage, c’est-à-dire en maitre absolu, pendant 27 ans sur son pays le Burkina Faso dit pays des hommes intègres.

Les derniers instants, ils les a passés seul, sans la compagnie de tous ces laudateurs et flagorneurs. Ceux-là même qui venaient le flatter pour lui dire qu’il pouvait tenter le passage en force de la révision constitutionnelle afin de s’octroyer encore un double mandat de 14 ans (à raison de 7 ans chacun) à compter de 2015. En fait un Président à vie, comme au bon vieux temps de la guerre froide (1956-1990).
Enfermé dans un entêtement suicidaire, il n’a rien voulu entendre en termes de conseils à travers le monde et même venant de ses propres compatriotes. Il a lancé par défi sa révision du fameux article 37 sur la limite des mandats et a tout de suite été balayé par une insurrection qui a mobilisé des millions de Burkinabè.
Après avoir brûlé le bâtiment de l’Assemblée nationale le jeudi, Ils se sont dirigés chez Blaise Compaoré au palais présidentiel pour lui demander de décamper. Ils ont été stoppés par la garde présidentielle pas avec des tirs des rafales car il n’y en a pas eu mais la négociation par le bais du chef d’Etat-major particulier de Compaoré qui a conduit auprès de ce dernier une dizaine de délégués des manifestants.

LANCER L’ASSAUT FINAL C’est ainsi qu’il fera dans la foulée son message sur la dissolution de l’Assemblée nationale et du gouvernement ainsi que la transition politique qu’il entend mener alors qu’eux attendaient plutôt sa démission pure et simple. Vendredi, la meute en furie de Ouagalais s’apprêtaient à lancer l’assaut final sur le palais présidentiel pour en découdre avec Blaise Compaoré.
C’est ainsi qu’il a anticipé en démissionnant brusquement, chose qu’il n’avait pas du tout prévu la veille. Triste fin d’un Médiateur qui a été incapable de faire la médiation avec son propre peuple pour lui faire avaler des couleuvres. Bien triste encore que les 27 ans de dictature de celui qui a assassiné son frère d’arme et ami, le révolutionnaire Thomas Sankara en 1987 pour s’emparer des rênes du pouvoir dans le sang.
Ses 27 ans de règne sont réduits en cendres en seulement deux jours d’insurrection populaire. L’homme fort de Ouaga, devenu le plus faible de tous est en fuite à Yamoussoukro en Côte d’Ivoire avant la destination finale de l’exil comme un minable quidam. Il était pourtant dans le trio qui est dans le viseur de Washington pour des révisions intempestives de leurs Constitutions pour assurer leur pérennité au pouvoir.
Mais peut-on singer ce qui a rasé le pouvoir de Compaoré vieux de 27 ans avec ses tentacules à l’intérieur comme à l’extérieur ? A chacun de répondre. La réponse est du reste facilitée lorsqu’on parvient à décrypter le message des Burkinabè au reste de l’Afrique dans l’insurrection qui a emporté Blaise Compaoré. Il s’agit d’un besoin d’alternance.
A cet effet, le message est double. Il s’adresse à deux catégories des Présidents élus. La première, celle qui regroupe ceux dont les Constitutions ont prévu des limite du nombre de mandats et qu’ils cherchent à reformer comme au Burkina Faso. La deuxième est celle dont il n’y pas de limitation du nombre des mandats et ce sont les mêmes qui sont toujours au pouvoir, ils n’ont pas besoin de modifier la Constitution pour s’y maintenir.
Dans la première catégorie, on peut prendre deux cas type notamment le Congo-Brazzaville et le Burkina Faso. Au Congo-Brazzaville, Denis Sassou totalise sur l’ensemble de ses mandats 30 ans de pouvoir et cherche à empiler, il est passé par toutes les rebellions, les "Ninja, les Zoulous et les Cobra avec un cortège de morts. Maisil veut encore gouverner pour quoi faire ? Pour quel autre projet qu’il n’a réalisé dans les 30 ans de pouvoir.

IL NE PEUT RIEN INNOVER
Même chose pour Blaise Compaoré avec 27 ans de pouvoir, il ne peut rien innover pour son peuple. Dans la deuxième catégorie, les Burkinabè s’adressent à ceux des chefs d’Etats qui n’ont pas de limitations de mandats constitutionnels. Ici on peut évoquer l’Angola et l’Ouganda comme cas d’école.
L’Angolais Dos Santos est au pouvoir depuis 1978, soit 36 ans d’un règne sans partage. Il ne veut pas d’alternance à l’intérieur de son propre parti politique, le MPLA où il y a des cadres très compétents pour assurer la relève. C’est surtout là où il faut une remise en question. 36 ans de pouvoir, on est rentré à l’ère des Empires, ce ne peut être une République.
Dans la même catégorie, Museveni Kaguta de l’Ouganda, au pouvoir depuis 1986, soit 28 ans de pouvoir, près de 30 ans. Personne ne peut l’inquiéter sur le plan légal. Mais c’est à lui et à Dos Santos que les Burkinabè s’adressent particulièrement.
La légalité est nulle lorsqu’elle prend le contrepied des intérêts du peuple. Compaoré qu’on a rasé avait encore sa légalité et sa légitimité jusqu’en 2015. Même la procédure de révision de l’article 37 de la Constitution à l’Assemblée nationale par les ¾ du nombre des députés, est légale, donc constitutionnelle.
Mais le peuple a dit non et a chassé Compaoré, un an avant l’expiration de son mandat. Le peuple a prouvé qu’il est au-dessus de la légalité. Il a mis fin à un pouvoir vieux de près de 30 ans. La leçon à tirer est qu’il faut donc savoir passer la main à temps pour sortir la tête haute comme dans des démocraties tels la Tanzanie, la Zambie, le Ghana, le Sénégal, la Namibie etc. et ne jamais se retrouver dans le cas ridicule de Blaise Compaoré du Burkina Faso. KANDOLO M.

 

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