*Selon des informations glanées auprès d’un président d’un Groupe parlementaire de la Majorité présidentielle, cette famille politique proche du chef de l’Etat est soudée et prête à s’assumer. Ce n’est pas cette interpellation pour une question dont Evariste Boshab, Vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur a eu à donner des explications claires aux députés et sénateurs, qui va ébranler la Majorité présidentielle
*C’est d’ailleurs une interpellation incertaine, puisque les éléments de réponses fournies aux deux chambres parlementaires affirment qu’il n’y a pas eu enterrement collectif. Comme pour dire que ceux qui prétendent aimer le Congo plus que les Congolais eux-mêmes doivent attendre les résultats de l’enquête initiée par le Parquet général de la République
Pour une interpellation signée par 55 députés de l’opposition, le Vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur et sécurité nationale va devoir, une fois de plus, donner la lumière sur l’enterrement collectif de 421 Congolais indigents, mort-nés, non identifiés, macérés et abandonnés. Evariste Boshab est l’un des membres du Gouvernement central qui a battu le record de sa présence au Palais du peuple, non pas à cause de la mégestion de son ministère, mais plutôt de la taille, de l’importance de celui-ci en cette période préélectorale.
Pour la même question de l’enterrement collectif des compatriotes congolais, le SG du parti présidentiel a déjà fourni des explications à la Chambre basse du Parlement, puis à la Chambre haute. Ceux qui cherchent les poux sur sa calvitie n’ont pas encore désarmé dans leur recherche du sensationnel. Mais le professeur Boshab saura tirer l’épingle du jeu.
Une motion qui n’a pas de chance de passer
Puisque l’interpellation vient de l’opposition, minoritaire au sein d’une chambre législative où la majorité parlementaire exerce son influence, sur la même préoccupation lorsqu’on sait que le même Vice-Premier ministre, elle a peu de chances de passer ni d’aboutir. Après sa visite à la morgue centrale de l’Hôpital général de Référence de Kinshasa, ex-Maman Yemo, en date du lundi 13 avril 2015, le Vice-premier ministre avait annoncé, ex cathedra, devant les élus du peuple qu’un autre enterrement massif devrait avoir lieu dans les jours à venir. Ce, après avoir découvert que la même morgue centrale regorgeait encore 385 corps. D’ailleurs, à l’instant même où le Directeur de la même morgue présentait l’état des lieux de sa structure, deux corps en provenance des Cliniques universitaires étaient acheminés à la morgue centrale. Selon les premières informations recueillies, ces corps étaient abandonnés.
Ces informations avaient été explicitées, une fois de plus, par le ministre de la Justice, Garde de sceaux et Droits Humains. Alexis Thambwe Mwamba qui intervenait après son collègue, avait précisé que la notion de la fosse commune présage un massacre, une exécution sommaire. Or, en RD Congo, il n’y a pas eu massacre ni exécution sommaire de 421 corps contenus dans la tombe commune. Et d’affirmer qu’en dehors de Maluku, il existe d’autres tombes communes dans d’autres communes, puisque dans le passé, plus précisément au mois de juillet 2014, il y a eu un autre enterrement collectif. Pour lui, s’il y avait un enterrement dans la nuit, c’est puisque dans le passé, il y avait des agressions sur les agents fossoyeurs bien que la réglementation avait été respectée par l’Hôtel de ville, avec un rapport bien établi.
Contrairement aux allégations établies et selon lesquelles il y aurait des mouches sur les lieux mortuaires et que les corps dégageaient une odeur pestilente, le ministre de la Justice avait réfuté ces allégations pour dire que les corps avaient été couverts dans les linceuls comme de coutume.
En outre, s’agissant de la capacité de la morgue centrale qui n’a que 310 places, garder plus de 400 corps équivaudrait à exposer les patients à une autre type de maladie. Et ce, d’autant plus que la réglementation indique que la morgue ne garde les corps de défunts que pendant 30 jours. Ainsi, dépasser ce délai, l’infortuné devient un cas social auquel l’Hôtel de ville doit s’y employer.
Ne pas mettre la charrue devant le bœuf
Depuis que le Bureau conjoint des droits de l’homme des Nations Unies avait soulevé cette problématique, les ministres ayant la Sécurité nationale, la Défense et la Justice, puis d’autres services y afférents ont fourni des explications claires, puisque ne se reprochant de rien. Et ce, contrairement à ce qu’affirme une certaine classe d’hommes politiques qu’il s’agissait des victimes des événements du 19 au 21 janvier 2015. Les mêmes propos avaient été enrichis lorsque le Président du Sénat disait après l’exposé du Vice-Premier ministre en charge d’l’intérieur au sein de sa chambre législative : « un exposé fouillé et documenté suite à la sépulture des être humains, ni vous (sénateurs), ni moi (Kengo) ne disposions d’éléments pour poser de question. La législation en cette matière est lacunaire. Il faut proposer un projet pour améliorer le droit positif congolais », avait-il dit.
Au regard de tous ces éclaircissements, le Gouvernement de la République a affirmé qu’il n’avait pas une conscience chargée, parce que prêt à exhumer les corps si le Procureur Général de la République l’exige. Pourquoi alors ne pas attendre les résultats de l’enquête initiée par le Parquet général, que de se précipiter dans le sensationnel et le show parlementaire auquel certains députés ont pris goût pour être vu dans leurs circonscriptions sous prétexte de parler pour le bien du peuple ? Cette manière d’agir n’avance aucunement la démocratie. Seuls les éléments d’enquête peuvent déterminer si jamais il y a eu massacre ou carnage, et que les corps enterrés collectivement sont ceux des victimes de l’opposition. En réalité, l’opposition se trouve coincée par l’amorce du processus électoral. N’étant pas certaine d’avoir les sièges à la base (locale, municipale et urbaine), l’opposition trouve mieux de distraire l’opinion tant nationale qu’internationale sous prétexte de se préoccuper du bien-être de la population qu’elle ne gère pas. Au lieu de proposer un travail législatif susceptible d’améliorer la réglementation en ce domaine, l’opposition se fourvoie dans la distraction pure et simple, dont l’objectif est de créer le chaos pour se retrouver à la table de négociation en vue de partager le pouvoir.
En tout état de cause, organiser les élections à la base, c’est condamner plusieurs partis politiques sans ancrage réel, puisque les signataires de ladite interpellation ne sont pas sûres d’être réélus. Telle est la prémonition de l’opposition qui ne vise que la distraction. Du moins, il faut s’attendre à une réplique mettant en cause ladite interpellation par une motion incidentielle d’un élu de la Majorité qui va tout chambouler.
(Pius Romain Rolland)