Museveni se contredit en exigeant l’extradition de Jamil Mukulu

Vendredi 8 mai 2015 - 07:46

* Est-ce vraiment les ADF de ce chef de guerre qui attaquent avec professionnalisme à l’arme lourde la Monusco et les Fardc ou serait-ce des infiltrés des UPDF ?

Le chef militaire et spirituel des islamistes ougandais des ADF/NALU, le gourou Jamil Mukulu est aux arrêts en Tanzanie depuis la semaine dernière. Hier, Museveni Kaguta le Président ougandais, a exigé son extradition pure et simple, le qualifiant de criminel de guerre. Ce qui est vrai et légitime.

Mais ce faisant, le même Museveni est en contradiction avec ses principes qu’il avait défendus avec acharnement pour s’opposer à la demande d’extradition de l’ancien chef militaire du M23 Sultani Makenga, réclamé par la RDC. En termes de crimes de guerre et crimes contre l’humanité, Makenga est logé à la même enseigne que Jamil Mukulu. C’est bonnet blanc blanc bonnet.
Or, Museveni avait rejeté toute idée de son extradition en faisant valoir le principe de droit de la présomption d’innocence. Il avait argumenté que Sultani Makenga n’étant pas encore condamné par une juridiction, il bénéficie encore de la présomption d’innocence.
Museveni ne peut donc le livrer, sauf s’il est l’objet d’une condamnation. Un argumentaire vide, sans aucun fondement. Car parallèlement, on pouvait lui opposer le cas de Joseph Koni de la LRA, recherché même par l’armée américaine qui a déployé 200 hommes des Forces spéciales, de GI, dans la région pour le traquer.

PRESOMPTION D’INNOCENCE

Sur quelle base alors va-t-on l’arrêter et le livrer à l’Ouganda alors qu’il ne s’agit pas d’un condamné, et donc qu’il bénéficie encore du principe de présomption d’innocence ? Aujourd’hui, Museveni est rattrapé dans sa bêtise de refuser d’extrader en RDC Sultani Makenga.
Jamil Mukulu des ADF, dont il réclame déjà l’extradition, est dans le même statut juridique que Sultani Makenga : celui de ne pas être un condamné. Il doit donc bénéficier du principe de la présomption d’innocence qu’avait argué l’Ouganda pour protéger l’ancien rebelle du M23 et ne pas le livrer à Kinshasa.
Museveni est pris dans son propre piège. Comme il exige l’extradition du chef des ADF, Jamil Mukulu, il est donc logique que sur la même base, qu’il extrade lui aussi le chef militaire de l’ex-M23 Makenga Sultani, accusé de crimes internationaux commis dans le Kivu en 2012. On voit bien que cet argument de Museveni était spécieux.
Mais on sait bien qu’il ne peut pas livrer l’ancien chef militaire du M23. Et pour cause : l’Ouganda avec le Rwanda sont des soutiens avérés de l’ancien M23. Ni l’un ni l’autre ne peuvent aucunement extrader leurs ouailles, eux qui les ont armés pour installer le chaos dans le Kivu.

EXTRADER SANS ATERMOIEMENTS SULTANI MAKENGA
Ils y avaient même installé leur « Etat » qui allait de Rutshuru à Bunangana où rien que pour la douane, il percevait 2 millions Usd de taxes rien que sur cet axe. On comprend que Museveni ne peut pas bouffer sa progéniture. D’où tous ces faux-fuyants ridicules comme par exemple le principe de la présomption d’innocence. La même que cette fois-ci il ne veut pas faire bénéficier à Jamil Mukulu.
Ce qui devient un principe à double vitesse, attribuée selon le visage de la personne. En vertu de quoi le chef militaire du M23 Sultani Makenga soupçonné des mêmes faits bénéficierait-il de ce principe et non Jamil Mukulu, le gourou des ADF ? L’Ouganda est appelé à faire droit à la RDC en extradant Makenga sans atermoiements funestes.
Par ailleurs, une question se pose avec la dernière attaque de la Monusco par les soi-disant ADF en tenue des Fardc. On signale aussi dans la même zone d’autres attaques similaires contre les positions des Fardc. Est-ce vraiment les ADF de Jamil Mukulu ?
Ceux-ci auraient-ils changé leur modus operandi ? Ils ont désormais des armes très sophistiquées qui ont failli atteindre l’hélico d’assaut qui transportait le commandant en chef de la Monusco le week-end dernier. Là, ce sont d’autres ADF et non ceux qu’ion connaît et qui opèrent avec des machettes et des armes légères.

LEUR CAPACITE DE NUISANCE DEVRAIT DIMINUER
Tout d’un coup, ils sont dans du lourd qu’ils utilisent avec professionnalisme contre deux grandes armées qui sont la Monusco et les Fardc. Et ils font mouche. On aurait pu s’attendre à un flottement de leur part sur le plan opérationnel, dans la mesure où leur commandement est décapité.
Leur chef suprême Jamil Mukulu arrêté en Tanzanie, tandis que leur commandant des opérations venait d’être tué par la dernière offensive des Fardc dans leur forteresse du Ruwenzori, à 100 km de Beni. Paradoxe ! C’est au moment où leur capacité de nuisance devrait en toute logique diminuer par ces pertes significatives dans la chaine de commandement, que les ADF deviennent encore plus forts pour s’attaquer aux Casques bleus de la Monusco. C’est bien bizarre !.
On est bien en droit de s’interroger si ce sont vraiment les rebelles des ADF qui opèrent ces jours-ci. D’aucuns soupçonnent UPDF, l’armée de Museveni Kaguta d’être à la base de la manœuvre. C’est la seule réponse plausible. Il y a deux semaines, 200 hommes lourdement armés de leurs forces spéciales ont traversé la frontière et occupé un hameau de Ruwenzori, là où justement se trouvent les ADF de Jamil Mukulu. Ce qui laisse dire que ceux qu’on croit être les ADF sont plutôt les UPDF, l’armée ougandaise, très active dans la région depuis octobre 1996. Tout devient clair. Bien clair comme l’eau de roche. KANDOLO M.

 

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