Environ deux mois après sa dernière intervention devant la Représentation nationale, le chef du gouvernement est attendu de nouveau par les députés mais en changeant d’exercice : jeudi 10 décembre, sauf imprévu, il va rendre compte de l’état d’exécution de son plan d’action dans le cadre de la question orale avec débats du député UNC Crispin Mbindule Mitono.
Crispin Mbindule Mitono, député élu du Nord-Kivu siégeant sur les bancs de l’UNC de Vital Kamerhe, semble porter des griefs contre le Premier ministre. Pourquoi il y a un décalage criant entre les performances du gouvernement et la réalité vécue par la population? Matata Ponyo est-il passé à côté de son propre programme d’action? Mbindule a, en tout cas, décidé de l’évaluer, le soumettre à l’épreuve du contrôle parlementaire, l’un des rares auxquels le PM va devoir être contraint depuis le début de la législature. Le député UNC a minutieusement préparé sa question orale avec débat. Il en a fait parvenir une copié au Bureau de l’Assemblée nationale depuis 26 septembre dernier. A son tour, le speaker Aubin Minaku a transmis l’invitation le 1er décembre au Premier ministre, prié de se présenter à la séance plénière du jeudi 10 décembre à 13 heures.
Le Premier ministre Matata Ponyo à l’Assemblée nationale dans le cadre du contrôle parlementaire. Date et lieu prévus: jeudi 10 décembre dans la salle des congrès du Palais du Peuple. Ça n’arrive pas tous les jours. Pratique normale, presque banale dans les pays de vieille démocratie, une question orale au Premier ministre constitue un événement en République Démocratique du Congo.
Mbindule Mitono, député élu du Nord-Kivu, cadre de l’UNC de Vital Kamerhe, est en voie de faire sensation. En adressant sa question à Matata Ponyo, il veut savoir, il veut comprendre et, à travers lui, le pays tout entier et sa Représentation nationale. Mbindule veut amener le chef du gouvernement à dresser son bilan devant les élus. Le Premier ministre a présenté en mai 2012 un programme d’actions, un programme quinquennal chiffré, évalué à USD 48 milliards axé sur six objectifs sociopolitiques et économiques. Il a notamment pris l’engagement de poursuivre et financer les réformes institutionnelles en vue de renforcer l’efficacité de 1’Etat; consolider la stabilité du cadre macroéconomique et accélérer la croissance et la création d’emplois; poursuivre la construction et la modernisation des infrastructures de base; améliorer le cadre de vie et les conditions sociales de la population; renforcer le capital humain et l’éducation à la citoyenneté; et renforcer la diplomatie et la coopération au développement.
Quatre ans après l’investiture et l’exécution du canevas du Premier ministre, Mbindule pose la question suivante à Matata: «Pouvez-vous éclairer les lanternes de la Représentation nationale sur le degré de réalisation à mi-chemin de six objectifs sociopolitiques et économiques suscité qu’incarne le programme d’action du gouvernement 2012-2016 ».
Sans nul doute, l’auteur de la question orale avec débat veut savoir où en est le Premier ministre dans l’exécution de son agenda. De l’avis de plusieurs députés, il y a un décalage criant entre les performances du gouvernement et la réalité vécue par la population. A qui la faute? A quoi la faute? Qui -ou qu’est ce qui- est à la base de ce paradoxe? Une partie de cette question a déjà été évoquée par le député PPRD Simon-Floribert Mbatshi Batshia lors du débat général sur la Loi de finances 2016. Mais loin de faire l’unanimité, les réponses de Matata semblent avoir laissé les députés sur leur soif. Rarissime, une question orale au Premier ministre est certainement une occasion propice pour les élus d’aligner des sous-questions susceptibles de s’avérer des coups de marteau sur la tête de Matata Ponyo.
Comme l’affaire des immondices qui a défrayé la chronique alors qu’un accord en bonne et due forme a été signé entre le ministère des Finances et le gouvernement provincial de Kinshasa afin de relayer l’Union européenne et pérenniser le PARAU. Tel le financement de nombreux projets extrabudgétaires au détriment des projets inscrits au budget de l’Etat. Comme, last but flot least, ce scandale révélé par le site de Zoom Eco, accusant le Premier ministre et son cabinet d’échapper à la bancarisation -que la rédaction d’AfricaNews propose à ses lecteurs. Il y a aussi le dossier de la liquidation de Lignes aériennes congolaises –LAC- et la menace qui plane sur son patrimoine. Sans compter la gestion des inondations qui endeuillent ces derniers jours des pans entiers du pays et les mauvaises performances dans la mobilisation des recettes.
Par AKM