Le populaire gouverneur de la province du Katanga (sud-est de la République démocratique du Congo), Moïse Katumbi Chapwe, en froid avec le président Joseph Kabila, a refusé de se déclarer comme candidat à l'élection présidentielle de novembre 2016, dans une interview publiée samedi par le journal 'La Libre Belgique'.
"Je suis encore gouverneur de la province du Katanga. J'ai encore énormément de travail à accomplir en peu de temps. Il reste un peu moins de deux ans au président Kabila pour achever son travail dans le cadre de son mandat légitime. Terminons nos mandats et retroussons-nous les manches pour sortir le peuple congolais de la misère", a-t-il affirmé à l'envoyé spécial du quotidien à Lubumbashi, le chef-lieu de cette riche province cuprifère.
"J'ai un mandat à terminer avant de penser à autre chose", a renchéri Moise Katumbi en réponse à une question sur une éventuelle candidature à la présidence une fois son mandat terminé - la prochaine élection des gouverneurs et vice-gouverneurs est prévue le 31 janvier 2016.
La RDC doit organiser en moins de deux ans un cycle électoral complet, qui débutera par l'élection des députés provinciaux et scrutins locaux le 25 octobre prochain et culminera par la présidentielle et les législatives le 27 novembre 2016, pour un coût de plus de 1,1 milliard de dollars.
Moise Katumbi, qui gouverne le Katanga depuis janvier 2007 - son mandat était de cinq ans, mais les élections des gouverneurs n'ont plus été organisées depuis en RDC -, apparaît comme un candidat sérieux à la présidence de la République, alors que Joseph Kabila ne pourra en principe plus se représenter pour un troisième quinquennat.
Lors de son retour à Lubumbashi le 23 décembre dernier après plusieurs mois passés en Europe pour des examens de santé à la suite d'un empoisonnement, il avait utilisé une parabole parlant d'un "troisième penalty" pour exclure l'idée d'une révision constitutionnelle qui aurait permis à Joseph Kabila de briguer un troisième mandat en 2016. Ces propos - et l'accueil enthousiaste réservé par les Lushois à leur gouverneur - avaient, selon la presse congolaise, provoqué la colère du chef de l'Etat et de son entourage.
"Ici, en RDC, on a dépassé ce stade (de vouloir changer la Constitution), a assuré Moise Katumbi, qui appartient au même parti que M. Kabila, le Parti du Peuple pour la Reconstruction et le Développement (PPRD). "Tout est sur les rails (pour les sept scrutins prévus) dans le cadre de notre Constitution", a-t-il ajouté.
Le gouverneur a par ailleurs expliqué à 'La Libre Belgique' pourquoi, selon lui, la pauvreté subsistait dans sa province, considérée comme potentiellement immensément riche grâce à ses ressources minières.
"Moi, j'ai essayé de développer ma province avec le budget dont je dispose. Quand je suis arrivé, le Katanga était, avec les mêmes richesses, le troisième contributeur de l'Etat. Deux ans plus tard, nous sommes devenus le premier. Mais nous ne recevons rien en retour. Légalement (en vertu de la Constitution de 2006, ndlr), l'Etat central doit rétrocéder 40% de ce que les provinces perçoivent", a souligné Moise Katumbi.
Il a chiffré les recettes actuelles générées par la Katanga à "entre 4 et 5 milliards de dollars par an", notant que "le retour de Kinshasa est quasiment nul".
"Maintenant que la guerre dans l'est est finie, j'espère que nous pourrons enfin recevoir ce qui nous est dû, soit 2,7 milliards de dollars", a dit le gouverneur.
Selon lui, grâce au Katanga, le Congo est devenu le deuxième producteur mondial de cuivre. "Mais nous ne percevons pas les dividendes de nos efforts", a déploré Moise Katumbi, qui préside aussi le club de football TP (Tout Puissant) Mazembe de Lubumbashi, deuxième ville de la RDC.
Belga