Référendum constitutionnel – Grands lacs : Kabila peut-il faire exception ?

Mercredi 4 novembre 2015 - 11:46

Denis Sassou Nguesso au Congo Brazzaville a employé cette nouvelle formule pour contourner les limites constitutionnelles du mandat présidentiel. Paul Kagame au Rwanda est bien parti pour le faire. Joseph Kabila n’a pas encore osé, même si quelques membres de sa famille politique l’évoquent en solo. Le chef de l’Etat rd. Congolais pourra-t-il faire exception et être le seul docile de la région ? Analyse.

 

La République démocratique du Congo est sur une alerte rouge d’une épidémie politique. Le pays saura-t-il éviter la contagion du virus référendum constitutionnel pour faire sauter les verrous de limitation des mandats présidentiels qui s’est déjà propagé au Rwanda et Congo voisins ? La réponse à cette interrogation appartient sûrement à un homme Joseph Kabila.

Malgré des, soupçons, celui qui est ‘à la tête de ce gigantesque pays au coeur de l’Afrique depuis 2001 après l’assassinat de son père, reste jusque-là silencieux sur la question de son mandat. Lors de sa dernière réunion avec les parlementaires de sa famille politique, le ‘plus, jeune président africain en activité (44 ans) avait rappelé qu’il respectera la Constitution, sans plus de détail.

 

Ce qui n’a pas suffi pour faire taire des soupçons de plus en plus corsés à la veille des élections. Car, dans une certaine mesure, convoquer un référendum constitutionnel est prévu par la Construction. Après la convocation réussie à Brazzaville avec Denis Sassou Nguesso et sure de réussir à Kigali avec Paul Kagame où le parlement a déjà donné le quitus pour une convocation référendaire, il y a de quoi être tenté. Il y a quelques semaines, un projet de loi, signé par deux députés de la Majorité présidentielle, portant modalités d’organisation du référendum en RDC a circulé dans les couloirs des institutions de la République et a fait grand bruit. Dans son projet de loi de finances pour l’exercice 2016, le gouvernement aurait prévu une enveloppe pour, l’organisation d’un scrutin référendaire. Tout ceci peut-il être considéré comme des indices valables qui feraient croire que Joseph Kabila va faire la même chose que ses homologues Sassou et Kagame ? Ses farouches opposants diraient oui. Dans ce cas, restera à savoir si la tâche lui sera facile’, car pour Moni Della « la RDC n’est pas le Rwanda ni le Congo voisin ». Pour bon nombre d’analystes, la faiblesse et la désorganisation de l’opposition au Burundi, au Rwanda et au Congo Brazzaville sont des raisons majeures qui ont poussé les dirigeants de ces pays à suivre le chemin du référendum pour tailler la nouvelle constitution sur mesure de leurs intérêts.

 

En RDC, la population est plus éveillée. Le cas des manifestations du 19, 20 et 21janvier coutre un alinéa dans la loi électorale qui conditionnait la tenue des élections au pays ‘aux résultats d’un recensement général de la population. Manifestations qui avaient poussé le pouvoir à renoncer à cette démarche.

« Si pour la loi électorale seulement, la pression populaire a été d’une grande ampleur, que sera-t-il d’une convocation d’un référendum que tout le monde saura que c’est pour donner un troisième mandat au chef de l’Etat ? », s’interroge un kinois confiant de la capacité de ses compatriotes à barrer ‘la route au changement de la Constitution, encore moins à sa modification.

A ce jour, comparé à Paul Kagame, Pierre Nkurunzinza et Denis Sassou Nguesso, Kabila est encore une exception positive. Reste à savoir s’il le sera jusqu’au bout.

 

Par R. Djanya et Katz