Le coordonnateur de la Cellule de Gestion du Projet Inga 3, l’ingénieur Max Munga, a annoncé que le marché relatif au dit projet ne sera adjugé qu’en 2016. Mais d’ores et déjà, la Banque mondiale qui s’est imposée dans le dossier ne voudrait pas de présence chinoise dans le projet. Le groupement chinois Three Gorges Corporation et Sinohydro encore en lisse pour l’adjudication du dit marché est singulièrement visé. Pour la Banque mondiale, les firmes chinoises excellent dans la corruption.
Lecture d’experts, la Banque mondiale a monté de bric et de broc une raison pour exclure les Chinois du projet Grand Inga dont Inga III n’est que la première phase. Et la mise à l’index également du Canadien SNC-Lavalin, ne serait qu’une maligne manière de maquiller la politique de sinophobe de la Banque mondiale en RDC. (…)
Il est presque minuit, quand un confrère d’un quotidien plein de potentialités de la place m’appelle au téléphone :Pold, un blanc, un Belge cherche à te parler. Rendez-vous est pris le jour suivant dans un resto-qui n’existe plus d’ailleurs- le Margot. «Votre chef nous a dit que vous habitez Bruxelles et nous a filé un «32 » [code belge, ndlr ] qui ne passe pas. Nous voilà à Kinshasa. Nous lisons avec intérêt vos articles. (…)Détrompez-vous, jamais, alors jamais, les Occidentaux laisseraient le Congo aux Chinois…Jamais ! ». A l’époque les contrats sino-rdcongolais conclus le 17 septembre 2007 faisaient polémique à l’international. Plus de six ans après, les dires du Belge se traduisent, ma foi, par des faits sur terrain. «Mais que se passera-t-il, lorsque les Chinois s’estimeront en droit de protéger leurs investissements au Congo ? », redoute Colette Braeckman, dans un récent ouvrage « Vers la deuxième indépendance du Congo ». Et de poursuivre, « il y a des périls que les R-dCongolais refusent de prendre en compte».
Pour la journaliste belge, une guerre ouvert spourrait éclater entre Chinois et Américains dans le Congo utile, en fait le pan Sud-Est de la RDC, riche en minerais. Sur terrain, en effet, si les Chinois se ruent de gros gisements miniers au Katanga, la Banque mondiale- dont l’institution-sœur le FMI a contraint la RDC à revoir de 9 à 6 milliards USD son contrat «infrastructures contre minerais- avec les Chinois- et la BEI, Banque européenne d’investissements tiennent le secteur de l’énergie électrique au travers du projet SAPMP, Southern Africa Power Pool. Ça vaut une mine sans courant ? C’est tout l’enjeu. Pas seulement. Le projet SAPMP devrait formellement prendre fin le 31 décembre 2015. Il accuse, ça et là, du retard. Pour autant, le DG de la SNEL, Eric Mbala demeure confiant quant à l’avenir. «Pour la Société nationale de l’électricité, note-t-il, les projets SAPMP et PMEDE [lire en encadré] constituent un nouveau départ. Le montage financier mis en place avec les concours des bailleurs des fonds a permis de lancer une réforme ambitieuse qui touche tous les secteurs de l’entreprise, principalement ceux touchant à la production, au transport et à la distribution du courant». Quelque 629,8 millions de dollars ont été engagés par la Banque mondiale(IDA) et la Banque européenne des investissements, BEI, en termes des dons et des prêts pour la réalisation du projet SAPMP. La SNEL a, en effet, bénéficié des prêts IDA 3831 de 198,2 millions de dollars, et celui de BEI de 41,2 millions de dollars. Et des dons dont IDA H500 de 179,1 millions de dollars et IDA 801 de 201,5 millions de dollars. Ça n’est un secret pour personne, les engagements financiers des institutions de Bretton Woods, ce n’est pas de la philanthropie. Tout est intérêt, autant, tout naturellement, les prêts de la BEI à la SNEL. Au Katanga, foi d’experts, Américains et Chinois ont chacun un gros contrat léonin, avec respectivement Tenke Fungurume Mining (TFM) et Sicomines. Même si les Chinois se sont davantage déployés par la suite ça et là dans le copperbelt katangais. Mais un souci mitoyen demeures, l’électricité. Selon le ministre provincial des mines, Audax Sompwe, le Katanga accuse un déficit de plus au moins 1000 Mégawatts (MW). Ce gap freine le secteur minier et un grand nombre d’entreprises qui ne peuvent pas monter en puissance en augmentant leur capacité de production. Le taux d’électrification du Katanga oscille autour de 4%. En attendant Inga III vers 2025, d’ici 2018, le Katanga connaîtrait une amélioration sensible avec la récupération d’une puissance installée de 2.442 MW. Aucune entreprise chinoise n’a gagné jusque-là un important marché dans le secteur de l’électricité si ce n’est Sinohydro qui a emmené financements et matériels, aux mille diables du Katanga, dans le Kongo central, pour la construction de la centrale de Zongo II d’une puissance programmée de 150MW. Alors que le projet « occidental » SAPMP a été écartelé en six gros marchés décrits ci-après.
