Les candidats sillonnent des Eglises, organisent des activités sportives, adhèrent aux équipes de football, enterrent des morts… pour solliciter des voix
Formellement interdite par la Commission électorale nationale indépendante (CENI) et le Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication (CSAC), la campagne électorale précoce pour les prochaines provinciales poursuit son bonhomme de chemin dans la ville de Kinshasa.
Les candidats à cette course multiplient des contacts et visites auprès de leurs électeurs potentiels pour solliciter leurs votes. Ils se cachent derrière des rencontres de football ou de Nzango qu’ils organisent eux-mêmes pour rassembler plus de gens et faire passer leurs messages.
D’autres se bousculent pour enterrer des morts et s’attirer la sympathie de la population, assistent des familles confrontées aux problèmes de deuil, de maladie, de scolarité, et circulent dans des lieux de jouissance pour offrir la bière à leur base.
Ils se voilent derrière des banderoles qu’ils affichent dans des coins stratégiques pour permettre aux Kinois de sa circonscription électorale d’intérioriser déjà leurs noms, question de ne pas se perdre au moment opportun.
Même dans des lieux de funérailles, il est, aujourd’hui, fréquent de lire » xxx pleure yyy « . Le 30 juin dernier, plusieurs calicots, au quartier Matonge, dans la commune de Kalamu, étaient érigés pour signaler qu’un tel » souhaite une bonne fête de l’indépendance aux habitants de Kalamu « .
Les plus friqués atteignent des sociétés de télécommunication pour la propagation de leurs messages vocaux.
Beaucoup d’entre eux se lancent aussi dans des activités sportives dominicales, dont la marche de santé, pour chuter dans un débit de boisson en vue de manger, boire et présenter le candidat député, organisateur de l’activité sportive.
La plupart des fois, des T-shirts et képis portés par les marcheurs sont frappés à l’effigie de ce candidat. Ce, au vu et au su des autorités appelées à sanctionner sévèrement pareil comportement qui n’est rien d’autre que de la pure tricherie, car officiellement, la campagne électorale n’a pas encore commencé.
Si les uns parcourent des Eglises tous les dimanches, en complicité avec des pasteurs, pour qu’ils soient présentés aux fidèles à la fin du culte, cadeaux en mains, les autres adhèrent aux équipes de football pour devenir dirigeant ou membre d’honneur, contribuant ainsi financièrement à l’avancement de cette formation sportive, pour gagner la sympathie des supporters.
Tout cela est diffusé dans les médias pour atteindre un large public. Plusieurs aussi tiennent des rencontres sécrètes avec des noyaux qu’ils mettent en place pour débuter déjà le travail de sensibilisation en vue de quadriller des quartiers entiers et fidéliser les électeurs.
Ces équipes restreintes profitent aussi de l’opportunité pour rançonner sérieusement l’ » honorable » en montant des » stratégies » farfelues pour lui assurer la victoire, avant même que les élections ne commencent. Heureusement que le peuple congolais est devenu mature en matière électorale.
Des promesses démagogiques lui faites en 2006 et en 2011 sont encore fraiches dans sa mémoire. Il est, cette fois-ci, décidé à voter utile pour le développement de son pays, plutôt que donner sa voix à un jouisseur qui disparait pendant toute la législature pour ne réapparaître à la base que lors de la prochaine campagne et solliciter le vote.
Ceux qui se pointeront avec la bière, les T-shirts, les képis et des espèces sonnantes et trébuchantes seront surpris des résultats que la CENI affichera devant les bureaux de vote.
Les Congolais sont déterminés. Ils se disent prêts à les » soutenir » tous pour leur soutirer de l’argent, mais devant l’urne, ils voteront pour un candidat intègre, correct, loyal, honnête, irréprochable et soucieux du bien-être de la population.
Par Lefils Matady