Pré-dialogue Kabila – Tshisekedi : blocage en Espagne

Vendredi 11 septembre 2015 - 09:42

Clash en Espagne où Kabilistes et Tshisekedistes se sont retranchés pour un pré-dialogue. Selon des sources, les deux délégations ne se seraient pas accordées sur un point précis : celui de la participation de l’UDPS à un éventuel gouvernement issu du dialogue national. Alors que le suspense continue d’être entretenu par les cadres de l’UDPS restés au pays, en Espagne, les discussions ne se passent pas comme pré vu On est encore loin de l’enlisement confirment les mêmes sources. Néanmoins, les négociateurs de l‘UDPS se donnent un temps de répit, afin de prendre langue avec le lider maximo, en convalescence à Bruxelles. Le pré-dialogue est à l’arrêt !

La voie qui conduit vers le dia logue est parsemée d’imprévus quine rassurent pas toujours. Les divergences au sein de la classe politique congolaise étant de taille, il y a un impact préjudiciable certain sur l’ensemble du processus.

La glace de la méfiance est si épaisse qu’il serait hasardeux de prédire une voie de sortie au premier coup.

En effet, entre l’UDPS et le camp présidentiel, des arriérés existent. Et, non des moindres. Elles sont en nombre, tant dans l’imaginaire des uns que dans l’univers des autres. De tout temps, les deux camps se sont toujours regardés en chiens de faïence. En Italie, tout comme en Espagne où s’enchainent le pré-dialogue, la méfiance se lit de part et d’autre. Chacun garde une dent contre l’autre.

Depuis l’avènement de Joseph Kabila en 2001, les deux hommes – Tshisekedi et Kabila –ne sont jamais rencontrés officiellement. La débâcle électorale de 2011 a élargi le fossé qui existait entre le deux. La méfiance réciproque les a davantage éloignés, avec en prime leurs encerclements par les extrémistes qui les conseillent. Ce qui rend encore difficile les contacts qu’a amorcés le camp présidentiel pour impliquer Tshisekedi dans le prochain dialogue.

Aussi curieux que cela puisse paraître, un sursaut lés pousse présentement à ne voir que l’intérêt supérieur dé la nation, au bord de l’embrasement. Plutôt que de faire la comptabilité des contreperformances et des limites des uns et des autres, les deux hommes ont décidé d’emboucher à l’unisson le langage du dialogue. D’abord, Tshisekedi qui a renoncé à son combat de l’impérium, privilégiant l’option d’un dialogue. Il a franchi un pas de géant vers la réconciliation. Le chef de l’Etat, quelques mois plus tard, a tendu sa main au sphinx de Limete dans un discours public.
Des émissaires se sont alors mis à l’œuvre pour faciliter le rapprochement. La diplomatie secrète a pris le relais.

LE PAS DECISIF

Plutôt que de rester à mi-parcours, des efforts réels ont été déployés. Chacun a mis suffisamment d’eau dans son vin afin de faire avancer le processus. Sans se départir de leurs positions initiales respectives, les deux hommes ont franchi la première ligne celle d’accepter de se parler!

Dès lors, il devenait plus simple d’insuffler une dose officielle dans les contacts privés.
A Rome, les délégations dépêchées par Joseph Kabila et Etienne Tshisekedi ont parlé «d’homme à homme ». Ils se sont dit des vérités, vidant l’essentiel de la rancœur qui les habitent depuis près de 15 années. Un seul souci les avait habités : celui d’aboutir à un compromis pour un dialogue inclusif.

Depuis, les cadres de l’UDPS, considérés comme proches du président du parti et, particulièrement, du secrétaire national en charge des relations extérieures à l’UDPS, Félix Tshisekedi Tshilombo, prennent fait et cause ‘en faveur de la tenue du dialogue. Ils ont même promis de prendre en main, le cas échéant, leur responsabilité pour expliquer à la population le bien- fondé de cette démarche. La levée des boucliers de l’autre frange de l’Opposition n’émeut pas l’UDPS pour qui ce chant de cygnes ne les distrait guère sur la voie du dialogue national.

L’UDPS a certainement ‘évolué. Depuis un temps, le parti de la berne Rue multiplie des signes qui rassurent. Contrairement à ses habitudes, l’UDPS s’est abstenue de commenter les dernières décisions de la Cour constitutionnelle, se démarquant des partis de l’Opposition tels que l’Union pour la Nation congolaise (UNC) de Vital Kamerhe, le Mouvement de libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba, l’Ecidé de Martin Fayulu, … De l’autre côté du pouvoir, des signaux clairs d’ouverture sont envoyés en direction de l’UDPS afin de la mettre en confiance. On note par exemple l’ouverture des médias publics et ceux proches de la Majorité qui offrent gracieusement des temps d’antenne au parti historique d’opposition en RDC. « Autres temps, autres mœurs », dit-on. C’est aussi cela la Real politik.

LE ROUND DE L’Espagne

N’empêche que le rapprochement entre Kabila et Tshisekedi soulève encore bien des interrogations. Cette embellie sera-t-elle de courte durée après le blocage constaté en Espagne ? Dans la ville, ça fait débat.

Dans les deux camps, on minimise l’incident. Un cadre de l’UDPS en séjour en Europe rassure : « Le déblocage ne tardera pas ». Quant à Bruno Mavungu, le secrétaire général du parti de Limete, il continue denier la participation de son parti à des négociations en Espagne. Joint au téléphone, il a confié ce qui suit au Potentiel: «Le suis bel et bien à Kinshasa. Pourquoi voulez-vous que j ‘aille en Es-, pagne ? Pourquoi voulez-vous que l’UDPS soit en Espagne ? ». Serait-ce une diversion ?‘ On n’est pas bib de cette hypothèse.

Pendant ce temps, le séjour en Europe de Paul Kapika, Mikindo et autres ténors n’est pas démenti. Quant à Bruno Tshibala, le secrétaire général adjoint du parti et porte-parole, il a été aperçu à l’ambassade d’Espagne en RDC.

Des sources dignes de foi affirment qu’il serait sorti de la RDC avec un visa territorial délivré en bonne et due forme par la représentation diplomatique ibérique. Depuis, son téléphone mobile est hors du périmètre, contrairement à celui de son chef Brunon Mavungu qui est même aperçu à Kinshasa.

D’évidence, les pourparlers de l’Espagne se tiennent bel et bien. Le contraire est pour l’instant difficile à admettre. Le couac enregistré fait partie de l’évolution normale des tractations entre deux camps, un incident que l’on minimise dans les deux camps.

Ce qui n’obstrue guère la voie du dialogue dans lequel l’UDPS a totalement souscrit. A moins d’une surprise de dernière minute.

LE POTENTIEL

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