RDC : CHRISTOPHER NGOYI MUTAMBA EN « DANGER DE MORT IMMINENT » APRÈS SON RETOUR EN PRISON

Lundi 14 mars 2016 - 09:31

Le défenseur des droits de l’homme Christopher Ngoyi Mutamba, président de l’ONG Synergique Congo  Culture et  Développement (SCCD) et coordonnateur de la société civile de la RD Congo est « en danger de mort imminent », après son retour  à la Prison Centrale de Makala (PCM), où il est incarcéré, a annoncé vendredi 11 mars 2016 l’ONDH la Voix des Sans Voix.
Il est tombé malade pendant sa détention à la PCM, avant son transfert le 08 février 2016 par la direction de la prison pour des soins médicaux, au Centre Hospitalier Nganda, situé dans la Commune de Kintambo.
« 23 jours d’hospitalisation après, il est reconduit en prison sans une réelle amélioration de son état de santé », signale la VSV dans un communiqué.
M. Christopher Ngoyi a été transfusé à cinq (5) reprises, alors que ses médecins traitants avaient  soupçonné une anémie ignorée par le patient avant de diagnostiquer que la moelle qui fabrique le sang fonctionne normalement et que la diminution de sang répétée était causée par un autre problème.
A l’issue des examens médicaux réalisés, les médecins traitants ont refusé de communiquer le résultat au patient et à ses proches.
Selon les informations recueillies par la VSV, les responsables du Centre Hospitalier Nganda avaient expédié le résultat d’analyse sous pli fermé  au directeur de la Prison Centrale de Makala, le Colonel Thadée Kabisa qui a également refusé de remettre le rapport médical au malade.
« Le directeur de la PCM aurait reçu des instructions formelles de garder secret le rapport médical du prisonnier. Certains spécialistes  avertis ont avancé que la persistance de cette anémie pourrait être due à une intoxication dont seuls des examens approfondis de toxicologie pourraient être en mesure de révéler le type d’examen qui  ne peut se réaliser qu’à l’étranger », précise le communiqué de la VSV.
Le contour « top secret » du rapport médical de M. Christopher Ngoyi   « renforce énormément l’inquiétude de la VSV sur la vie et la sécurité du défenseur des droits de l’homme d’autant plus qu’actuellement, il connait une baisse de tension artérielle constante, des problèmes sérieux des yeux, des douleurs au niveau du cœur et de fortes crises d’estomac… »
« Le Centre Hospitalier Nganda recevrait le plus souvent possible des fonctionnaires de la Présidence et autres agents de services de sécurité », indique le communiqué.
La victime avait repoussé deux tentatives pour prélèvement d’un échantillon du sang avec un bon de demande portant le numéro de sa chambre mais avec le nom d’une autre personne.
M. Christopher Ngoyi n’était plus consulté par des médecins vers la fin de son séjour médical au Centre Hospitalier Nganda. Cela a poussé la victime à solliciter son retour à la PCM. Tous les frais médicaux et paiement des factures pour l’hospitalisation ont été pris en charge par M. Christopher Ngoyi lui-même alors qu’il est en tant que détenu en droit d’être pris en charge par l’Etat congolais.
La VSV  fustige le fait que la victime était astreinte de prendre en charge les policiers commis à sa surveillance, à raison de vingt dollars américains (20 USD) par jour en plus de leur alimentation en sus de sa facturation d’hospitalisation journalière s’élevant à cent cinquante dollars américains (150 USD).
Christopher Ngoyi Mutamba avait été enlevé en janvier 2015 par des militaires et détenu au secret pendant plusieurs jours dans un cachot de l’Agence Nationale des Renseignements (ANR).
Il est accusé, entre autres, d’être un des instigateurs des manifestations populaires des 19, 20 et 21 janvier 2015...
Le procès ouvert à ce sujet  en mars 2015 a été suspendu jusqu’à ce jour suite au refus du tribunal et du directeur de la  prison d’autoriser la couverture médiatique des audiences.
Tout en prenant pour responsable l’Etat congolais pour tout ce qui pourrait arriver à M. Christopher Ngoyi, la VSV exige: notamment la remise du rapport médical à la victime, la libération de la victime en vue de lui permettre de se faire soigner dans un Hôpital ou un Centre médical de son choix où sa sécurité sera garantie et l’arrêt immédiat de transfert forcé des personnes malades en détention en particulier les défenseurs des droits humains, les opposants voire les journalistes.
Les opposants  Chalupa  et Kalele empêchés de quitter le pays
Par ailleurs, la VSV dit être « vivement préoccupée par la restriction du droit de circuler librement à travers la rétention injustifiée des passeports des opposants politiques pour les empêcher ainsi de sortir du pays pour des soins de santé appropriés à l’étranger ou pour y participer aux conférences internationales et colloques scientifiques auxquels ils sont souvent invités ».
L’organisation congolaise de défense des droits humains a cité  les cas de l’opposant politique Pierre Jacques Chalupa (cadre du parti politique de l’opposition  Action pour la Démocratie et le Développement au Congo) dont la dégradation de l’état de santé est très alarmante), et du professeur Matthieu Kalele Ka-Bila, Président du parti politique de l’opposition Front pour un Nouveau Type des Congolais (FNTC).
« Il revient à la VSV que les pièces d’identité dont le passeport et la carte d’électeurs de M. Pierre Jacques Chalupa avaient été confisqués par la justice congolaise depuis sa condamnation et son arrestation  sur base de l’infraction de faux et usage de faux lui imputée par la Cour Suprême de Justice (CSJ) », rappelle le communiqué.
En vertu de l’ordonnance n° 13/108 du 23 octobre 2013 portant mesure collective de grâce, l’opposant politique Pierre Jacques Chalupa avait été libéré  en 2013. Depuis lors, ses pièces d’identité n’ont pas été restituées,  a fait savoir la VSV.
Les médecins traitants  recommandent à M. Chalupa, qui est très malade d’aller recevoir des soins appropriés à l’étranger.
Pierre Jacques Chalupa est né en RD Congo où il  affirme avoir reçu la déclaration acquisitive de la nationalité congolaise régulièrement enregistrée sous le numéro 120 volumes I folio 120, laquelle  lui avait permis d’obtenir les documents curieusement incriminés.
De par sa nationalité congolaise,  Pierre Jacques Chalupa avait été élu en 2006 député national et fut l’un des membres de l’Alliance pour la Majorité Présidentielle (AMP, actuelle MP), plate-forme politique soutenant le Président Joseph Kabila.
Les déboires du député honoraire avaient commencé lorsqu’il avait quitté la MP pour l’opposition politique en 2011, explique la VSV.
Sur un autre registre, il est fait état de la confiscation prolongée du passeport appartenant au professeur Matthieu Kalele Ka-Bila depuis 2012 par l’Agence Nationale de Renseignements (ANR) pour des raisons non encore élucidées.
Toutes les démarches et réclamations faites par le concerné et les ONGDH sont restées vaines à ce jour.
La VSV dénonce la violation du droit reconnu à toute personne de circuler librement à l’intérieur et en dehors de son pays et ce, conformément à la Constitution de la République Démocratique du Congo et aux instruments juridiques régionaux et internationaux  relatifs aux droits humains.
La VSV invite instamment les autorités congolaises à garantir le droit de circuler librement à M. Pierre Jacques Chalupa et au professeur Matthieu Kalele Ka-Bila en procédant, pour toutes fins utiles,  à la restitution de leurs passeports et autres documents confisqués.