Plainte présidentielle : les contradictions entretiennent la confusion

Mercredi 1 juillet 2015 - 10:30

Tant que le conseiller spécial du chef de l’Etat Luzolo Bambi et le Procureur général de la République ne se seraient pas décidés de communiquer « normalement » sur la plainte présidentielle, la confusion sera toujours à son comble. Chaque jour qui passe, il s’ajoute un brin de confusion sur fonds de manipulation patente. D’abord, les gouverneurs, puis pour faire crédible, un document rafistolé et explosif circule surie Net avec des accusations précises contre des personnalités identifiables par leurs qualités respectives. Toutes proches du Premier ministre Matata. Confusion totale!

Le devoir de redévabilité est-il inscrit dans les gènes des dirigeants congolais ? Il semble que cette donne n’est pas une priorité d’autant que, pour eux, ils sont souverains par eux-mêmes et le peuple ne sert que de marchepieds. Ce qui justifie les contradictions qui se succèdent au sommet de l’Etat.

D’abord, le conseiller spécial Luzolo Bambi lui-même qui fait une apparition publique devant l’office du PGR pour confirmer !e dépôt d’une plainte présidentielle.

Déjà, il est fait état d’une cinquantaine de personnalités concernées. Une première fuite dans les médias indique que quatre gouverneurs de province et l’ancien directeur de cabinet du chef de l’Etat sont cités comme concernés par la plainte. Toutes les réactions ont corroboré ces accusations, notamment celles de certaines personnes personnalités incriminées étaient au courant de son existence plus de trois semaines avant son dépôt.

Le doyen des gouverneurs est venu donner la première réaction d’un officiel congolais, balayant d’un revers de la main toutes ces allégations classées dans la rubrique de e rumeurs ». Comme pour jeter davantage l’opinion dans le flou, le ministère des Médias a publié un communiqué en anglais, ce qui sort de l’ordinaire, confirmant l’existence d’une douzaine de plaintes déposées par le chef de l’Etat par le canal de son conseiller spécial Luzolo Bambi. Toutefois, le ministère des Médias s’interdit de citer des noms se bornant à indiquer que la plainte concerne « des gouvernants actuels et anciens ». Sans plus.

LES PROCHES DE MATATA VISÉS.

Dans les documents qui circulent sur Internet semble se concentrer sur les collaborateurs du Premier ministre Matata Ponyo. Le ministre actuel des Transports, l’ancien ministre délégué auprès du Premier ministre, le comité du BCECO, la direction de la DGI... sont des personnalités réputées proches du Premier ministre Matata. Cette nouvelle fuite viserait-elle à discréditer le chef de gouvernement ou encore le déstabiliser dans son quotidien espérant ainsi infléchir sa rigueur dans la gestion de la chose publique? Nul ne le sait. La Direction générale des impôts (DGI), la Direction générale des recettes administratives, domaniales, judiciaires et de participations (DGRAD), des hauts fonctionnaires des ministères des Finances et du Budget ont travaillé depuis 2010 sous la férule de Matata Ponyo, d’abord comme ministre des Finances, puis comme Premier ministre.

Selon le porte-parole du gouvernement Lambert Mende, cité per RFI, rien ne permettait de confirmer l’authenticité de ce document pour le moment.
Il est tout aussi curieux de constater que la date de référence remonte à 2010, coïncidant avec l’avènement de Matata au ministère des Finances. Alors que la sphère de la megestion est plus étendue particulièrement dans les mines où la corruption est avérée. Les ventes dans l’opacité d’actions de la Gecamines ont même conduit à la fin brutale du programme économique du gouvernement II (PEG 2), sans qu’une plainte ne soit élaborée. Serait-on en face des plaintes orientées? Un pas que nombre d’observateurs franchissent. Tout en soutenant le principe de poursuite des prédateurs, un minimum d’équité est requis dans toute la démarche. Luzolo Bambi mériterait davantage de soutien s’il obtient l’adhésion de tous à travers le caractère impersonnel des poursuites.

METTRE UN TERME À LA MANIPULATION

L’instruction est certes secrète en droit congolais, mais face à l’exigence moderne de communication, le Procureur général de la République doit apaiser les esprits. Des rumeurs en rumeurs, des reporters ont passé des heures en attente d’une éventuelle déclaration du PGR donnée pour imminente pendant plus de deux jours. Une sortie publique de Flory Kabange Numbi aura le mérite de tordre le cou à la rumeur et de fixer l’opinion qui soupçonne déjà des manipulations sur les dossiers.

D’ailleurs, certains cercles sont formels « des arbitrages » se font déjà ! Vivement, il faut éviter l’opacité.

Par LP

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