BRAZZAVILLE (Reuters) - Les forces de sécurité congolaises ont eu recours mercredi matin à des tirs de sommation et à des gaz lacrymogènes à Brazzaville pour disperser les centaines de manifestants qui défilaient pour protester contre l'organisation dimanche d'un référendum qui vise, selon eux, à maintenir indûment au pouvoir le président Denis Sassou Nguesso.
La veille, quatre personnes ont été tuées lors d'affrontements dans la capitale congolaise et à Pointe-Noire entre policiers et manifestants qui réclamaient le départ de Denis Sassou Nguesso.
Le ministre de l'Intérieur, Raymond Zéphyrin Mboulou, a condamné à la radio les manifestations de mardi et a mis en garde les responsables de ces rassemblements. Seize personnes sont interrogées sur ces violences, au cours desquelles trois membres des forces de sécurité ont été grièvement blessés et les maisons de cinq responsables politiques incendiées, a-t-il dit.
Mercredi matin, la foule s'est dirigée vers un commissariat de Makélékélé, dans le sud de Brazzaville, scandant des slogans hostiles au gouvernement. Des barricades ont été érigées et des pneus brûlés alors que des renforts militaires étaient dépêchés sur place pour soutenir la police.
Des habitants ont fui le quartier, emportant avec eux leurs effets personnels dans un nuage de gaz lacrymogène, a constaté un journaliste de Reuters.
A la mi-journée, la plupart des manifestants s'étaient retirés des rues. La situation était normale dans la capitale, même si certains commerces et bureaux sont restés fermés.
A 71 ans, Denis Sassou Nguesso, qui depuis 1979 est resté tout le temps au pouvoir à l'exception de cinq années, ne peut, en vertu de la Constitution, briguer un nouveau mandat.
HOLLANDE POUR LE RESPECT DU RÉFÉRENDUM
Le référendum de dimanche doit porter sur des amendements constitutionnels qui pourraient englober un relèvement de l'âge maximum des candidats à la présidentielle et la suppression de la limitation à deux mandats.
L'opposition a rassemblé des milliers de manifestants en septembre dernier pour protester contre ces projets mais le gouvernement a également mobilisé des milliers de partisans le 11 octobre dernier dans les rues de la capitale.
"Nous utilisons tous les moyens démocratiques afin que Sassou Nguesso ne puisse pas mener à bien son projet", a déclaré Guy Romain Kinfoussia, un responsable de l'alliance d'opposition FROCAD, dans une interview. "Nous redescendrons dans les rues."
A Paris, le président François Hollande a demandé mercredi de "respecter" les résultats du référendum controversé de dimanche prochain, tout en appelant à l'apaisement.
"Le président Sassou peut consulter son peuple, ça fait partie de son droit et le peuple doit répondre", a déclaré François Hollande lors d'une conférence de presse à l'Elysée aux côtés de son homologue malien, Ibrahim Boubacar Keïta.
"Ensuite, une fois que le peuple aura été consulté (...), il faut toujours veiller à rassembler, à respecter et à apaiser", a-t-il ajouté.
Il y a moins d'un an, lors du sommet de la francophonie à Dakar, François Hollande avait salué les transitions alors en cours en Tunisie et au Burkina Faso dans un discours vu comme une mise en garde aux dirigeants tentés de se maintenir au pouvoir "en violant l'ordre constitutionnel".