Le Président Joseph Kabila a reçu hier, lundi 9 novembre, les Ambassadeurs accrédités à Kinshasa pour leur parler de l’imminence du dialogue. Un jour plus tôt, c’est-à-dire, dimanche 8 novembre, il avait saisi, par écrit, les deux Chambres du Parlement pour les informer de la tenue du dialogue politique qu’il envisagerait convoquer, au plus tard, le 15 novembre 2015, si l’on en croit certaines indiscrétions. Dans la journée d’hier lundi, au Sénat comme à l’Assemblée nationale, les Sénateurs et Députés se sont enfermés, loin des caméras, à l’abri de l’œil insolite, pour examiner le contenu de la lettre. Quelles sont les thématiques du dialogue ? Qui sont invités ? Pour combien de temps ? Quelle est la finalité poursuivie ? Et, enfin, qui va en assurer la présidence des débats ? Décryptage.
Une Commission préparatoire du dialogue, déjà constituée, travaillerait discrètement au Pullman Grand Hôtel. Les conditions d’organisation des élections sont le principal sujet soumis aux discussions. Il y aura trois thèmes : les élections, le financement des élections et la sécurisation des élections. A fortiori, il ne devrait pas y avoir de grains de sable susceptibles d’agripper la machine. Mais, tout dépend du contenu que chaque partie au dialogue entend donner à chaque thématique. S’agissant de scrutins à organiser, la Majorité Présidentielle, par la voix de son Secrétaire général Aubin Minaku, continue à privilégier les élections locales. Quitte à retarder les élections nationales. Ce n’est pourtant pas ce que Kabila a confié aux Ambassadeurs. Il leur a dit que le dialogue déboucherait sur des élections apaisées. Cela suppose que les dialogueurs parviendront à dégager un consensus autour d’un calendrier électoral réaliste. Deux tendances s’affrontent. D’un côté, la Majorité Présidentielle, qui n’a plus que faire du ‘‘fixisme des dates’’, ne fait plus la moindre allusion aux délais constitutionnels. Tandis que les opposants, eux, ne jurent que par le respect absolu de la Constitution. Dans ces conditions, les discussions seront très animées. C’est, ici, qu’interviendra la question des moyens. Une fois de plus, comme en février dernier, un calendrier électoral sera élaboré et rendu public après l’adoption du Budget de l’Etat. Les 11 scrutins programmés dans le calendrier du 12 février 2015 nécessitaient 1,2 milliards de dollars américains. Or, en 2016, le Budget de l’Etat a été revu à la baisse. De 9 milliards en 2015, le Budget 2016 recule et se situerait autour de 8 milliards Usd.
Encore des détails à régler
La grande question qui préoccupe les esprits, c’est celle de savoir si les opposants, ceux là-même qui convoitent le fauteuil présidentiel, répondront présents au dialogue. Rien n’est sûr. La Dynamique de l’Opposition, qui s’est réunie à Fatima, la semaine dernière, a réitéré son refus d’aller discuter avec le pouvoir sur des questions électorales que la CENI pouvait bien résoudre dans le cadre d’une Commission tripartite (Pouvoir, Opposition et CENI). Le G7, un groupe de 7 partis politiques qui a fait défection de la Majorité Présidentielle, a aussi manifesté son opposition au dialogue proposé par le Président Kabila. Ils soupçonnent le camp du pouvoir de multiplier des subterfuges pour reporter le plus loin possible, les élections nationales et, plus particulièrement, la présidentielle. En outre, il se pose encore et toujours le problème de la facilitation. Le Président de la République, aux dires de l’Ambassadeur gabonais, présenté comme doyen du Corps diplomatique en RDC, leur a signifié que le dialogue était une question de souveraineté nationale. En d’autres termes, les diplomates sont priés de rester à l’écart, à défaut de jouer un rôle positif. On se demande alors si l’UDPS, qui a fait de la médiation internationale, une condition à prendre ou à laisser, participerait à un dialogue piloté essentiellement par le pouvoir. Dans les couloirs du Palais du Peuple, certains Députés de la Majorité ne font pas grand cas des abstentionnistes-boycottistes. Ils subiront la loi des participants au dialogue, a-t-on cru entendre. Pourvu que le scénario des Concertations nationales, avec des recommandations jamais appliquées, ne se reproduise plus. Y a-t-il espoir ? Les optimistes disent, unanimement, ‘’oui’’. Le tout dépend de ce qu’on cherche au dialogue. Il semble que lorsqu’en sort, les participants ne rentrent jamais, les mains bredouilles. Faut-il, dans ce cas, penser que la parenthèse de la mise sur pied d’une équipe gouvernementale de combat électoral, réadaptée aux exigences de l’inclusivité et de la représentativité nationale, allusion faite ainsi, à certains vertébrés qui auront été pêchés à l’aune du dialogue, est fermée ?
La Pros.