Courants Haute tension et alternatif, le projet « occidental » contrôle tout
Le marché I qui a pour objet la rénovation des postes de conversion et d’inversion à Inga et à Kolwezi pour fiabiliser le système de transport et passer de sa capacité actuelle de 560MW à 1120MW. Les travaux sont exécutés par le contractant ABB Suède. Le marché II consiste à rénover les postes courant alternatif de Kolwezi, Fungurume, Panda et Karavia au Katanga. Les travaux ont été confiés à la firme ABB AG. Avec le marché III, la SNEL s’emploie à construire une nouvelle ligne 220KV allant de Fungurume jusqu’à Kasumbalesa, à la frontière zambienne. Ici, l’objectif est d’augmenter la capacité de transit de 560MW jusqu’au poste de Luano en Zambie. Les travaux sont, en effet, déjà terminés et ont été exécutés par la firme UTE Elecnor Euro Finca. Le marché IV permet de réhabiliter toutes les lignes haute tension existantes sr le couloir d’exportation allant d’Inga à Kolwezi en HTCC (Haute tension courant continu) et en HTCA (Haute tension courant alternatif) afin qu’elles assouvissent aux besoins de l’exploitation. L’exécution de ce projet a été confiée à la firme indienne Kalpataru. Une autre société indienne, KEC, a elle remporté le marché V du SAPMP lequel consiste à fournir et à installer le système de télécommunication par fibre optique comme fil de garde sur toutes les lignes, futures comme celles déjà existantes, allant d’Inga jusqu’à Kasumbalesa. Le courant porteur sur les lignes devrait être réhabilité et servir de secours. Il sied de noter que sur les 48 fibres installées, la SNEL n’utilisera que plus ou moins 5% pour ses besoins d’exploitation et le reste sera commercialisé par un opérateur à recruter. Le marché VI, enfin, consiste en la construction des infrastructures communautaires dans 7 centres ruraux au Katanga à savoir Nguba, Lutka-Kahidi, Kampemba, Bungu-Bungu, Nsatumba, Tumbwe et Shinga. Ces villages ont, en effet, été sélectionnés parmi tant d’autres qui se situent le long de nouvelles lignes en cours de construction entre Fungurume et Kasumbalesa. Pour ce faire, la SNEL a bénéficié de l’expertise de la firme canadienne SNC Lavalin qui a été chargée de mener les études de préfaisabilité du dit projet et d’en évaluer l’impact environnemental et social. Avec l’assistance de son ingénieur conseil Fichtner, la SNEL a élaboré des plans qu’elle a soumis à l’approbation du gouvernorat de Katanga pour la construction de différentes infrastructures pour un coût initialement prévu de 2 millions de dollars mais qui, au fil de temps, est passé à plus ou moins 10 millions de dollars. Il s’agit entre autres de la construction des écoles, des centres de santé de référence dans chacun de 7 villages, du forage de 37 puits et de l’installation des pompes pour alimenter non seulement les écoles et centres de santé mais aussi toute la population des villages, de la fourniture des équipements médicaux dans les centres de santé, ainsi que des mobiliers et autres fournitures scolaires dans les différentes écoles. Autres projets inhérents au marché VI de SAPMP, l’alimentation en électricité, partant du soutirage à effectuer par ABB, des écoles, des centres de santé, des pompes et l’installation de l’éclairage public. Il demeure qu’à ce jour, en fait à trois de mois de l’échéance, la SNEL n’a pas encore brossé le moindre bilan du projet SAPMP. Et les Chinois demeurent aux aguets… toujours prêts à une OPA inamicale soit-elle.
Pold LEVI Maweja