Aucun chiffre sur le financement des élections prévues cette année n’est sorti de la réunion du Comité de partenariat du vendredi 12 juin 2015, tenue entre le ministre des Finances de la République démocratique du Congo (RDC), la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) et les partenaires de la communauté internationale.
Avant cette réunion, la quadripartite sur le budget électoral - promise la semaine d’avant entre la présidence, le gouvernement, l’Assemblée nationale et la Ceni - n’a jamais eu lieu. Même lors du dépôt du projet de budget 2015 au Bureau de l’Assemblée nationale, Aubin Minaku (speaker de la Chambre basse du parlement) et Augustin Matata (Premier ministre) ne s’y sont pas appesantis (photo).
De même, depuis la publication du calendrier global 2015-2016, la Ceni n’a jamais présenté son chronogramme au Parlement pour des discutions sur sa mise en œuvre. Autant dire que le budget électoral est un sujet sans cesse esquivé au niveau des Instituions de la République.
Le budget du processus électoral 2015-2016 ramené à 889 millions USD
Le financement du processus électoral 2015-2016 est un préalable qui garde encore tous ses secrets. Aucune Institution de la République ne communique ouvertement sur cette question. Pour un calendrier global présenté le 12 février 2015, la Ceni a prévu un budget total de 1,145 milliard USD.
Des nouvelles recueillies dans les couloirs de la Ceni - qui a prévu une bagatelle de 397 millions USD pour la seule année 2015 -, ce budget aurait été ramené à 889 millions USD.
Alors que le budget national n’a prévu que 247 millions USD, on ne sait encore de quel ciel tomberait le gap de 150 millions USD que la Ceni devrait couvrir.
C’est devant toutes ces incertitudes qu’il était attendu de la réunion du Comité de partenariat - entre le gouvernement, la Ceni et les partenaires extérieurs - des assurances quant à la disponibilité des fonds et surtout un engagement du gouvernement à débloquer les montants exigés.
Rien de tel n’est sorti de cette réunion, surtout que la communauté internationale ne s’est jamais engagée à financer les élections provinciales, urbaines, municipales et locales prévues en octobre 2015.
A en croire la Ceni, le gouvernement congolais n’a financé jusqu’ici que l’élaboration de la cartographie du fichier électoral (29 millions USD) et était en voie de libérer un autre financement de l’ordre de 26 millions USD, soit moins de 5% du budget total.
« L’opération de cartographie électorale et de fiabilisation du fichier électoral, l’inscription des candidats aux élections provinciales et le calendrier électoral ont fait l’objet des discussions », s’est contenté d’annoncer à la presse le président de la Ceni, l’Abbé Apollinaire Malumalu, après la réunion du comité de partenariat, vendredi dernier.
Pas de fons débloqués pour l’achet des urnes
« J’ai dit au président de la République que les élections exigent beaucoup d’argent. Dans le budget 2015, les ressources qui sont allouées aux élections ne sont pas suffisantes. Où allons-nous trouver cet argent pour organiser les élections locales, municipales, urbaines, provinciales, des gouverneurs et sénatoriales », s’est interrogé Léon Kengo Wa Dondo, président du Sénat et autorité morale de l’Opposition républicaine, au sortir de l’audience lui accordée par le chef de l’Etat dans le cadre des consultations en cours, lundi 8 juin 20145.
Ces réserves du président du Sénat tranchent pourtant avec la langue de bois du speaker de l’Assemblée nationale, Aubin Minaku. A la tête d’une délégation de la Majorité présidentielle, le président de l’Assemblée nationale reste optimiste quant au financement des élections.
« Le calendrier global a été accepté par le gouvernement. Cela signifie que le gouvernement mettra les moyens afin que les élections soient organisées », s’est-il contenté de dire.
Quoi qu’on dise, le financement des opérations électorales ne rassure personne à ce jour. Outre les acteurs de l’Opposition et de la Société civile, la communauté internationale, reçue également la semaine dernière par le président Joseph Kabila, dans le cadre des consultations, demande que cette question soit éclaircie « rapidement ».
« Il appartient à la Ceni d’élaborer un calendrier électoral faisable et réaliste », a déclaré à la presse Jean-Michel Dumond, l’ambassadeur de l’Union européenne en République démocratique du Congo.
Joseph Kabila est en train de mener ses consultations avec un maximum d’acteurs de la vie politique congolaise pour décider si oui ou non il y a besoin d’ouvrir un dialogue sur les questions qui bloquent.
Or, parmi les questions qui bloqueraient, il y a, non seulement le calendrier électoral qui passe pour ne pas être réaliste, mais aussi la sécurisation du scrutin, le découpage territorial et le budget de financement.
Pour l’heure, toutes ces questions ne trouvent pas de réponses concrètes dans les institutions de la République : le gouvernement, l’Assemblée nationale et la Ceni.
Sans un budget débloqué, il est illusoire que la Ceni assure les opérations électorales selon son planning et en toute indépendance. Le financement des élections doit être débattu de manière claire dans les Institutions de la République pour rassurer tous les partenaires au processus électoral, surtout que les consultations présidentielles visent, notamment, à instaurer un climat de confiance.